L’actualité de l’écologie en août, si vous étiez loin du poste

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Canicule, rebondissements sur le Tafta et le dieselgate, lutte victorieuse à Bure, feux de forêt et crise laitière… Au mois d’août, l’actualité de l’écologie n’a pas pris de vacances. Vous avez décroché ? Reporterre vous propose une mise à jour.
Nouveaux records de chaleur battus

Quelle chaleur ! Du 23 au 28 août, la France a connu un épisode caniculaire. La température la plus élevée a été enregistrée le 23 août à Belin-Beliet (Gironde) : 39,1 °C à l’ombre. Le 24 août, Paris a atteint 36,6 °C sous abri. Il n’a jamais fait aussi chaud entre le 21 et le 31 août dans la capitale depuis le début des relevés météo, en 1873.
La suite logique des fortes chaleurs du mois de juillet ? Selon la Nasa, la Terre a connu en juillet 2016 le mois le plus chaud depuis le début des relevés des températures. La moyenne des valeurs enregistrées le mois dernier pour la planète est de 0,84 °C supérieure à celle de la période 1950-1980. Cette hausse porte la moyenne de janvier-juillet 2016 à + 1,32 °C au-dessus des moyennes de températures pendant l’ère préindustrielle.
Ces fortes chaleurs ont provoqué de nombreux feux de forêts partout sur la planète, notamment aux États-Unis. Rien que dans la journée de jeudi 18 août, 31 feux ont détruit 162.000 hectares dans dix États états-uniens, dont sept en Californie et six dans l’Idaho. En Californie, l’incendie de Blue Cut a détruit 15.000 hectares de buissons en trois jours dans les montagnes de la forêt nationale Angeles.
Les éleveurs laitiers en crise, les céréaliers aussi

Fin août, la crise du lait — qui dure depuis plus d’un an — s’est cristallisée autour du géant Lactalis. Un producteur sur cinq en France travaille pour cette multinationale, basée à Laval (Mayenne). Lactalis achète actuellement le lait à 256,90 euros la tonne, bien en-dessous des 300 euros minimum réclamés par les agriculteurs. La FNSEA accuse donc le groupe laitier de tirer les prix vers le bas, et occupe l’entrée de son siège. Après deux rounds de négociations sans succès, des actions sont lancées partout sur le territoire à partir du lundi 29 août. Quant à la Confédération paysanne, elle préfère faire pression sur les dirigeants européens afin d’exiger une régulation qui garantisse un prix minimum pour les producteurs européens.
Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, les moissons de céréales sont les pires en France depuis trente ans. En cause, une météo très pluvieuse au printemps. D’après le ministère de l’Agriculture, le rendement de la récolte de blé tendre, la catégorie de céréales la plus utilisée dans l’alimentation, s’élèverait à 55,7 quintaux par hectare, soit son niveau le plus bas depuis trente ans. Mais, dans le même temps, la moisson s’annonce excellente dans tous les autres pays, ce qui provoque une baisse des prix sur les marchés financiers. Le ministère devrait établir un bilan de la récolte à la fin du mois de septembre et présenter début octobre un plan de soutien au secteur céréalier.
Le Tafta, en panne ou en progrès ?
Le ministre allemand de l’Économie et vice-chancelier, Sigmar Gabriel (social-démocrate), a fait sensation dimanche 28 août en affirmant que les négociations sur le traité transatlantique (TTIP ou Tafta) « ont pratiquement échoué, même si personne ne l’admet vraiment ». L’opposition de la société civile, très vive en Allemagne, l’imbroglio du Brexit et l’imminence des élections présidentielles aux États-Unis entravent très sérieusement le processus de négociation. Un avis démenti par la Commission européenne lundi 29 août. « La Commission européenne fait des progrès constants dans les négociations en cours sur le TTIP, a déclaré son porte-parole, Margaritis Schinas. Si les conditions sont remplies, la Commission européenne est prête à boucler l’accord à la fin de l’année. »
Mais nouveau rebondissement mardi 30 août : le gouvernement français va demander en septembre à la Commission européenne "d’arrêter" les négociations sur le Tafta, a annoncé le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl. "Il n’y a plus de soutien politique de la France à ces négociations" entre l’UE et les Etats-Unis, et "la France demande l’arrêt de ces négociations", a déclaré M. Fekl sur la radio RMC.
Accord financier en vue de la fermeture de Fessenheim

Le 25 août, l’État et EDF ont trouvé un accord sur l’indemnisation de l’électricien pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin). L’État pourrait verser au moins 400 millions d’euros à l’énergéticien. La fermeture des deux réacteurs de la plus vieille des centrales françaises, mise en service en 1977, est fixée à l’horizon 2018. Début mai, l’État, actionnaire à près de 85 % d’EDF, a d’abord proposé une indemnisation de l’ordre de 80 à 100 millions d’euros — annonce que l’électricien a qualifiée de « provocation ».
À Bure, le défrichement de la poubelle nucléaire interrompu

Les fortes mobilisations de juillet contre le projet de poubelle nucléaire à Bure (Meuse) ont porté en partie leurs fruits. Lundi 1er août, le tribunal de Bar-le-Duc a suspendu les travaux de défrichement effectués par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), estimant qu’ils nécessitent une autorisation de la préfecture. L’Andra est condamnée à remettre le bois de Lejuc en l’état.
Le 14 août, les manifestants ont abattu les enceintes en béton installées par l’Andra pour fortifier le site du projet. Le conflit se déroule désormais devant la justice. Le procureur de Bar-le-Duc a ainsi lancé une enquête de flagrance pour « violence avec arme par destination, commise en réunion et à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique ». D’après lui, des tirs de fusées d’artifice ont visé un hélicoptère des forces de l’ordre le 14 août. Une version démentie par les opposants. En parallèle, sept manifestants ont porté plainte, suite à des violences subies lors de la manifestation du 16 juillet dernier.
Dieselgate : l’État a-t-il protégé Renault ?
Le scandale Volkswagen continue d’éclabousser Renault et l’État français. « Un rapport du gouvernement français a omis des détails importants sur la façon dont les véhicules diesel de Renault ont pu minorer leurs émissions de gaz mortels lorsqu’ils sont soumis aux tests officiels d’émissions », a indiqué le Financial Times dans son édition du 23 août. Pour étayer ses propos, le quotidien britannique s’est appuyé sur les confidences recueillies auprès de trois membres de la commission d’enquête sur les émissions polluantes mise sur pied par Ségolène Royal après le scandale des moteurs truqués Volkswagen. Ces informations ont été démenties le 25 août par Mme Royal, qui a assuré que « le rapport de la commission reproduit intégralement l’ensemble des résultats obtenus pour les 86 véhicules testés ».
Le Conseil constitutionnel censure la loi biodiversité sur les semences
Le 4 août, le Conseil constitutionnel a rendu son avis sur la loi biodiversité, adoptée le 20 juillet dernier (et dont Reporterre vous a fait un bilan). L’interdiction des néonicotinoïdes ou le principe de non-régression du droit de l’environnement ont été validés, mais une mesure concernant les échanges de semences a été invalidée. La loi voulait autoriser les associations à vendre les plants et graines issus de variétés « libres », c’est-à-dire non inscrites au catalogue officiel des semences. Peine perdue, le fait que cette autorisation soit restreinte aux seules associations (et ne s’applique pas par exemple aux agriculteurs et aux producteurs de semences) invalide la disposition, déclarée « contraire au principe d’égalité ».
Déjà plusieurs candidats déclarés à la primaire écolo

Les candidats à la primaire du parti écologiste ont jusqu’au 31 août pour se faire connaître. Pour l’instant, trois prétendants ont engrangé suffisamment de parrainages, soit 36 conseillers fédéraux sur 240, pour se présenter. Outre Cécile Duflot et Yannick Jadot (46 chacun), la députée européenne Karima Delli en a trouvé 38 en 48 heures. Également eurodéputée, Michèle Rivasi a fini le 30 août par trouver un nombre suffisant de parrains. Le vote devrait se dérouler par correspondance, à la fin du mois d’octobre.
35.000 personnes au Forum social mondial
Du 9 au 14 août, le Forum social mondial a réuni environ 35.000 personnes à Montréal (Canada). Une participation en baisse, due en partie au choix d’organiser cet événement dans un pays du Nord. Le gouvernement canadien a également refusé près de 200 visas. Au menu : climat, évasion fiscale et nucléaire. Les organisations présentes ont aussi décidé de mener de nouvelles actions internationales de désobéissance civile (comme le fauchage de chaises) et des audits citoyens.