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Monde

Une filiale de Vinci soupçonnée de corruption en Russie

La société Vinci Concessions Russie, filiale du groupe Vinci, fait l’objet depuis le 24 juin d’une demande d’ouverture d’enquête pour corruption d’agent public étranger. En cause : les conditions dans lesquelles Vinci participe à la construction d’une autoroute très contestée dans la forêt de Khimki, au nord de Moscou.


Dépêche AFP reprise par Le Moniteur

Des associations françaises et russes ont annoncé avoir déposé plainte lundi 24 juin contre une filiale de Vinci et contre X sur des soupçons de corruption dans le cadre de la passation d’un marché public pour le projet controversé d’autoroute Moscou-Saint-Petersbourg.

La plainte, déposée à l’encontre de Vinci Concessions Russie au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), émane des associations Sherpa, Russie Libertés, de l’ONG CEE Bankwatch et d’écologistes russes. Elle vise des faits présumés de « corruption d’agent public étranger », de « recel de trafic d’influence, de favoritisme et d’entente illicite », ont précisé lundi les plaignants qui réclament l’ouverture d’une information judiciaire.

Sollicité, le groupe Vinci a réfuté ces « allégations » sur ses activités en Russie. « Nous avons répondu à toutes les questions de Sherpa et Bankwatch en novembre 2012. Sans nouvelles de leur part, nous nous étonnons de cette démarche », a ajouté un porte-parole de l’entreprise, précisant qu’elle restait « à la disposition de la justice ».

North-West Concession Company (NWCC), composé du groupe français de BTP et de partenaires russes, avait signé en juillet 2009 le contrat pour la conception, le financement, la construction puis l’exploitation d’un tronçon d’autoroute de 43 km qui doit traverser la forêt de Khimki, située dans la banlieue nord de la capitale russe.
Le coût de construction de cette section est estimé à environ 1 milliard d’euros, selon Vinci.

« Un certain nombre d’éléments nous permettent de penser que le marché a été conclu dans des conditions troublantes », a affirmé lundi la présidente de l’association Sherpa, Sophia Lakhdar. Les plaignants ont parlé d’une « grande opacité » dans la structure de la concession avec des « sociétés actionnaires » qui seraient reliées « à une myriade de sociétés localisées dans des places financières offshore ». Ils ont également évoqué des pourparlers qui auraient eu lieu entre l’ancien ministre russe des transports Igor Levitin et le groupe Vinci avant le lancement de l’appel d’offres.

L’ex-président russe Dmitri Medvedev avait ordonné à l’été 2010 le gel du projet après une très importante mobilisation d’une association de riverains et de mouvements d’opposition, qui dénonçaient la coupe d’une partie de la forêt de Khimki. Mais le gouvernement russe avait finalement autorisé la construction en décembre de la même année.

« Cette plainte dans un tribunal français suscite de grands espoirs pour beaucoup de militants russes car nous n’arrivons pas à avoir une justice qui fonctionne de manière indépendante en Russie », a affirmé lundi Evguenia Tchirikova, leader de l’opposition au projet en Russie.


Communiqué de l’assocation Sherpa

Des enquêtes menées par des ONG russes et européennes conduisent au dépôt d’une plainte contre Vinci Concessions Russie SA et contre X devant le parquet de Nanterre le 24 juin 2013

Sherpa, Russie-Libertés, CEE Bankwatch Network et MOBO Princip ainsi que des membres de la société civile russe, dont Evgenia TCHIRIKOVA, militante écologiste russe, informent que, ce jour, a été déposée entre les mains du Parquet de Nanterre (France), une plainte simple relative aux conditions dans lesquelles a été attribué, en 2009, à la société NORTH WEST CONCESSION COMPANY (NWCC), détenue à 100% par la société française VINCI CONCESSIONS RUSSIE, un marché public relatif à la construction de l’autoroute entre Moscou et Saint-Pétersbourg.

De nombreuses enquêtes ont été effectuées ces dernières années par un certain nombre d’ONG européennes et internationales.

Ce travail d’investigation nous a convaincu de l’existence de présomptions sérieuses de la commission par la société VINCI CONCESSIONS RUSSIE, et de personnes morales et physiques restant à identifier, d’infractions pénales financières incluant notamment des faits de corruption d’agents publics étrangers ainsi que du recel de trafic d’influence.

Outre le climat corruptif qui a semblé caractériser dès le début l’attribution de ce marché, ont été dénoncées de graves atteintes à l’environnement, particulièrement à la forêt de Khimki, proche de Moscou.

Les ONG soussignées attendent du Parquet de Nanterre, une réponse judiciaire rapide en adéquation avec la gravité et l’importance des faits dénoncés mais également avec les engagements pris par la France en matière de la lutte contre la corruption.

Elles rappellent sur ce point les recommandations faites à la France en 2012 par le groupe de travail de l’OCDE.

Les ONG soussignées considèrent que la nature des faits, leur caractère international voire leur complexité, justifieraient l’ouverture d’une information judiciaire immédiatement de sorte qu’un ou plusieurs juges d’instruction puissent amorcer sans délai les investigations qui s’imposent.


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