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Mines et métaux

L’Angleterre compte ouvrir une nouvelle mine de charbon

En Cumbria, de nombreux habitants et scientifiques ont dénoncé les conséquences de la future mine de charbon de Whitehaven, le 10 décembre 2022.

Le gouvernement britannique a autorisé la construction d’une nouvelle mine de charbon. La communauté scientifique et les associations écologiques s’insurgent contre cette décision.

Le débat faisait rage depuis deux ans, et rencontrait une vive opposition des scientifiques et des associations environnementales. Le 7 décembre, le gouvernement britannique, dirigé par le conservateur Rishi Sunak, a tranché : une nouvelle mine de charbon verra le jour à Whitehaven, petit bourg au passé minier dans le nord-ouest de l’Angleterre. Une première depuis trente ans.

Environ 3 millions de tonnes de charbon de coke seront extraites chaque année afin de fabriquer de l’acier jusqu’en 2049. Le coût des travaux, qui débuteront d’ici quelques mois, s’élève à 165 millions de livres (192 millions d’euros). Cette décision a été motivée par le désir d’aider une région, victime de la désindustrialisation dans les années 1970, rongée par la pauvreté et le chômage, a justifié ce jour-là au Parlement Michael Gove, ministre de la Remise à niveau, du Logement et des Communautés. La compagnie minière, West Cumbria Mining, qui se démène depuis 2014 pour ouvrir ce lieu d’extraction, a avancé la création d’au moins 500 emplois locaux.

Selon les soutiens du projet, comme le maire de la ville et une trentaine de députés, tous membres du parti conservateur, cela permettra aussi de réduire « la dépendance aux autres pays », comme les États-Unis ou la Russie, ainsi que de diminuer le bilan carbone des importations par voie de mer. Woodhouse Colliery (le nom du futur site) soutiendrait donc, en relocalisant la production, la transition écologique, a affirmé Michael Gove, assurant que cette mine sera « neutre en carbone ». Un argument qui a profondément irrité les partis d’opposition : « Comment une mine de charbon peut-elle être neutre pour le climat ? Absurde, indéfendable et scandaleux », a asséné le député travailliste Ed Miliband, sur Twitter.

« Un très mauvais signal »

En Cumbria, l’annonce a été autant applaudie que vivement condamnée. Beaucoup d’habitants ont salué une « bonne nouvelle pour l’économie locale ». En revanche, du côté de la communauté scientifique et des mouvements écologistes, c’est l’indignation. Et pour cause : la production d’acier via le charbon de coke est l’une des industries qui émettent le plus de CO2 au monde, selon un rapport du Sénat français publié en 2021.

Alors que le Royaume-Uni doit réduire ses émissions de 78 % au cours des quinze prochaines années, « cette décision sape les efforts du Royaume-Uni vers son objectif zéro émission nette […] et envoie un très mauvais signal aux autres pays concernant nos priorités climatiques », a dénoncé sur Twitter Chris Stark, directeur du Climate Change Committee (CCC), organisme public qui conseille le gouvernement sur la question.

Loin d’être neutre, cette mine devrait « augmenter les émissions britanniques de 0,4 million de tonnes équivalent CO2 par an. Un chiffre supérieur au niveau des émissions annuelles de toutes les mines de charbon britanniques à ciel ouvert jusqu’en 2050 », a alerté le chercheur. Avant de se désoler que le gouvernement n’ait pas plutôt choisi d’investir dans des techniques plus vertes de production de l’acier, à l’instar de l’hydrogène, bien que cette technique demande beaucoup d’énergie pour être véritablement écologique. Enfin, pour d’autres spécialistes du climat, l’argument de relocalisation ne tient pas, car « 85 % du charbon extrait devrait être exporté ».

Pour toutes ces raisons, une soixantaine de militants ont manifesté à Whitehaven samedi 10 décembre. En parallèle, des organisations cherchent un moyen de ralentir le processus de construction de la mine. Une cagnotte pour financer une contestation juridique a ainsi été créée la semaine dernière et atteint déjà les 15 000 livres (17 400 euros).

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