Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefTraités de libre-échange

Accord UE-Mercosur : la France affiche son opposition, mais ne renonce pas au texte

La France ne signera pas l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur « en l’état », a affirmé à l’AFP le ministre du Commerce extérieur Franck Riester, jeudi 4 février. Cette prise de position — affichée à la sortie du Comité de suivi de la politique commerciale — rejoint la déclaration du Premier ministre Jean Castex en septembre 2020. Il avait alors exprimé l’intention de la France de s’opposer au texte « en l’état ».

Franck Riester a rappelé qu’il attendait « des garanties tangibles et objectivables » des quatre pays concernés (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) « sur l’environnement et les normes sanitaires ».

L’accord devrait favoriser des importations de bœuf, responsables de déforestation

Cet accord de libre-échange, conclu en 2019 après plus de vingt ans de négociations, a pour but de supprimer la majorité des droits de douane sur les échanges entre l’Union européenne et les quatre pays d’Amérique latine. Il devrait favoriser les exportations des entreprises européennes d’automobile, de chimie ou encore d’habillement, et les importations de production agricole (bœuf, volailles, sucre...). Ces dernières laissent notamment craindre une hausse de la déforestation. D’où la demande de la France de mettre en place dans l’accord des garanties sur l’environnement.

« Nos exigences sont claires, nous devons travailler sur le fond pour les rendre les plus objectivables possible afin d’avancer sur l’accord », a poursuivi Franck Riester. Et de dénoncer des récents engagements du Brésil en matière de réduction de gaz à effet de serre « encore moins ambitieux que les précédents ».

« Si le Brésil change ses positions lors de la COP26 [prévue en novembre en Écosse], cela irait dans le bon sens, mais il faudrait en plus des éléments tangibles de vérification » a ajouté le ministre, en citant notamment le besoin d’un « instrument technique et juridique européen permettant de vérifier que chaque importation n’a pas d’impact négatif sur la déforestation ».

Le ministère travaille donc à une série de conditions additionnelles au texte de l’accord, mais refuse de rouvrir les négociations en tant que telles. Une attitude dénoncée par les ONG présentes au Comité de suivi de la politique commerciale. « Si la France comptait vraiment modifier l’accord sur le fond, le renégocier pourrait être stratégique, a avancé Maxime Combes, économiste et membre du collectif Stop Ceta Mercorsur, auprès de nos confrères de L’Humanité. Mais là, réellement, rien n’est clair. »

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende