Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

EnquêteGrands projets inutiles

Le promoteur de Val Tolosa est peuplé d’amis d’Emmanuel Macron

La justice a condamné plusieurs fois le projet de centre commercial Val Tolosa, près de Toulouse. Mais ce projet, porté par Unibail-Rodamco, est fortement soutenu par l’État. Plusieurs proches conseillers d’Emmanuel Macron sont ou ont été employés d’Unibail-Rodamco.

  • Toulouse (Haute-Garonne), correspondance

C’est l’énième épisode d’une bataille juridique pour empêcher un nouveau gaspillage de terres agricoles. Ce vendredi 28 juillet, le collectif Non à Val Tolosa attend la décision du tribunal administratif de Toulouse. Les opposants au centre commercial ont déposé un référé contre un arrêté préfectoral qui autorise la destruction d’espèces protégées. Parmi elles, la renoncule à feuilles d’ophioglosse, le trèfle écailleux ou encore le sérapias en cœur — au total 47 espèces.

L’arrêté préfectoral a été pris juste avant que la cour administrative d’appel de Bordeaux condamne un arrêté pris dans les mêmes termes. Mais le préfet veut imposer à la justice sa volonté de détruire. Et depuis près d’une semaine, le collectif bloque les entrées du site. Objectif : empêcher les pelleteuses de Guintoli — la société chargée des travaux — de décaper les sols et détruire les espèces protégées qui y vivent. Mais si les engins de la société de BTP sont sur le devant de la scène, le commanditaire des travaux tient une place de choix.

Dans le dossier Val Tolosa, l’acteur phare du projet est le promoteur immobilier Unibail-Rodamco. Sur son site, l’entreprise se présente comme le « premier groupe européen coté d’immobilier commercial spécialisé dans les centres commerciaux des grandes villes européennes ainsi que dans les bureaux et centre de congrès-expositions à Paris ».

Le groupe cultive surtout des relations très étroites avec le président de la République. Ainsi, Guillaume Poitrinal, président du groupe immobilier jusqu’en 2013, était un proche de François Hollande. Il a notamment été chargé par l’ancien locataire de l’Élysée de mettre en musique le choc de simplification, ensemble de mesures destiné à « simplifier la vie des Français et des entreprises » — et particulièrement dans le domaine immobilier. C’est par ailleurs un conseiller d’Unibail-Rodamco, un ancien préfet, Jean-Pierre Duport, qui a inspiré l’article 28 du projet de loi Macron, en 2015, qui visait à simplifier le droit de l’urbanisme.

François Hollande et Guillaume Poitrinal.

Des « marcheurs » proches de l’actuel président de la République sont aussi bien positionnés dans l’organigramme du groupe. C’est le cas d’Astrid Panosyan, ancienne conseillère d’Emmanuel Macron lorsque ce dernier était à Bercy. Elle a un temps été pressentie pour devenir ministre du Travail et occupe la fonction de directrice générale chez Unibail-Rodamco.

Astrid Panosyan, ancienne conseillère d’Emmanuel Macron à Bercy.

Autre pointure du groupe immobilier, mais qui est lui entré au gouvernement, Benjamin Griveaux. Actuel secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, il a été élu député de la cinquième circonscription de Paris aux dernières législatives sous l’étiquette la République en marche et a occupé les fonctions de porte-parole de la campagne d’Emmanuel Macron. Ce membre de la garde rapprochée du président de la République connaît bien Unibail-Rodamco… pour en avoir été le directeur de la communication du groupe de 2014 à 2016. [Ajout du 10 octobre 2017 - La Lettre A signale que Benjamin Griveaux a touché 326.986 € nets pour ses deux années passées chez Unibail-Rodamco, comme on l’a appris par la déclaration d’intérêt à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.]

Benajmin Griveaux, secrétaire d’Etat, a été directeur de la communication d’Unibail Rodamco.

Dans les rangs de l’Assemblée nationale, une autre députée connait elle aussi très bien le dossier Val Tolosa : Monique Iborra, députée de la sixième circonscription de Haute-Garonne. Cette ancienne membre du Parti socialiste, a rejoint la République en marche après avoir été exclue du PS en 2016 et a fait de la création de ce centre commercial son cheval de bataille.

Emmanuel Macron et Monique Iborra, à Lyon, en septembre 2016.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois d’octobre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende