Paris doit être le Seattle du climat

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Climat Climat : de COP en COPLa grande conférence des Nations unies sur le changement climatique se tiendra à Paris en décembre 2015. Ce sera un moment décisif pour s’engager sur la bonne voie - ou s’enfoncer dans le chaos climatique. Mais il ne faut pas laisser les chefs d’Etat décider seuls. Les peuples doivent agir, et notamment les Parisiens et les Français...
Nous arrivons à une croisée des chemins pour le climat. A travers le monde, de nombreux activistes ont commencé à se mobiliser autour de l’idée d’un “Seattle pour le climat” - un événement qui pourrait lancer un mouvement climatique mondial de la même manière que les manifestations à Seattle en décembre 1999 avaient déclenché une nouvelle résistance à travers le monde.
Mais comment parvenir à un tel but ? Une idée nous est venue.
La COP (Conference of parties – les négociations des nations unies sur le changement climatique) qui se tiendra à Paris en décembre 2015 est censée donner lieu à un accord mondial en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet accord entrera en vigueur en 2020 et constituera la feuille de route climatique au moins jusqu’en 2030, et probablement jusqu’en 2035.
Tout laisse à penser que les termes de cet accord nous mèneront droit vers un monde plus chaud de 4°C. Ce qui signifierait des catastrophes, des famines, des réfugiés, ainsi que des conflits et des morts en masse.
Eviter une redite de Copenhague
Le danger est que le mouvement environnemental ne s’effondre après Paris. Il y a un précédent à cela : les négociations de Copenhague en 2009. A cette occasion, les pays présents étaient supposés signer un accord mondial. Durant les mois précédant la conférence, la plupart des organisations environnementales s’étaient mobilisées afin de maintenir la pression sur les gouvernements pour qu’ils s’accordent sur un projet à la hauteur. Nous avions par exemple rassemblé 80.000 personnes au cours d’une manifestation à Copenhague, sans compter l’organisation de multiples actions directes.
Mais, le dernier jour des négociations, les chefs d’Etat des Etats-Unis, de Chine, d’Afrique du Sud, du Brésil et d’Inde ont présenté un accord bien pire que celui déjà existant. La désillusion qui s’en est suivie parmi les activistes de tous les mouvements environnementaux a fait beaucoup de dégâts des années durant. Si Paris devait être une redite de Copenhague, nous ne serions pas en mesure de réagir face à un changement climatique catastrophique.
Nous allons organiser une manifestation de grande ampleur à Paris.
Ce ne sera pas assez.
Nous aurons recours à des actions directes.
Ce ne sera pas assez.
Il faut quelque chose de plus.
Quelque chose qui puisse dire au monde :
"Paris refuse cela. Le monde refuse cela. La lutte continue."
Nous devons faire comprendre à nos dirigeants que nous n’accepterons pas un accord qui laissera un changement climatique catastrophique pour l’humanité arriver. Ce que nous aimerions, c’est que nos gouvernements signent un accord digne de ce nom de leur propre chef à Paris, et nous espérons sincèrement qu’ils le feront.
Mais si ce n’était pas le cas, nous devons être prêts à toute action nécessaire pour nous assurer que cette catastrophe climatique sera évitée. Pour cette raison, nous espérons qu’au moment du sommet les Français de Paris et d’ailleurs seront prêts à se soulever et à manifester leur écrasante opposition à tout accord qui ne serait pas à la hauteur de l’urgence.

- Dans la manifestation pour la sauvegarde du climat à Copenhague -
Que les Parisiens prennent le contrôle de leur ville, au nom de la Terre
Nous avons une idée sur comment nous organiser pour cela. Au Bangladesh et en Inde, les manifestants utilisent une forme de mobilisation appelée « bandh ». Dans ces cas-là, les gens arrêtent tout simplement la ville durant une journée. Personne ne va travailler et les gens ferment les magasins, les universités, les écoles, ils arrêtent les bus, les trains, les voitures. Quand cela arrive à Calcutta, les enfants jouent au cricket sur les boulevards.
Nous ne proposons pas une occupation de Paris par des manifestants. Nous souhaitons que les Parisiens prennent le contrôle de leur propre ville, au nom de la Terre. Nous rêvons de fêtes organisées dans chaque rue, de chaque quartier, de chaque arrondissement. Une telle action, à Paris, attirerait l’attention du monde entier. Et cela pourrait signer, non pas la fin de l’espoir, mais le début d’années d’action contre le changement climatique.
Ce type d’idée n’est pas facile à mettre en place. Les dirigeants des ONG et des syndicats ne se jetteront sûrement pas sur une telle stratégie. Au fond d’eux-mêmes, c’est peut-être ce qu’ils souhaitent. Mais cela fait peur, cela semble trop radical et trop dangereux. Pour beaucoup, cela paraîtra impossible.
Les jeunes ouvrent la voie
Nous avons donc pensé à un moyen de contourner ce problème : commençons avec les étudiants. Durant l’année à venir, nous pouvons organiser des campagnes de communication au sein des universités. D’ici à l’été 2015, nous rêvons que tout le monde sache que les étudiants parisiens occuperont leurs universités le lundi 7 décembre et que le mardi 8 ils sortiront dans les rues pour danser en guise de protestation et inviter tout un chacun à se joindre à eux.
Si les syndicats se rendent compte que cette idée fait mouche et que le mouvement aura lieu, nous avons une chance de les convaincre de se joindre à nous. Mais cela ne doit pas reposer que sur les épaules des étudiants français. Il sera bien plus facile pour eux de passer à l’action s’ils savent qu’ils font partie d’un mouvement international.
Nous allons lancer la même campagne dans nos pays respectifs, en commençant par le Royaume-Uni. Vous êtes les bienvenus si vous souhaitez vous joindre à nous.
Ce sont évidemment des idées très ambitieuses. Il se peut qu’elles ne marchent pas. Mais le changement climatique est une menace des plus graves et nos dirigeants n’agissent pas. La conférence de Paris doit renforcer notre détermination à nous battre pour la Terre. Plus notre action sera répandue et radicale en décembre 2015, plus nous en sortirons grandis et prêts à continuer le combat.