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En brefClimat

L’Antarctique se réchauffe deux fois plus vite que prévu, selon une étude

Jusqu’à présent, une incertitude demeurait sur le réel réchauffement du pôle Sud, contrairement au pôle Nord, où l’on sait qu’il est entre 3 à 4 fois plus important qu’ailleurs.

Ça chauffe au pôle Sud, et beaucoup plus qu’on le pensait. L’Antarctique se réchauffe à un rythme deux fois plus élevé que le reste du monde, selon une étude publiée ce 7 septembre dans Nature Climate Change. Les chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), en collaboration avec un chercheur allemand, ont également constaté une hausse des températures jusqu’à 50 % plus importante que prévu.

Jusqu’à présent, une incertitude demeurait sur le niveau du réchauffement du pôle Sud, contrairement au pôle Nord, où l’on sait qu’il est entre trois à quatre fois plus important qu’ailleurs. Les scientifiques avaient du mal à quantifier l’augmentation des températures à cause des données météorologiques réduites, puisqu’elles ne couvrent que les cinquante dernières années. Mais également en raison de stations pratiquement toutes situées sur la côte, ce qui biaisait les observations. Seules deux stations sont situées à l’intérieur du continent.

78 carottes de glace réparties sur l’ensemble de l’Antarctique

« Les résultats des observations météo en Antarctique étaient contradictoires, en particulier en Antarctique de l’Est », expliquent les chercheurs. Dans cette région, tandis que quelques stations indiquaient un fort réchauffement, les reconstructions climatiques réalisées à partir des données météo et des modèles climatiques ne montraient pas, elles, de réchauffement significatif.

L’équipe de chercheurs a pu lever ces doutes grâce à l’analyse de soixante-dix-huit carottes de glace, réparties sur l’ensemble du territoire de l’Antarctique. Ces prélèvements ont permis d’obtenir des informations sur les variations de température du passé. Les chercheurs ont ainsi pu reconstruire les températures au cours des mille dernières années dans sept régions de l’Antarctique. « À la base, je voulais réaliser une étude de cas et établir combien de temps et de carottes supplémentaires il faudrait pour observer le réchauffement climatique, explique Mathieu Casado, l’un des auteurs de l’étude. Or, on s’est aperçus qu’on le détectait déjà. Nous sommes alors partis sur l’analyse statistique des données disponibles. »

L’année 2023 a enregistré le record absolu de fonte de glaces

Conclusion : d’après les observations du LSCE, les températures augmentent entre 0,22 et 0,32 °C par décennie dans l’Antarctique, contre environ 0,18 °C selon les modèles du climat. Ces nouvelles données sont publiées alors que l’année 2023 a enregistré le record absolu de fonte de glace en Antarctique. « L’Antarctique est un système complexe, dit Mathieu Casado. On ne peut pas affirmer que cette fonte des glaces est totalement liée au réchauffement que nous avons observé. Mais il s’agit de deux phénomènes parallèles qui sont, tous les deux, la conséquence des activités humaines. »

Une inquiétude majeure des chercheurs concerne les conséquences du réchauffement du continent blanc pour l’élévation à venir du niveau des mers. Celle-ci est très sensible aux changements, mêmes mineurs, de température. La réévaluation à la hausse du réchauffement de l’Antarctique pourrait donc signifier une plus grande contribution du continent glacé à la montée des eaux, « avec des conséquences potentiellement désastreuses, estiment les scientifiques. Cette étude tire une sonnette d’alarme sur les conséquences des émissions de gaz à effet de serre dans l’endroit le plus reculé du globe ».

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