Aux États-Unis, un climatosceptique à la tête de la Chambre des représentants

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, prête serment au Capitole des États-Unis à Washington, le 25 octobre 2023. - © AFP / Tom Brenner
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, prête serment au Capitole des États-Unis à Washington, le 25 octobre 2023. - © AFP / Tom Brenner
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Fervent soutien de Donald Trump, Mike Johnson a été élu le 25 octobre président de la Chambre des représentants. Proche de l’industrie pétrolière, il a nié par le passé le changement climatique.
Atlanta (États-Unis), correspondance
Après trois semaines de débats tumultueux et de rebondissements, la Chambre des représentants des États-Unis a enfin élu son nouveau chef. Les différentes tendances du Parti républicain, qui dispose de la majorité, ont réussi à se mettre d’accord le 25 octobre en élisant Mike Johnson comme « speaker », l’équivalent du président de l’Assemblée nationale en France. Il jouera un rôle clé entre la Maison-Blanche et le Sénat : il ordonnera le calendrier des débats législatifs, les élus à la Chambre participant en effet à la création et au vote de lois avec le Sénat. Son parcours, pourtant, interpelle plusieurs associations dans le pays.
Le représentant de Louisiane se revendique comme chrétien évangélique. Ses prises de position ces dernières années le placent dans la frange conservatrice du parti : il est contre le droit à l’avortement ou les droits des personnes LGBT+. L’élu a aussi remis en question la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020.
Le député a aussi eu des prises de position plus qu’ambivalentes sur le réchauffement climatique. En 2017, il affirmait : « Le climat est en train de changer, mais la question est : est-ce que le climat change avec les cycles naturels de l’atmosphère au cours de l’histoire ? Ou est-ce que c’est parce qu’on conduit des SUV ? Je ne crois pas à la dernière, je ne crois pas que ce soit la principale cause. »
Plus de 330 000 dollars des pétroliers
Mike Johnson a également des liens étroits avec de grands groupes pétroliers et gaziers. Pour ses campagnes électorales, ses principaux donateurs étaient des entreprises d’énergie fossile. Depuis 2015, il a reçu plus de 330 000 dollars (environ 313 000 euros) de la part de groupes pétroliers et gaziers, selon les données d’OpenSecrets, un organisme qui recense les budgets des campagnes électorales.
« Il est peut-être un peu plus en faveur des entreprises gazières que le Parti républicain, mais il reste tout de même assez représentatif de la position du parti sur ces questions, estime le professeur Keith B. Hall, directeur du Centre sur le droit de l’énergie, à l’Université d’État de Louisiane. Il représente une partie de la Louisiane qui dispose de beaucoup de ces industries. »
Depuis sa première élection au Congrès en 2016, il a pris part à différents votes contre d’importantes lois visant à protéger l’environnement. L’ONG League of Conservation Voters publie annuellement une note en fonction des choix des députés sur les questions liées au climat et à l’environnement. Mike Johnson a eu 0 % en 2022 et 2 % sur l’ensemble de ses mandats. L’organisme ne recense aucun vote en faveur de l’écologie en 2022, et dix-neuf votes contre.
« Son boulot est de protéger les industries »
L’élu vient pourtant d’un des États les plus pollués du pays, en proie à la montée des eaux. « Pour le bien de notre État, il devrait revoir ses positions sur le réchauffement climatique et la science, estime Kathy Wascom, membre de la Lean, une association écologiste en Louisiane. C’est un vrai problème de ne pas comprendre la science, ni comment les émissions de gaz à effet de serre contribuent à la montée des eaux. »
La Louisiane est victime de pollution de l’air et de rejets de produits chimiques, comme le méthane, à cause de l’activité gazière. « Son boulot est de protéger les industries et pas les habitants, l’eau ou l’air. Il est plus intéressé que les entreprises fassent ce qu’elles veulent », reproche le lieutenant-général Russel L. Honoré, aujourd’hui à la retraite, qui a lancé Greenarmy, une association de protection de l’environnement en Louisiane.
Pour l’ancien militaire, son élection ne présage rien de bon. Il estime que le nouveau président va « essayer d’affaiblir les régulations déjà existantes, en essayant de baisser les subventions octroyées à l’Agence de protection de l’environnement ou pour les énergies renouvelables au sein du département consacré à l’énergie et en promouvant plus d’avantages fiscaux pour les entreprises pétrolières et gazières ».