730 tonnes de pesticides se retrouvent chaque année dans nos rivières

Les pesticides « se déplacent très loin, s’infiltrant dans les aquifères, les rivières, les océans et les sols », indiquent les chercheurs de l'étude. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Tim Kiser
Les pesticides « se déplacent très loin, s’infiltrant dans les aquifères, les rivières, les océans et les sols », indiquent les chercheurs de l'étude. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Tim Kiser
730 tonnes — soit 730 000 kilos — de pesticides finissent chaque année dans nos cours d’eau à travers le globe. C’est l’un des résultats inquiétants d’une étude parue le 12 juillet dans la revue Nature. Cette analyse mondiale — la première de cette ampleur — révèle que les phytosanitaires, loin de rester sur les plantes, « se déplacent très loin, s’infiltrant dans les aquifères, les rivières, les océans et les sols ».
Environ 3 millions de tonnes de pesticides agricoles sont utilisées chaque année dans le monde, « mais on sait peu de choses sur les lieux et les environnements dans lesquels ces produits chimiques aboutissent après leur application initiale », ont précisé les chercheurs de l’université de Sydney (Australie), à l’origine de cette étude. L’objectif était donc de suivre le cheminement de ces molécules toxiques dans l’environnement.
Les scientifiques se sont concentrés sur 92 substances actives de pesticides agricoles les plus utilisées. Sur les 940 000 tonnes de produits examinées, « 82 % sont dégradés biologiquement, 10 % restent sous forme de résidus dans le sol et 7,2 % sont lessivés », et se retrouvent dans les aquifères. Dans les cours d’eau, très peu sont dégradés : les chercheurs ont observé une pollution au-delà des niveaux de sécurité (fixées à 0,1 microgramme par litre et par substance) sur plus de 13 000 km de rivière. À l’arrivée, 710 tonnes se déversent tous les ans dans les océans.
« Sur le papier, un taux de lessivage de 0,1 % dans les cours d’eau douce ne semble pas énorme, a précisé l’un des auteurs, Federico Maggi, dans un communiqué. Mais il suffit d’une quantité infime de pesticides pour avoir un impact négatif sur l’environnement. »
Les chercheurs se sont également montrés prudents : il est fort probable que les quantités données soient « sous-estimées ». Certains pesticides désormais interdits n’ont pas été tracés, alors qu’ils peuvent persister longtemps dans l’environnement. Les scientifiques n’ont pas non plus analysé les pesticides utilisés en aquaculture ou dans les jardins privés et les espaces verts.
Dernier point, et non des moindres, l’étude a montré qu’environ 80 % des pesticides appliqués se dégradent en molécules filles. Or ces sous-produits « peuvent persister dans l’environnement pendant une longue période et être tout aussi nocives que la molécule mère ou le pesticide appliqué, a indiqué le professeur Maggi. Le glyphosate en est un exemple. Bien qu’il soit hautement dégradable, il se décompose en une molécule connue sous le nom d’Ampa qui est à la fois très persistante et toxique ». Une pollution insuffisamment étudiée et prise en compte.