Les couches pour bébés contiennent des produits chimiques contestés

- Flickr/CC BY 2.0/Marco Verch Professional Photographer
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Des substances chimiques sont présentes dans les couches des bébés. Plusieurs associations demandent à la Commission européenne de soutenir une proposition de l’Anses, qui préconise depuis 2020 une restriction de ces produits.
Et si l’on mettait le nez dans la couche de bébé ? C’est ce que demandent plusieurs ONG — Women Engage for a Common Future (WECF), Heal, EEB, ZeroWaste et ClientEarth — dans une lettre adressée à la Commission européenne le 26 janvier dernier. « Ces produits [présents dans les couches] ont des effets cancérigènes et sont des perturbateurs endocriniens », estime Amélie Owen, de WECF.
L’association, dotée du statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies, souhaite poursuivre l’action menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). En 2020, après une étude sur la toxicité des produits contenus dans les couches des nourrissons, l’Anses avait en effet proposé une restriction des substances chimiques dangereuses au niveau européen. Proposition qui avait recueilli un avis défavorable fin 2021 du comité d’évaluation des risques (RAC) et le comité d’analyse socio-économique (Seac) de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa).
Des agents dangereux
Dans le viseur, plusieurs produits présents dans la ouate des couches, notamment les formaldéhydes, hydrocarbures aromatiques polycliques (HAP), dioxines, furanes et les biphényles polychlorés (PCB). Les formaldéhydes et les HAP sont par ailleurs identifiées comme cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques. On retrouve aussi ces substances dans les protections hygiéniques. Elles sont issues notamment du blanchiment des matières utilisées ou générées lors de la fabrication de la couche.
« C’est un sujet important, la majorité des familles vont utiliser des couches jetables », dit à Reporterre Amélie Owen. 14 millions de bébés, plus précisément, selon une vidéo diffusée par l’Anses. « Le bas âge est une période charnière pour les enfants : s’ils sont exposés à des perturbateurs endocriniens à ce moment-là, ils pourront développer des troubles hormonaux. »
Le rapport de l’Echa reconnaît que « les enfants, en particulier les nourrissons, sont particulièrement vulnérables aux effets nocifs de l’exposition aux produits chimiques. Les formaldéhydes, HAP, dioxines, furanes, et PCB ont diverses propriétés dangereuses aiguës et chroniques ». Pourtant, l’organe européen s’est positionné contre une restriction, « car le risque ne peut pas être démontré pour les formaldéhydes et PCDD/FS/DL-PCB et ne peut pas être caractérisé pour les PAH [HAP] et NDL-PCB ». Il estime également que les calculs menés par l’Anses mènent à une « surestimation de l’exposition, en particulier due à la disparité dans le facteur “remouillage” [quantité d’urine refluée d’une couche] ». Et de conclure qu’« il n’a pas été démontré qu’une restriction est la mesure la plus appropriée ».
Les ONG ont décidé de se tourner vers la Commission européenne pour lui demander de soutenir le projet de restriction. Une réponse est attendue fin février.