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Belgique, Allemagne : la fermeture des réacteurs nucléaires reportée ?

La centrale nucléaire de Doel, en Belgique, est encore en activité. Ici, en 2014.

Confrontée à la hausse des prix de l’énergie causée par la guerre contre l’Ukraine, la Belgique pourrait renoncer à sortir du nucléaire comme prévu en 2025 et prolonger l’exploitation de deux de ses sept réacteurs, a indiqué l’Agence France-Presse (AFP) lundi 7 mars.

Le Premier ministre, Alexander De Croo, a admis le 7 mars sur la RTBF que la Belgique était en train de « réévaluer » sa stratégie dans un contexte géopolitique « complètement différent » de ce qu’il était fin décembre. Le même jour, Jean-Marc Nollet, coprésident du parti écologiste belge Ecolo-Groen favorable à une sortie rapide du nucléaire, reconnaissait dans le journal Le Soir que « les prix augmentent, et que l’indépendance de la fourniture n’est plus garantie, et donc il est logique de se demander si la même question [des conditions d’une sortie du nucléaire] ne mérite pas une autre réponse ».

Le 23 décembre, les sept partis de la coalition au pouvoir avaient conclu un accord pour l’arrêt des sept réacteurs belges en 2025 au plus tard. Cet accord envisageait toutefois le maintien de 2 gigawattheures de capacité, soit deux réacteurs, si des problèmes de « sécurité d’approvisionnement » et de « maîtrise des prix » se posaient.

Des décisions à « reconsidérer », selon l’AIE

Même hésitation pour l’Allemagne, qui devait fermer ses trois derniers réacteurs encore en fonctionnement fin 2022. Interrogé par la chaîne de télévision ARD sur le prolongement de ces installations, le ministre écologiste allemand de l’Économie et de la Protection du climat, Robert Habeck, a reconnu que « cela [faisait] partie des tâches de [son] ministère de répondre à cette question », selon l’agence anglaise Reuters le 27 février. « Je ne la rejetterai pas pour des raisons idéologiques », a également assuré le ministre.

Le ministre-président (CSU) de Bavière, Markus Söder, a pour sa part réclamé un prolongement de trois à cinq ans de la durée de fonctionnement des réacteurs, qui serait « dans cette situation d’urgence une bonne transition pour produire de l’électricité bon marché », a rapporté le média allemand Rheinische Post le 8 mars.

La centrale Isar 2, en Allemagne, dont l’un des réacteurs en toujours en activité. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/E.ON Kernkraft GmbH

Le prolongement de ces réacteurs n’est cependant pas acquis. « L’examen préliminaire a montré [qu’il] ne nous aide pas pour l’hiver 2022-2023 », a précisé M. Habeck. Les groupes qui exploitent les trois réacteurs encore en activité, RWE pour Emsland, Eon pour Isar 2 et EnBW pour Neckarwestheim 2, se sont montrés réticents. Les plans sociaux sont déjà en place. Surtout, un approvisionnement imprévu en combustible neuf pourrait se révéler très compliqué. « D’après une première estimation, nous estimons que des éléments de combustible frais pourraient être disponibles dans un peu plus d’un an et demi », a déclaré la porte-parole de PreussenElektra, la filiale nucléaire d’Eon, au Rheinische Post.

Le 3 mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a appelé les pays nucléarisés d’Europe à « reconsidérer » leurs décisions de fermeture de réacteurs, indique le média Contexte. Selon l’organisation, un report temporaire de la fermeture des cinq réacteurs nucléaires programmée en Europe en 2022 et 2023 permettrait de réduire la demande de gaz de presque 1 milliard de mètres cubes par mois, et donc la dépendance au gaz russe. Le sujet devrait être au menu du sommet européen de Versailles les 10 et 11 mars.

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