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Politique

« Pour les Grenoblois, l’écologie est la force politique qui sert l’intérêt général »

En prenant la tête dans la grande ville de Grenoble lors du premier tour des élections municipales, Eric Piolle pourrait faire basculer cette ville symbole dans le chemin d’une politique écologiste. Il a accordé une interview en exclusivité à Reporterre.

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Eric Piolle est l’une des principales surprises des élections municipales. Le leader de la liste écolo-citoyenne-de gauche à Grenoble est bien placé pour emporter dimanche la ville alpine. Malgré cette notoriété soudaine, Eric Piolle s’est fait plutôt discret, accordant peu d’entretiens. Entre son dernier meeting de campagne et une énième virée à vélo dans la ville à la rencontre des citoyens, il a choisi de parler au « quotidien de l’écologie ».

Reporterre - Comment expliquer le succès de votre liste de rassemblement autour de l’écologie ?

Eric Piolle - Il y a à Grenoble une vraie tradition politique de l’écologie. Depuis 1977, les écologistes sont indépendants à chaque élection, ils partent toujours en autonomes. Et nous réalisons de bons scores : 22 % aux élections municipales de 2008, 26 % aux régionales de 2010, 29 % aux européennes en 2009… Ce résultat est le fruit du travail de tous ces gens qui ont fait vivre l’écologie politique depuis des années. L’importance du tissu associatif qui travaille sur les questions de l’écologie en est la preuve.

Cette société civile est largement représentée dans votre liste. L’union avec le monde associatif et avec le Parti de gauche est-elle la garantie d’une alternative à gauche ?

Les Grenoblois ont été marqués par les années durant lesquelles Alain Carignon était maire. Les écologistes ont beaucoup bataillé pour dénoncer le système corruptif qu’il avait mis en place. Et puis la majorité socialiste est arrivée, elle a fini par croire, avec le temps, que la ville lui appartenait. En construisant ce côté propriétaire, la municipalité sortante s’est détournée des habitants. Aujourd’hui, pour les Grenoblois, l’écologie est la force politique qui sert l’intérêt général.

Comprenez-vous le choix des socialistes de ne pas vous rejoindre sur la liste ?

C’est le choix d’un homme, Jérôme Safar, ou de deux, avec Michel Destot, le maire sortant. Son équipe proche voulait nous rejoindre. Nous, on a dit depuis le début que l’on voulait construire une nouvelle majorité. Le maintien de la liste de M. Safar nourrit le risque que la ville repasse à droite, avec une liste dans laquelle on retrouve Carignon… Pourtant, Grenoble est une ville ancrée à gauche. Ici, le FN n’a fait que 12 % au premier tour des municipales.

Sur quoi comptez-vous convaincre les derniers électeurs d’ici dimanche ?

Sur la relation que nous leur proposons. Il faut renouer avec la démocratie. Je veux remettre l’élu au service des habitants, le placer au milieu d’eux. Nous proposons de construire une ville à taille humaine, basée sur la diversité des talents et des compétences. Grenoble est surtout connu pour le CEA [Commissariat à l’énergie atomique] et les hautes technologies. Le potentiel de la ville est bien plus grand que ça.

-  Propos recueillis par Barnabé Binctin


Complément d’info : Eric Piolle a été frappé vendredi soir par un homme qui l’a fait chuter à terre. M. Piolle était seul à vélo rue de Stalingrad à Grenoble vers 22H50 quand une camionnette blanche à ralenti à sa hauteur, raconte l’AFP. Le passager de la camionnette lui a alors asséné un coup de pied, le faisant chuter à terre. Le cycliste n’a pas été blessé.

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