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Quotidien

Le guide ultime des jouets écoresponsables

De nombreux labels certifient le poids écologique des jouets. Mais tous ne se valent pas.

Comment échapper aux joujoux par milliers… en plastique et estampillés made in China ? Nos conseils pour trouver un jouet fabriqué avec un minimum de respect pour la nature.

Un Noël sans cadeaux ! Beaucoup en rêvent, quand trouver des présents pour leurs proches relève d’un sempiternel casse-tête. Et puis, voilà un bon moyen de ne pas participer à la grande gabegie de l’année. Mais si renoncer aux cadeaux entre adultes semble du domaine du possible, qui a envie d’en priver les plus petits ? Comment échapper au jouet made in China ? Comment être sûr qu’il a été fabriqué dans des conditions respectueuses de la nature et des salariés ? Vers quelles marques se tourner ? Reporterre vous donne cinq pistes pour préserver la magie de Noël sans trop culpabiliser à l’ouverture des paquets.

  1. Optez pour un jouet écoresponsable
  2. Faites le tri dans le plastique
  3. Privilégiez les jouets fabriqués en France
  4. Pensez aux jouets d’occasion
  5. Et si on louait les jouets ?



1- Optez pour un jouet écoresponsable

À quoi ressemblerait un jouet vraiment écoresponsable ? Il serait fabriqué avec des matières renouvelables, dans des conditions de travail éthiques, sans générer de pollution au moment de sa fabrication et de son usage et sa fin de vie. Difficile de trouver un jouet qui réunisse tous ces critères ! Et comme il n’existe pas de définition juridique du terme « écoresponsable », cette mention peut aujourd’hui recouvrir le meilleur comme le très moyen. Toutefois, quelques rares labels permettent de s’orienter.

  • Les labels pour les jouets en bois

Matière renouvelable par excellence, le bois reste une valeur sûre pour les jouets… à condition qu’il soit issu de forêts gérées durablement et ne contribue pas à la déforestation importée.

Le label FSC (Forest Stewardship Council) peut vous aider à faire le tri. Selon WWF France, il est « le seul suffisamment exigeant face aux enjeux des marchés des produits forestiers, de plus en plus mondialisés et intégrés ». Cependant, Greenpeace International a décidé de se retirer du FSC en mars 2018 n’ayant plus la certitude que le label puisse « toujours garantir une protection environnementale suffisante face aux multiples menaces qui pèsent aujourd’hui sur nos forêts ».

Un second label, le PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) est plus répandu en France, mais moins exigeant. WWF France estime qu’il « s’améliore mais reste insuffisant sur bien des points ». L’ONG souligne notamment des limites sur la préservation de la biodiversité, l’absence de restriction exigeante des coupes rases et des pesticides, et le manque d’encadrement des modèles les plus intensifs comme les plantations industrielles. « La certification PEFC, qui est censée garantir que les bois sont issus d’une gestion durable, n’interdit pas les coupes rases dans des peuplements sains », dénonce aussi l’association Canopée.

WWF France conseille de privilégier les jouets fabriqués à partir de bois français de hêtre, essence moins exposée à une mauvaise gestion. Encore faut-il être sûr de l’origine du bois. Or, le FSC comme le PEFC ne garantissent pas le pays de provenance du bois. Généralement, les entreprises qui fabriquent à partir de grumes françaises le mettent en avant. Si rien n’est mentionné, il est possible que ce bois, même labellisé FSC ou PEFC, provienne de loin.

  • Les labels pour les jouets en textile

Doudous, peluches, poupées… nombre de jouets peuvent être fabriqués à partir de textile. Deux labels environnementaux existent pour cette matière. Le label international GOTS (Global Organic Textile Standard) est le plus exigeant. Il garantit l’utilisation de fibres naturelles biologiques ou de fibres artificielles produites à partir de bois provenant de forêts gérées durablement. Les métaux lourds, le formaldéhyde, les solvants aromatiques, les phtalates, les colorants azoïques, etc. sont proscrits de la fabrication. Des critères sociaux sont également exigés : pas de travail des enfants, salaires décents… « Le label GOTS n’a pas d’exigence concernant l’irrigation lors des cultures du coton, principale source d’épuisement de la ressource en eau pour un vêtement », regrette l’Ademe, l’agence de la transition écologique.

Autre label : Oeko-tex. Il est le plus utilisé, mais va bien moins loin que GOTS. « Oeko ne garantit pas que les produits sont totalement responsables, éthiques et écologiques. Les matériaux utilisés peuvent en effet être d’origine synthétique, donc potentiellement polluants », souligne le site Marques de France. Oeko-Tex a créé en 2014 le label complémentaire « Made in Green », qui se veut plus strict : normes environnementales plus durables et respectueuses lors de la fabrication, conditions de travail équitables, interdiction du travail forcé des enfants et règles de sécurité et protection.

  • Les labels dédiés aux jouets

Le label Nordic Swan Ecolabel, créé en Norvège et réservé aux marques scandinaves, concerne les jouets en bois mais aussi en métal, plastique, caoutchouc ou tissu. Il prend en compte toutes les étapes importantes du cycle de vie. II garantit par exemple que les fibres végétales soient issues de l’agriculture biologique et comporte également des critères sociaux : travail des enfants interdit, respect de la réglementation concernant le travail forcé… C’est le label environnemental conseillé par l’Ademe pour les jouets.

Quant au label allemand Spiel Gut, il prend d’abord en compte l’intérêt pédagogique des jouets, mais note aussi leur coût environnemental sur la base de plusieurs facteurs : matériau utilisé, énergie générée lors de la production, de l’utilisation et de l’élimination, longévité du jouet, réparabilité et possibilités de recyclage. Mais pour dénicher les jouets labellisés Spiel Gut ou Nordic Swan Ecolabel, il faut s’armer d’un peu de patience car ils restent peu distribués en France (voir les plateformes en ligne listées plus bas).

  • L’écolabel européen et le label NF environnement

Malheureusement, aucune marque de jouets n’a encore souhaité se faire certifier par l’un de ces deux écolabels officiels. Seules quelques références de papeterie, stylos et feutres en bénéficient.



2- Faites le tri dans le plastique

Les jouets en plastique font partie des grands pollueurs. Cependant, il existe quelques initiatives réutilisant du plastique déjà produit, ou des bioplastiques.

Par exemple, la marque Le Jouet simple créée en 2022 fabrique en France des jouets d’éveil en plastique 100 % recyclés et recyclables. « Nous n’utilisons qu’un seul type de plastique, afin de s’assurer que nos jouets soient 100% recyclables », explique la marque sur son site. Elle prévoit même une consigne de quelques euros pour inciter les clients à renvoyer leur jouet pour le recycler.

Autre initiative : Les Mini-mondes. Là encore, l’entreprise utilise uniquement du plastique recyclé pour des jouets entièrement fabriqués en France : « Nous nous sommes associés à un laboratoire pour cocréer une matière à partir du recyclage des déchets industriels de l’agroalimentaire. »

Tous les jouets en plastique ne se valent pas. Unsplash / Eli Pluma

Même les grands du secteur s’y mettent doucement. Playmobil, célèbre entreprise allemande, propose la gamme Wiltopia, issue « à plus de 80 % en moyenne » de plastique provenant essentiellement du recyclage des parois intérieures de réfrigérateurs mis au rebut. Le Hongkongais Vtech commercialise deux peluches fabriquées à partir de granulés plastique provenant de bouteilles usagées.

Quelques fabricants se sont lancés dans la production de jouets en bioplastique. C’est par exemple le cas de Dantoy, marque danoise, avec sa gamme « I’m green » (également certifiée Nordic Swan). Ce bioplastique est fabriqué à partir de 90 % d’éthanol de canne à sucre. Elle met en avant le fait que ses produits sont conçus pour durer et précise qu’ils ne sont pas biodégradables. La marque Vtech a, elle aussi, développé une gamme de petites voitures en plastique fabriqué à partir « d’au moins 82 % de matière d’origine végétale ». Reste que dans ces deux cas, on fabrique de nouveaux produits non biodégradables. Est-ce si écolo ?



3- Privilégiez les jouets fabriqués en France

Les marques de jouets et jeux françaises représentent environ 15 % du marché. Plus de 70 fabricants ou créateurs adhèrent aujourd’hui à l’Association des créateurs-fabricants de jouets français (ACFJF). Mais ce n’est pas parce que la marque est française et possède son siège social en France que tous les jouets qu’elle commercialise sont fabriqués dans l’Hexagone. Ne vous fiez pas toujours au drapeau bleu-blanc-rouge sur l’étiquette.

Smoby, leader du jouet en plastique en France, indique produire 70 % de ses jouets dans ses usines à Arinthod, dans le Jura. Écoiffier, son concurrent basé dans le département voisin de l’Ain, fabrique tout en France. Même chose pour Jeujura, une autre grande figure du jouet, en bois cette fois. Les deux autres grandes marques jurassiennes Janod et Vilac fabriquent beaucoup en Asie. Seules quelques références sont restées made in France ou ont été récemment relocalisées : chez Janod, les puzzles en carton ou la gamme créée en partenariat avec le WWF ; chez Vilac, les poupées et baigneurs Petitcollin, les petites voitures, les jouets en bois à traîner, les jeux de quille et de planchettes… Pour le cas des planchettes Kapla, la célèbre marque utilise du pin des Landes, mais a délocalisé une partie de sa fabrication au Maroc.

Malgré les délocalisations, quelques marques fabriquent encore des jouets en France. Unsplash / Tina Suto

Comment s’y retrouver ? Peut-on s’appuyer sur la marque Origine France Garantie, créée par le gouvernement ? Pas complètement, car elle est attribuée quand « au moins 50 % du prix de revient unitaire du produit est acquis en France » et que « les caractéristiques essentielles du produit sont acquises en France ». Ce qui signifie que seule une partie du produit est obligatoirement réalisée en France. Actuellement, seules cinq entreprises sont certifiées dans le secteur du jouet, avec au total 8 références de jouets.

Pour repérer les marques françaises, et celles plus écolos, vous pouvez consulter les plateformes de vente spécialisées, dont voici une petite sélection : Marques-de-france.fr, Pierre-et-Leon.fr, Jeujouethique.com, LesitedumadeinFrance.fr.



4 - Pensez aux jouets d’occasion

Les jouets et jeux d’occasion sont évidemment l’une des meilleures solutions pour éviter la fabrication de produits neufs et l’utilisation de nouvelles ressources. On en trouve dans de multiples endroits : vide-greniers, dépôts-vente, le Bon Coin, etc. Des boutiques spécialisées du type Rejoue ou la boutique d’Emmaüs en ligne vendent des produits qui ont généralement été contrôlés et nettoyés.
 
Attention, toutefois, à ne pas choisir de jouets trop anciens, certains pouvant contenir des substances désormais interdites. Une étude publiée en janvier 2018 soulevait ce problème. Sur les 200 jouets analysés, 10 % d’entre eux contenaient des substances toxiques. Il faut aussi vérifier que les jouets d’occasion sont en bon état et qu’ils ne risquent pas de blesser l’enfant. Le site officiel Rappel.conso permet de vérifier si le jouet que vous avez repéré n’a pas été rappelé ces dernières années par la marque pour défaut de sécurité.

Encore et toujours mieux que le neuf, l’emprunt et l’occasion restent les moyens les plus écolos de découvrir des nouveaux jouets. Unsplash / Tatiana Rodriguez



5- Et si on louait les jouets ?

 
Un enfant se lasse vite de ses jouets. Alors, pourquoi ne pas les renouveler plus souvent en optant pour la location ? Plusieurs sites proposent des systèmes d’abonnement à des box, comme Petite marelle, ou encore Lib&Lou. Les prix s’échelonnent entre 15 et 50 € par mois selon les sites et le nombre de jouets.

Dans certains cas, il est même possible d’acheter le jeu s’il plaît vraiment à votre enfant. La casse est prise en charge dans l’abonnement. Vérifiez que le catalogue de jeux proposés soit assez fourni et lisez bien les conditions générales d’abonnement avant de vous engager pour éviter toute mauvaise surprise.

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