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« Répondre à son cousin jancoviciste » : à Rouen, une fête pour élargir la lutte antinucléaire

L'utilité du débat public autour du nucléaire est remise en question par les militants, qui regrettent un passage en force du gouvernement.

La lutte antinucléaire se renouvelle. Jusqu’au 1er mars, Rouen (Normandie) accueille le festival Rou’antinuke. Dans son viseur : la construction de deux réacteurs EPR2 à Penly.

Rouen (Normandie), reportage

We the power, soit « nous le pouvoir ». C’est par une projection de film sur la reprise en main locale de la production électrique qu’a débuté le festival Rou’antinuke, jeudi 23 février à Rouen. Soit sept jours de débats, d’ateliers et de films à l’initiative de collectifs antinucléaires locaux et nationaux, tels que Stop EPR ni à Penly ni ailleurs et la branche locale d’Alternatiba .

« L’enjeu, c’est de décloisonner la lutte antinucléaire, dit à Reporterre Joël Domenjoud du réseau Sortir du nucléaire, qui coorganise l’évènement. Que ceux qui la portent depuis des années puissent restituer ce qu’ils ont appris à un public plus jeune et plus large. »

« Comment répondre à son cousin jancoviciste ? »

Un coup d’œil au programme le montre : une formation « Comment répondre à son cousin jancoviciste ? » — comprendre pronucléaire —, une discussion sur l’écoféminisme, une conférence sur la sobriété... Ce rassemblement sera aussi l’occasion de faire le point sur la capacité du mouvement nucléaire à faire face aux projets du gouvernement.

« C’est important de saisir ces moments de rencontre parce que la relance du nucléaire, c’est maintenant », dit Joël Domenjoud. Le projet de loi visant à accélérer la construction de six nouveaux réacteurs a été largement adopté en première lecture au Sénat fin janvier — il comprenait des amendements entérinant la construction des deux premiers EPR2 à Penly, en Normandie. De quoi mettre du plomb dans l’aile à un débat public commencé il y a trois mois et fort critiqué par les écologistes. À la suite de ce vote, Greenpeace ainsi que Sortir du nucléaire avaient d’ailleurs claqué la porte des discussions.

Lire aussi : Relance du nucléaire : le gouvernement légifère avant la fin du débat public

La réunion de clôture du grand débat national, portant sur la construction de ces deux réacteurs, devait se tenir à Rouen le 27 février. Le festival prévoyait d’ailleurs à l’origine un rassemblement devant l’édifice pour dénoncer ce débat — « une mascarade », jugent de nombreux militants. Échaudée, la Commission nationale du débat public (CNDP) l’a annulé.

Dans un communiqué désabusé début février, qui s’ouvrait par la phrase « À quoi sert ce débat ? », la Commission revenait sur le passage en force du gouvernement. Le « cœur même du débat public » est remis en question, fustigeait l’organisme. Et pour cause, le Conseil de politique nucléaire réuni le 3 février par Emmanuel Macron affirmait que la reprise coûte que coûte de la filière ne faisait aucun doute. Alors, pourquoi débattre ?

« On ne pensait pas que ce serait aussi scandaleux »

« Pour nous il était évident dès le départ que ça allait être biaisé, mais on ne pensait pas que ce serait aussi scandaleux », résume Joël Domenjoud. Le réseau Sortir du nucléaire avait néanmoins fait le choix d’y participer : « Rentrer dans le débat, c’était pouvoir le dénoncer de l’intérieur. Pas en prenant à partie la CNDP mais en prenant à partie le gouvernement. »

Face à un ersatz de débat public, l’intérêt du festival de Rouen redouble, selon Joël Domenjoud. Car il propose, enfin, un espace de débat pour poser la question du nucléaire au grand public tout en solidifiant la résistance à l’échelle de la Normandie contre le projet de Penly.

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