Paris vivra dimanche une journée sans voitures au rabais

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TransportsParis vivra dimanche 27 septembre sans voitures - enfin, une petite partie de Paris seulement. Car l’Etat n’a pas voulu tenter l’expérience sur toute la ville, malgré ses grands discours sur le climat.
Alors qu’un collectif citoyen milite depuis plus d’un an pour la création d’une « Journée sans voiture » à Paris, avec le soutien de la Mairie de Paris et des élus écologistes, le gouvernement a décidé de réduire au minimum le territoire concerné dimanche 27 septembre.
L’idée ? Interdire, le temps d’une journée, aux automobiles de rouler dans la ville – dérogation étant accordée aux véhicules prioritaires (pompiers, police, etc.). « On appelle également à la gratuité des transports en commun », dit Delphine Grinberg, l’une des fondatrices du projet aujourd’hui porté par le collectif Paris sans voitures.
A l’été 2014, ils sont une poignée à nourrir le projet, « un rêve qui nous paraissait presque impossible » selon Delphine Grinberg. Le collectif s’inspire du festival La Voie est libre dans cette volonté de se réapproprier l’espace public. Il prolonge aussi le combat de Vélorution, qui veut « prendre la place qu’occupent habituellement les voitures », dit Mariella Eripret de Vélorution. L’association organise une « parade sans moteur » : départ prévu à 10 h dimanche depuis la place de la République : « Cyclistes, skateurs, rollers, trottineurs et autres rouleurs sans moteur pourront déambuler sur la chaussée en prenant toute la place librement et pacifiquement, ce qui, de fait, devrait bloquer un peu la circulation automobile ».
Car circulation automobile il y aura, malgré tout, ce dimanche, dans Paris. Prenant appui sur les premières expériences réussies du même type, à Bruxelles – « sur 160 km2, soit un territoire largement plus grand que Paris » – ou à Bogota, qui l’organise « carrément une fois par mois, le jeudi », dit Delphine Grinberg –, le collectif citoyen demandait de fermer tout Paris à l’automobile, dans une lettre adressée à la maire de Paris, Anne Hidalgo, en août 2014.
Celle-ci était séduite par l’idée de « rendre l’espace public moins pollué, plus agréable et plus apaisé ». L’adjoint au maire aux transports, l’élu EELV Christophe Najdovski, a été « tout de suite très enthousiaste à l’idée », y voyant une résonance avec Alternatiba Paris qui se déroule ce week-end.
Pourtant seuls 30 % du territoire parisien sont finalement concernés par l’opération : les quatre arrondissements centraux, les bois de Boulogne et de Vincennes, et quelques lieux comme la place de la République ou le pont Sully. Pour le reste, tous les grands axes resteront ouverts aux voitures. Et de nombreuses dérogations seront accordées, une liste qui pourrait encore s’allonger selon le cabinet de l’adjoint aux transports : « Mercredi soir, les VTC ont déposé un référé, estimant qu’ils avaient le droit à la même dérogation que les taxis ».
Le préfet de Paris a tranché pour ce petit périmètre, invoquant des problèmes d’effectifs au regard des moyens humains nécessaires. Près de 500 agents seront mobilisés dimanche 27 septembre pour l’organisation et les contrôles de police.
La décision est remontée jusqu’au ministre de l’Intérieur : le président de la République a renvoyé le sujet vers Bernard Cazeneuve, dans une lettre du 18 août adressée au collectif Paris sans voiture, et Anne Hidalgo aurait rencontré le ministre pour en parler.
« Le gouvernement n’a pas compris l’intérêt et le sens de cette démarche à l’approche de la COP 21 » estime Christophe Najdovski ; « il reste difficile d’avoir des actes en cohérence avec les discours ». Pour Delphine Grinbeg, « on n’a pas besoin d’attendre une décision politique pour oser un rêve de grande ampleur ». De leur côté, les élus écologistes de la mairie de Paris vont proposer un vœu pour organiser l’édition 2016.