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EntretienPolitique

Yannick Jadot : « Une alliance avec le PS est inenvisageable »

Yannick Jadot est député européen et candidat à la « primaire de l’écologie ». Il participe au second tour et sera opposé à Michèle Rivasi.

Nous avons posé les mêmes questions à Michèle Rivasi.


Reporterre – Quelle est votre position par rapport à une future alliance avec le PS ?

Yannick Jadot – Elle est inenvisageable. Le gouvernement, semaine après semaine, mois après mois, revient sur toute perspective en faveur de l’écologie. Il y avait en 2011 un contrat entre les écologistes et les socialistes, qui prévoyait d’importantes avancées sur l’environnement, en particulier la fermeture potentielle de 24 réacteurs nucléaires d’ici 2025. Mais malheureusement, François Hollande a décidé de déchirer ce contrat. Il est donc totalement exclu de passer un contrat avec un parti et un gouvernement qui tournent le dos à l’écologie. Que ce soit sur la nature, le dérèglement climatique, la transition énergétique, la protection de la biodiversité, les grands projets inutiles que, sur la base d’une logique productiviste toujours prégnante, ils sont incapables de remettre en cause.


Appelleriez-vous à voter, au deuxième tour de la présidentielle, en faveur d’un éventuel candidat PS ?

Je ne m’inscris absolument pas aujourd’hui sur les scénarii du deuxième tour de la présidentielle. Depuis des années, ce que les principaux partis politiques proposent aux électeurs, c’est de voter par défaut, en se revendiquant comme étant moins pire que le pire. Chaque fois qu’on se focalise sur cette logique, on choisit des moins pires qui renforcent le pire. C’est en train de détruire la démocratie dans notre pays et d’accroître la défiance des électrices et des électeurs vis-à-vis des institutions. Par rapport à cela, je veux porter autour du projet écologiste une campagne d’espoir et de réconciliation des Françaises et des Français avec la politique.


En revanche, quel que soit le cas de figure, il y aura des législatives. Même question : une alliance avec le PS ?

Non. Il y aura 577 candidates et candidats pour porter notre message. Mon objectif est qu’ils partent à la bataille des législatives, avec le sourire, l’enthousiasme d’un projet qui aura créé pendant la campagne présidentielle de la curiosité et, j’espère, le maximum d’adhésion. On a besoin de créer un socle électoral fort autour de nos idées, à la fois parce qu’on est seul à les porter, et que c’est le logiciel politique pour sortir notre pays de la nasse.


Et pour le deuxième tour des législatives ?

J’espère que nous aurons un maximum de candidats qui incarneront l’espoir et qui verront sur les territoires d’autres électrices et électeurs se rallier à eux. Donc il n’y a pas d’alliance pour les législatives.


Et par rapport à Jean-Luc Mélenchon et au mouvement qu’il représente ?

Tant mieux que Jean-Luc Mélenchon ait évolué sur les questions environnementales ! Mais l’écologie n’est pas seulement la proclamation d’objectifs environnementaux, c’est aussi la prise en main par les citoyens à l’échelle où ils sont de la question environnementale. Donc ça veut dire rééquilibrer au profit des citoyens la relation à l’Etat, ça veut dire plus de compétences à l’échelle des régions, ça veut dire de la souveraineté partagée à l’échelle européenne. L’écologie ne peut pas se résumer à ce qui apparaît trop souvent comme une forme de national-étatisme, qui est aussi une impasse en matière d’écologie.


Après le cycle électoral de 2017, comment rebâtir un grand mouvement alliant écologie et souci de justice sociale ?

Il y a un espace fort à gauche pour un pôle que je qualifierai de gauche pro européenne, écolo, sociale, ouverte sur la société et le monde, qui ne soit ni le socialisme, ni le libéralisme autoritaire, ni le national-étatisme. Ce pôle est à créer, dans son organisation, dans sa structuration, dans son incarnation. J’ai confiance que le pôle écolo sera au cœur de cette recomposition, parce que les grandes idées modernes sur la société, sur le métissage, sur le changement des institutions, sur l’Europe, sur la souveraineté à l’échelle des territoires, et évidemment sur la prise en compte de la nature et des questions environnementales, seront au cœur de cette recomposition. Pour réussir cela, il faut que sur toute la séquence 2017, on soit en autonomie et qu’on en sorte crédibilisé et renforcé.

- Propos recueillis par Hervé Kempf

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