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Climat

Les négociations sur le climat sont reparties du bon pied

L’Allemagne veut que l’Europe s’engage à réduire ses émissions de 40 %. La Chine annonce qu’elle se fixera un objectif absolu de limitation. Deux réunions importantes se sont tenues à Paris et à Berlin. La discussion sur le climat s’accélère, dans la perspective de la grande conférence de 2015 au Bourget, près de Paris.


C’est l’information qui passe sous le radar des médias dominés, mais elle est essentielle : les négociations sur le climat avancent. Vraiment.

Depuis l’échec de Copenhague, fin 2009, le processus de négociation international sur le changement climatique s’était englué. La violence de la crise économique avait remisé les ambitions environnementales aux calendes grecques.

Et puis, la réalité a recommencé à s’imposer : entre les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) en 2013 et au début de 2014, et la multiplication des désordres météorologiques qui frappent tous les pays, il devient clair pour tout le monde que, décidément, on ne peut pas négliger la question climatique.

La communauté internationale a décidé à Durban, en 2011, de parvenir à un accord fin 2015 à Paris, lors de la conférence des Nations unies sur le climat (dite COP21, comme Conference of parties de la Convention sur le changement climatique, et c’est la vingt-et-unième).

Le processus onusien s’est poursuivi, et deux réunions plus légères viennent de se tenir, à Paris et à Berlin. A Paris, c’est le Major Economies Forum qui s’est tenu discrètement vendredi 11 juillet et samedi 12. Il a réuni une vingtaine de pays. Puis, lundi 14 et aujourd’hui mardi se poursuit à Berlin le Dialogue sur le climat de Petersberg, organisé par le gouvernement allemand.

« Ce sont des réunions informelles, où l’on se sent plus libres pour parler que dans l’enceinte de l’ONU, explique un diplomate. Le format est aussi plus restreint, et n’y participent que les pays les plus représentatifs ou les plus importants ». Environ vingt à Paris, une trentaine à Berlin.

L’Allemagne et la Chine s’engagent

La chancelière allemande, Angela Merkel, de retour du Brésil où elle avait assisté à la victoire de l’équipe de football de son pays, a marqué l’engagement de son pays : l’Allemagne promet 750 millions d’euros au Fonds vert sur le climat. Mme Merkel a aussi plaidé pour que l’Europe s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 %. Et elle a dit qu’elle mettra le climat au centre des réunions du G7 que l’Allemagne présidera l’an prochain.

De son côté, Xie Zhenhua, un représentant de la Chine à la réunion de Berlin, a dit que son pays espérait annoncer l’an prochain, « peut-être au premier trimestre » des buts « très ambitieux » de réduction de ses émissions : le but serait d’un « plafonnement » (capping) des émissions, c’est-à-dire, semble-t-il, de limitation absolue.

- Major Economies Forum, à Paris, vendredi 11 juillet -

Les quatre dossiers majeurs

De quoi les pays discutent-ils ?

. Réduction des émissions : d’abord de réduire les émissions. Mais l’accord est loin d’être fait, et d’autant plus qu’à la conférence de Varsovie, en 2013, on a substitué au terme « engagement » celui de « contribution », beaucoup plus flou. De quoi s’agit-il exactement ? « On est train d’en faire quelque chose de monstrueux, d’ingérable », indique un diplomate.

. Finances. On se dirige quand même vers des engagements de réduction, des principaux pays riches et, on peut donc l’espérer, de la Chine. Mais pour que d’autres pays en développement acceptent aussi de tels engagements, ou « contributions », il faut que les finances soient sur la table. A Cancun, fin 2010, les pays riches avaient promis de mettre en place un Fonds vert pour le climat, doté à l’horizon 2020 de cent milliards de dollars par an et, à plus court terme, de trente milliards. Une belle promesse, pour l’instant loin d’être concrétisée. Sa réalisation est la condition que posent nombre de pays du Sud pour s’engager à réduire les émissions. Le ministre de l’environnement indien, Prakash Javadekar, a ainsi dit à Paris : « La probabilité que de nombreux pays en développement soumettent leurs intentions de contributions nationales sera très basse si les pays développés ne fournissent pas un montant substantiel avant septembre 2014 ».

. Echéance. L’accord doit être signé à Paris en 2015 pour une mise en oeuvre à partir de 2020. Mais doit-il se fixer comme date d’échéance 2025 ou 2030, ou fixer un objectif à 2050, comme le plaide la France ?

. Distinction entre pays. Peut-on conserver la traditionnelle distinction entre « pays en développement » et « pays développés » ? La progression impressionnante de pays en développement, à commencer par la Chine, qui est devenue le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la remet évidemment en question. Il reste à traduire cette mutation dans le langage diplomatique - en opération les concessions mutuelles indispensables...

Ne pas répéter Copenhague

Rien de tout cela ne dit qu’un accord substantiel sera au bout du chemin. Mais il est certain que la communauté internationale a tiré les leçons de l’échec de Copenhague, et qu’elle ne veut pas le répéter. Une cause technique de cet échec avait été que les textes proposés à la négociation étaient arrivés trop tard, si bien que les chefs d’Etat s’étaient trouvé en situation de trancher des questions très abruptes. Tout le travail diplomatique est aujourd’hui de faire en sorte que l’essentiel des décisions soit préparé en amont. Y parviendra-t-on ? En tout cas, dès septembre prochain, le secrétaire général, Ban Ki-moon, veut impliquer les chefs d’Etat dans un Sommet pour le climat.

Il faudra aussi, sans doute, que la société civile s’implique davantage, pour peser sur les négociations, avant - et après. Une marche aura lieu à New York - et sans doute ailleurs - le 21 septembre.

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