La COP27 s’achève, mais le combat continue

Manifestation le 11 novembre en Égypte pour demander une juste compensations des pertes et dommages causés par le changement climatique - © COP27 Coalition via Twitter
Manifestation le 11 novembre en Égypte pour demander une juste compensations des pertes et dommages causés par le changement climatique - © COP27 Coalition via Twitter
Durée de lecture : 4 minutes
COP27 Climat : de COP en COPÀ la clôture de la COP27, notre chroniqueuse se félicite de la création d’un fonds pour les pertes et dommages causés par le changement climatique, même si, pour le voir fonctionnel, le combat ne fait que commencer.
Aurore Mathieu est responsable politiques internationales au sein du Réseau Action Climat (RAC), qui fédère les associations impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique. Elle nous fait vivre « sa » COP27, en direct de Charm el-Cheikh, en Égypte.
Ça y est, la COP27 est terminée. Les négociations ont finalement duré jusque dans la nuit de samedi à dimanche. Nous, militants de la société civile, nous sommes restés dans le centre de conférences toute la nuit pour suivre jusqu’au bout les dernières réunions. Nous n’avons pas du tout dormi.
Dans ces moments-là, l’ambiance est toujours assez spéciale : on discute de choses importantes, donc on ne peut pas se permettre de bâcler les décisions qui sont prises. Mais d’un autre côté, tout le monde est fatigué, on n’a plus le temps, donc il faut accélérer. Les délégations commencent à partir, la tension monte, il y a vraiment une pression à trouver un accord… Ce qui a fini par arriver dimanche matin.
Aujourd’hui, je suis épuisée mentalement et physiquement. Mais du point de vue de la société civile, nous ressentons aussi un énorme sentiment de victoire, concernant la création d’un fonds des pertes et dommages [1].
Un énorme pas pour la justice climatique
Cela faisait 30 ans que les petits États insulaires le réclamaient, et 30 ans que les pays développés refusaient de reconnaître qu’il s’agissait d’un vrai sujet. On a vraiment vu l’évolution de leur position depuis la COP26, l’année dernière à Glasgow. Cette année, les pays développés ont enfin accepté la création de ce fonds.
Bien sûr, ça n’a pas été simple : il y a eu plein d’allers-retours, de rumeurs, ils ont essayé de poser des critères de sélection des pays qui en bénéficieraient (et d’autres qui n’en bénéficieraient pas). Finalement, on a trouvé un accord avec des conditions acceptables, alors qu’on ne s’y attendait pas du tout. C’est un énorme pas pour la justice climatique.
Des engagements financiers à faire respecter
On sait que le combat ne fait que commencer : maintenant, il va falloir décider des modalités de ce fond. Et surtout, il va falloir le financer. Quand on a vu la difficulté des pays développés à respecter leur engagement de donner 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays les plus pauvres à faire face aux impacts des changements climatiques, on s’attend à ce que le fonds subisse aussi des difficultés de financement.
Il y a plein d’hypothèses sur d’où pourrait venir l’argent : des fonds publics, des taxes sur les énergies fossiles, etc. Donc maintenant, au travail ! Il faut s’assurer que les communautés les plus vulnérables, qui ne sont pas responsables du changement climatique, puissent être aidées pour se reconstruire quand une catastrophe les touche.
C’est une reconnaissance politique d’un problème réel, et pour moi c’est une victoire de la société civile. C’est l’aboutissement d’années de plaidoyer, de rendez-vous, de pression médiatique, de sensibilisation. Ça prouve qu’on a une vraie voix au chapitre, et que les priorités qu’on défend sont parfois reflétées.
Le combat continue
Le fonds pertes et dommages est une forme de réponse aux impacts du changement climatique. Mais c’est aussi important qu’on s’adresse à ses causes : les émissions de gaz à effet de serre. Or, la plupart des pays ont refusé d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans le texte de l’accord. C’est un sujet qui braque énormément et le vrai point noir de cette COP, qui nous laisse un goût d’inachevé.
Donc le combat continue. L’année prochaine, la COP28 se tiendra à Dubaï. On sait qu’elle ne sera pas portée sur la sortie des énergies fossiles — au contraire. Beaucoup de fausses solutions vont sûrement être prônées. Il va donc falloir continuer à faire monter ce sujet, et c’est ce que nous ferons d’ici l’année prochaine.