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Disparition d’Eduardo Febbro, journaliste et ami de Reporterre

Eduardo Febbro, compagnon de la première heure de Reporterre, nous a quitté le 6 avril. Pour le quotidien de l’écologie, il avait tourné en vidéo les entretiens avec Jean-Luc Mélenchon, Gilles-Eric Séralini, Stéphane Hessel, Chantal Mouffe, et Delphine Batho. Mais il avait surtout été un reporter international impressionnant en même temps qu’un découvreur passionné des intellectuels et remueurs d’idées.

Eduardo est né en mai 1956 en Argentine, et a connu une enfance difficile à Buenos Aires. Il a travaillé dès ses 17 ans tout en poursuivant ses études, et a quitté l’Argentine en avril 1977, peu après l’installation de la dictature militaire. On le retrouve à Minorque, dans les Baléares, où il a vécu un an et demi, créant la revue Nuroh, de brève existence, avant de partir en Suisse puis en Belgique et de s’installer à Paris en 1979. Il y découvrit Michel Foucault ou André Glucksman dans le tourbillon intellectuel de l’Université de Vincennes, qui vivait ses derniers feux, puis les cours de l’École des hautes études en sciences sociales.

Mais il plongea dans le journalisme quand Radio France Internationale (RFI) créa son service Amérique latine en 1981 sous la direction de Ramon Chao. Il intégra RFI l’année suivante, d’abord comme pigiste puis comme rédacteur, officiant dans l’actualité sportive jusqu’à ce que dans les années 1990, il commence à arpenter les terrains de conflit, en Colombie d’abord, puis dans les guerres de Yougoslavie, au Nicaragua, en Bolivie, etc., tout en couvrant la politique internationale, interviewant par exemple Yasser Arafat ou Bill Clinton. « Il avait un don pour le reportage et pour mener de belles interviews », dit son ancien collègue Alejandro Valente.

Eduardo Febbro couvrant la guerre d’Irak en 2003.

Parallèlement, Febbro était correspondant pour la radio colombienne Caracol et pour le grand quotidien argentin Pagina 12. En 2012, il quittait RFI pour se lancer dans le documentaire vidéo. C’est alors qu’il a croisé la route de Reporterre, et réalisé par ailleurs de grands documentaires, comme cette enquête sur les finances du Vatican, IOR, la banque de Dieu, en 2014, à voir ici, mais aussi des films autour de Thomas Piketty, du théologien écologiste Leonardo Boff, ou sur l’insurrection des Gilets jaunes (voir sa filmographie ici).

À partir de 2020, il s’est plongé dans l’univers dangereux des narcos au Mexique. Son dernier film, consacré aux avocats qui travaillent pour le compte des trafiquants de drogue, Si tu tues, appelle-moi, devrait être diffusé cet automne.

On lira ici, en espagnol, un portrait très juste d’Eduardo par un de ses amis.

Eduardo était un extraordinaire journaliste, toujours porté par l’enthousiasme, accro à l’actualité et aux idées nouvelles, un ami toujours lucide sur les vilenies du monde. C’est un honneur pour Reporterre de l’avoir compté parmi son équipe.

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