En France, la durabilité de la pêche a du mal à progresser

La population du maquereau de l’Atlantique Nord-Est est passée de « en bon état » à « surpêchée » - Unsplash / Samuel C.
La population du maquereau de l’Atlantique Nord-Est est passée de « en bon état » à « surpêchée » - Unsplash / Samuel C.
« Après s’être largement amélioré depuis le début des années 2000, l’état des populations de poissons pêchées dans l’Hexagone stagne depuis 5 ans », indique l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) dans son évaluation 2022 des populations de poissons pêchées en France, publiée le 9 février 2023.

En 2021, parmi tous les poissons débarqués sur les ports de France hexagonale, 51 % provenaient de populations non surexploitées. Le chiffre était de 48 % en 2020. Si cette part stagne, affirme l’Ifremer, c’est parce que les pêcheurs puisent peu dans les populations « en bon état » (comme le merlu). En outre, l’état des populations de maquereau de l’Atlantique Nord-Est (une espèce qui contribue à 7 % du total des volumes pêchés en France hexagonale) s’est dégradé.
« Cette stagnation laisse présager qu’il sera difficile d’atteindre dans un futur proche l’objectif de 100 % des populations pêchées au niveau du rendement maximum durable », note l’Ifremer dans son évaluation. « Pour parvenir à une pêche durable […] ; une option pourrait être […] de diminuer plus encore la pression de pêche pour aider les populations à recouvrer un bon état. Cela contribuerait à stabiliser les captures et à renforcer la résilience des populations face aux changements globaux », préconise Alain Biseau, biologiste des pêches à l’Ifremer.

Dans les cinq départements d’outre-mer, les résultats varient d’un territoire à un autre. À La Réunion, 51 % des populations pêchées seraient en bon état, contre 20 % en Guadeloupe ou 11 % à Mayotte. « Globalement, nous manquons de connaissances sur une grande partie des populations de poissons, qui représentent 43 % des débarquements dans ces régions, pour élaborer un avis sur leur état écologique, à l’exception des grands pélagiques (thon, espadon, marlin…) surveillés de près par différentes commissions internationales. Pour la plupart des espèces côtières, il faut renforcer leur suivi pour permettre une gestion durable », explique Alain Biseau.
L’Ifremer participe aux travaux des commissions scientifiques européennes ou intergouvernementales, mais n’intervient pas dans les décisions de quotas de pêche. Ceux-ci sont proposés par la Commission européenne et décidés par le Conseil européen des ministres de la pêche.