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Luttes

Ce samedi, le mouvement social et écologiste déconfine par des manifestations à travers la France

De multiples appels à manifester ce samedi ont fleuri sur les réseaux sociaux, notamment en soutien à l’hôpital. Ils suivent plusieurs rassemblements spontanés depuis la fin du confinement, dans le but de rappeler qu’« être masqué, ce n’est pas être bâillonné ».

Après deux mois de bouillonnement cybernétique, la mobilisation sociale bruisse à nouveau dans l’air. Déjà, toute la semaine, des actions ont bourgeonné, comme celle organisée sous forte pression policière à Saint-Denis le 11 mai. Plusieurs rassemblements spontanés ont également vu le jour à l’initiative de soignants. À Saint-Étienne (Loire), 300 personnes se sont réunies au centre hospitalier pour « dénoncer des réorganisations de service ainsi que des fermetures de lit décidées en pleine crise sanitaire et sans concertation ». Même type d’assemblée contestataire devant l’hôpital Robert-Debré de Paris. Des collectifs de soignants ont également mené les premières réquisitions de masques dans des supermarchés, afin de les distribuer gratuitement à des personnes vulnérables.

Samedi 16 mai, plusieurs actions sont ainsi prévues en soutien aux revendications des hospitaliers, comme à Nancy. Plus largement, ce samedi constitue le premier rendez-vous national post-confinement. Plusieurs appels à manifester ont circulé cette semaine sur la toile — marqués des slogans « Bas les masques » ou « Déconfine ta colère » — à l’instar du post relayé par le média militant Cerveaux non disponibles :

Une « rentrée » sociale particulière

Le 16 mai, organisons de multiples actions de solidarité pour participer à la « libération » des masques. Nous appelons à des actions hautement symboliques partout en France (…) Déclarations solennelles publiques, bruit de casseroles, distributions, à vos imaginations… Nous reprendrons les choses en main, pour des jours plus heureux… Dans le respect toujours TOTAL des précautions sanitaires, masques, distanciation physique, petits groupes, protégeons-nous et prenons soin les uns les autres. À chacun et chacune de mettre en place ses actions de façon autonome, en préservant la sécurité avant tout.

Partout en France, des collectifs ont répondu présent et commencé les préparatifs de cette « rentrée » sociale particulière, reprenant dans leur communication les recommandations sanitaires : venir masqués, par groupes de dix, en respectant les distances physiques de protection. Malgré tout, les pouvoirs publics n’ont pas vu d’un très bon œil ces rassemblements. Ainsi à Toulouse (Haute-Garonne), la préfecture de Haute-Garonne a décidé d’interdire la manifestation lancée par des Gilets jaunes. En début de semaine, les commerçants et le Medef local avaient fait part de leurs craintes de voir le centre-ville une nouvelle fois déserté : « La période qui s’ouvre post-confinement doit, au contraire, permettre de redonner confiance aux consommateurs et de les attirer à nouveau dans nos commerces », écrivaient-ils. Curieusement, outre les motifs sanitaires, la préfecture a fait valoir l’article 6 de la loi du 10 avril 2019 qui punit d’un an d’emprisonnement et de 15.000 € d’amende la dissimulation volontaire du visage lors d’une manifestation sur la voie publique.

À Montpellier (Hérault), une assemblée pour les luttes appelait dès le 2 mai à une manifestation masquée afin d’exiger « la fin immédiate de l’état d’urgence sanitaire » et « la libération des détenues et des exilées enfermées ». Comme à Toulouse, le préfet a dit niet, le 14 mai, arguant de « risques de troubles à l’ordre public » et « des mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 et notamment la distanciation physique d’au moins un mètre entre deux personnes ». Selon nos informations vendredi soir, les deux manifestations occitaniennes de ce samedi étaient toujours maintenues, malgré les interdictions. De son côté, la préfecture du Rhône a interdit « les cortèges, défilés et rassemblements revendicatifs » samedi 16 mai de 8h à 22h dans le centre de Lyon alors que circulent des appels à y manifester.

« Stop au monde tel qu’il est ! Nous n’avons plus à subir ce produit périmé ! » 

Ailleurs, des mobilisations sont organisées par des collectifs écolos. À Rouen (Seine-Maritime), Alternatiba, Extinction Rebellion et d’autres associations ont invité chacun et chacune, « masqué.e.s mais pas baillonné.e.s, à venir vous mobiliser pour le “jour d’après”, car c’est aujourd’hui qu’il commence ! » Le mouvement Extinction Rebellion a également appelé à des actions anti-pub, « pour qu’il n’y ait pas de retour à l’anormal », dans plusieurs villes de France — Grenoble (Isère), Besançon (Doubs), Nantes (Loire-Atlantique), Bordeaux (Gironde), Marseille (Bouches-du-Rhône), Lille (Nord), Paris, Montpellier (Hérault), ainsi qu’à La Réunion.

À Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), un nouveau collectif, les Brioches masquées, a prévu un carnaval contestataire, donnant un écho aux propos tenus par l’écrivain Alain Damasio dans Reporterre.

(…) Avec des masques colorés, des déguisements et des slogans à pied, à vélo, en brouette… Reprenons la rue pour partager nos joies et nos colères à l’occasion d’un carnaval festif et revendicatif ! Stop au monde tel qu’il est ! Nous n’avons plus à subir ce produit périmé ! Cette crise sanitaire l’a prouvé : la compétition, la course financière, l’individualisme et le saccage de notre environnement peuvent être stoppés net (…) Ne les laissons pas jouer sur la peur légitime du virus pour nous isoler, nous bâillonner et nous imposer un lendemain encore plus libéral et sécuritaire.

Des mobilisations qui vont se tenir dans le contexte particulier de l’état d’urgence sanitaire. Le 13 mai dernier, des Gilets jaunes ont bravé l’interdit en se rassemblant à Metz (Moselle) : 135 € d’amende pour tout le monde, et l’organisatrice présumée sera convoquée devant le tribunal de Metz le 15 décembre prochain. Cependant, d’autres actions, notamment celles organisées en milieu rural, ont déjà pu se dérouler sans pression policière. Ainsi, autour de Faux-le-Montagne et de Tarnac (Creuse), dans la montagne limousine, près de 200 personnes ont marché, le 10 mai dernier, contre la société de contrôle et contre dégradation des écosystèmes et forêts du plateau de Millevaches.

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