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ChroniqueCOP27

Derrière la COP27, des histoires humaines

Manifestation à la COP27, le 12 novembre 2022.

En plus d’être un moment de négociations entre les pays, la COP27 permet aux militants du monde entier de se retrouver et d’échanger, comme le raconte notre chroniqueuse Aurore Mathieu.

Aurore Mathieu est responsable politiques internationales au sein du Réseau Action Climat (RAC), qui fédère les associations impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique. Elle nous fait vivre « sa » COP27, en direct de Charm el-Cheikh, en Égypte.



La COP est censée se terminer vendredi 18 novembre. Pour nous, ce fut un moment de partage avec des militants du monde entier. Tous les jours, la même routine : réveil, (mauvais) petit déjeuner en bas de l’hôtel, puis quarante minutes de bus. J’en profite pour lire l’« ECO » : une lettre d’information quotidienne, écrite par la société civile internationale, qui résume — avec un ton assez ironique — la position de toutes les associations du Climate Action Network (CAN) International, sur la manière dont les négociations climatiques évoluent.

C’est un travail de fou : les militants du monde entier écrivent des articles, qui doivent être validés par un « conseil de rédaction », pour être sûr de refléter une position commune et unie. La lettre est ensuite diffusée dans toute la COP. On sait qu’elle est très lue par les négociateurs. C’est l’aboutissement d’un boulot qu’on fait toute l’année — grâce à nos différents groupes internationaux de travail —, qui fait en sorte que nous sommes déjà en ordre de bataille, même avant la COP.

Ma journée se poursuit ensuite avec une réunion de coordination du CAN International : on débriefe de ce qui s’est passé la veille, quels sont les points de tension, nos priorités. On en profite pour élire le « Fossil of the day », une cérémonie quotidienne parodique qui célèbre les pays qui bloquent le plus les négociations. Puis, je vais en réunion de coordination du CAN Europe : là, rebelote, on décide des négociations à suivre. Enfin, je retrouve les membres du Réseau Action Climat France pour leur faire un compte rendu des deux précédentes réunions. On mange un sandwich sur le pouce et on repart. Le reste de la journée se partage entre suivi de négociations, réponses aux médias, organisations de réunions bilatérales avec les représentants des pays.

« Un moment pour se rendre compte que nous ne sommes pas seuls »

Hier s’est déroulé le « People’s plenary ». C’était un peu notre « contre-COP » : les groupes de la société civile venus du monde entier, ont défilé à la tribune pour s’exprimer. Le groupe « femmes et genre », le groupe « peuples autochtones », le groupe « syndicats de travailleurs »… L’occasion pour les représentants de la société civile du Sud d’exprimer leurs besoins de financements, de mesures d’adaptation, de pertes et dommages, etc.

À la COP, on croise des gens qui sont comme des « monuments ». Présents depuis plus de vingt ans, ils ont une expertise reconnue. Il y a aussi des gens qui sont plutôt des « influenceurs », comme Vanessa Nakate, une jeune activiste ougandaise très connue. Quand tu les croises, tu es un peu excitée forcément. Surtout, ça fait du bien de retrouver des collègues étrangers, avec qui l’on travaille toute l’année, mais qu’on ne voit d’habitude que sur Zoom.

La COP est aussi un moment important pour nous, société civile, afin de se rendre compte que notre voix porte, que nous ne sommes pas seuls. Ça permet de partager, d’échanger nos expériences, de voir comment cela se passe dans des pays différents, avec des gouvernements différents. Quelles sont les campagnes qui marchent ? Celles qui ne fonctionnent pas ?

On se rend compte aussi à quel point, en tant que Français, on est privilégiés. Quand on discute avec des collègues de pays comme l’Ouganda, les Philippines ou le Costa Rica, on réalise à quel point leur vie est menacée, et comment ils se battent. C’est important d’avoir cette perspective, car ce sont vraiment ces histoires humaines qui sont derrière les COP, et la raison pour laquelle on se bat.

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