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Politique

François de Rugy, l’écolo Macron-compatible

François de Rugy remplace Nicolas Hulot au ministère de l’Ecologie. Bio express d’un écologiste venu d’EELV mais devenu soutien sans faille d’Emmanuel Macron.

Après une semaine de suspense, l’information est tombée ce mardi 4 septembre peu après midi : l’actuel président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, va remplacer Nicolas Hulot au ministère de l’Écologie. Richard Ferrand pourrait prendre la présidence de l’Assemblée nationale. L’information nous a été confirmée par le service de presse de l’Élysée.

François de Rugy, 45 ans, a commencé sa carrière politique au sein de Génération écologie, en 1991, puis au sein d’Europe-Écologie Les Verts : sous cette étiquette, il a été député de la 1re circonscription de Loire-Atlantique depuis 2007, coprésident du groupe écologiste de l’Assemblée nationale, entre 2012 et 2015. Il a quitté les écologistes en 2016 pour rejoindre le groupe socialiste.

François de Rugy et Jean-Vincent Placé.

En 2015, il avait publié un livre intitulé Écologie ou gauchisme : il faut choisir !. Un flop en librairie (quelques centaines d’exemplaires vendus), mais un message politique clair : il affirmait son désaccord avec la démission des deux ministres écologistes du gouvernement, suite à la nomination de Manuel Valls comme Premier ministre. « À s’enfermer dans des postures toujours négatives, à emboîter le pas à la gauche de la gauche, l’écologie politique dévoie son ADN et va dans le mur », écrivait-il.

Candidat à la primaire citoyenne de 2017 dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, il obtient un faible résultat et, contrairement à l’engagement public qu’il avait pris, s’engage rapidement auprès d’Emmanuel Macron. Réélu député de Loire-Atlantique sous l’étiquette La République en marche (LREM), il était, depuis le 27 juin 2017, le président de l’Assemblée nationale.

Lors de son entretien naguère avec Reporterre, il avait déclaré être pour une écologie « pragmatique et responsable » : « Je suis écologiste, mais je me sens de gauche — plutôt de centre-gauche, d’ailleurs — et je pense que les écologistes doivent exercer des responsabilités sans attendre d’être majoritaires ». À cette occasion, il avait fustigé les zadistes, et tous ceux qui « prônent l’action violente », d’après lui, « les zadistes ne sont pas ma famille politique ». Il se définissait ainsi : « Je suis pour une écologie démocrate, qui passe par des compromis. C’est certes un peu plus long. Mais je préfère l’élection et les moyens légaux à la casse ou au sabotage. »

Dans son programme pour la primaire de gauche en 2017, de Rugy souhaitait « la disparition du nucléaire en 2040 avec la fermeture des centrales à 40 ans ». Une ambition qu’il pourra mettre à l’épreuve avec le débat à venir sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

François de Rugy, alors vice-président de l’Assemblée nationale, et la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, en 2016.

Après la démission de son prédécesseur, il avait tweeté : « Je respecte la décision de Nicolas Hulot même si je la regrette. Je salue son action depuis 15 mois au sein du gouvernement pour enclencher des transformations écologiques profondes : plus que jamais, celles-ci doivent être accomplies avec engagement, persévérance et détermination. » Sur RTL, au surlendemain de la démission de Nicolas Hulot, le 30 août dernier, il a dit : « Je sais d’expérience (...) que c’est sans doute l’un des postes ministériels les plus difficiles parce que souvent vous êtes seuls contre tous au sein du gouvernement, parfois dans d’autres cercles vis-à-vis d’entreprises et de syndicats. »

Des premières réactions sans enthousiasme

Sur Twitter, les réactions des ONG et politiques n’ont pas tardé à fuser. Elles sont pour le moins réservées.

« Mission difficile pour M. De Rugy, membre éminent de la Macronie, a écrit l’écologiste Yannick Jadot. Souhaitons-nous à tous qu’il résiste aux lobbys des pesticides, du nucléaire, de la chasse... Notre présent et notre avenir en dépendent ! »

« Exfiltré du perchoir, espérons que M. De Rugy n’a pas oublié que dans une vie antérieure il était écolo, tacle la documentariste Marie-Monique Robin. Les egos et plans de carrière ont laminé l’écologie politique. »

Toujours sur le réseau social, le directeur de Greenpeace Jean-François Julliard s’interroge : « Le nouveau ministre de l’écologie se souviendra-t-il de son passé antinucléaire ou sera-t-il la voix de son maître ? Nous doutons de sa capacité á réorienter la politique environnementale du chef de l’État et du gouvernement »

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