Nouvelle Constitution sociale et écolo : vote crucial au Chili

1er septembre 2022, manifestation en faveur de la nouvelle Constitution à Santiago, au Chili. - © Jonnathan Oyarzun / Getty Images South America / via AFP
1er septembre 2022, manifestation en faveur de la nouvelle Constitution à Santiago, au Chili. - © Jonnathan Oyarzun / Getty Images South America / via AFP
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Monde SocialDimanche 4 septembre, trois ans après la révolte sociale qui a donné naissance à l’écriture d’une nouvelle Constitution, les Chiliens doivent l’approuver dans les urnes.
Santiago (Chili), correspondance
Certaines dates sont symboliques dans l’histoire d’un pays. Dans celle du Chili, c’est le cas du 4 septembre. Ce jour-là, en 1970, Salvador Allende devenait le premier président socialiste élu démocratiquement en Amérique du Sud. Dimanche 4 septembre 2022, cinquante-deux ans plus tard, le peuple andin va approuver ou rejeter la proposition de nouvelle Constitution, point d’orgue d’un virage social enclenché en 2019.
À la suite d’une révolte contre les injustices causées par le modèle néolibéral, dont la pierre angulaire est la Constitution de 1980 instaurée pendant la dictature d’Augusto Pinochet, les Chiliens avaient voté massivement pour l’écriture d’une nouvelle Constitution lors d’un premier référendum. Celle-ci a été rédigée par 154 membres issus en grande partie des mouvements sociaux et des partis politiques de gauche. Nouvelle étape fin 2021 lorsque le Chili a élu le jeune président progressiste Gabriel Boric. La sortie du néolibéralisme s’est alors amorcée.
Une Constitution écologique et sociale
La nouvelle Constitution écrite en un temps record — douze mois — répond en grande partie aux aspirations sociales exprimées par les Chiliens en 2019. Ils exigeaient un accès gratuit et égalitaire à l’éducation, un droit universel à la santé, la fin du marché privatisé de l’eau ou encore des droits pour les peuples originaires. Dans son premier article, la Constitution reconnaît « le Chili comme un État social et démocratique de droit. Il est plurinational, interculturel et écologique ». Sur le plan social, la proposition constitutionnelle garantit « le droit à la santé » et « à la sécurité sociale basée sur l’universalité », « le droit à l’éducation » ou « le droit à vivre dans un environnement sain sans pollution ». Elle insiste également sur le caractère « plurinational » du pays — dix-sept sièges avaient d’ailleurs été réservés aux autochtones dans la Constituante.

Sur le plan écologique, les avis sont unanimes : cette Constitution est avant-gardiste. Sara Larrain, directrice de l’ONG Chile Sustentable parle même d’« un nouveau paradigme d’État reliant société et nature ». La proposition constitutionnelle reconnaît que parmi les valeurs inaliénables de la République figure la « relation indissoluble avec la nature ». Elle est la deuxième Constitution au monde (après l’Équateur) a considérer que « la nature a des droits ». Elle reconnaît aussi que « nous sommes face à une crise climatique que nous devons prendre en charge ».
Le « non » donné vainqueur
Vendredi 2 septembre à minuit, la fin de la campagne a sonné. Deux jours avant le scrutin, toutes réunions publiques à caractère électoral étaient interdites. Qu’à cela ne tienne, jeudi soir, les équipes de campagne du non et du oui ont appelé à de grands rassemblements à Santiago. Presque 500 000 partisans du oui, selon les organisateurs, se sont réunis sur la grande Alameda de la capitale. Quant aux défenseurs du non, ils n’étaient qu’une centaine, rassemblée sur les hauteurs du Parc métropolitain.
Les instituts de sondage donnent malgré tout le non vainqueur, avec une moyenne de 10 points d’avance. Claudia Heiss, docteure en sciences politiques à l’Université du Chili explique à Reporterre que « ces sondages utilisent des méthodes peu transparentes et discutables » et « qu’il y a une énorme campagne de désinformation, des mensonges émanant des forces politiques de droite, principalement ». Lors de la cérémonie de clôture de la Convention constitutionnelle, le 4 juillet dernier, le président Gabriel Boric avait déjà appelé à « débattre intensément des avancées proposées par le texte. Mais pas des fausses informations, distorsions ou interprétations catastrophiques qui sont loin de la réalité ».