Chez EELV on ne cumule pas les mandats, sauf quand on est Julien Bayou

Julien Bayou arrivant au QG de la Nupes, le soir du premier tour des législatives, le 12 juin 2022. - © Tiphaine Blot/Reporterre
Julien Bayou arrivant au QG de la Nupes, le soir du premier tour des législatives, le 12 juin 2022. - © Tiphaine Blot/Reporterre
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PolitiqueChez EELV, on ne cumule pas. Sauf que depuis les résultats des législatives, certains députés n’ont toujours pas quitté leur fonction au sein du parti. C’est le cas de Julien Bayou, le secrétaire national des Verts.
Faut-il rappeler aux Verts leurs propres règles de fonctionnement ? Si Europe Écologie-Les Verts (EELV) a fait de la lutte contre le cumul des mandats l’un de ses chevaux de bataille, certains élus écologistes ont du mal à respecter ce principe.
Depuis le 22 juin, les députés ont commencé leur mandat à l’Assemblée nationale. Parmi eux, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV et conseiller régional d’Île-de-France, mais aussi Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe, Éva Sas, porte-parole, et Jérémie Iordanoff, également adjoint au secrétaire national. « Éva Sas et Jérémie Iordanoff ont annoncé leur démission en interne, mais ce n’est pas le cas de Sandra Regol et de Julien Bayou, rappelle Alain Coulombel, porte-parole du parti, présent lors du Conseil fédéral le premier week-end de juillet. Cela pose problème vis-à-vis des règles statutaires, car il ne peut pas y avoir de cumul de mandats avec certains postes du bureau exécutif. Cela concerne d’ailleurs aussi bien les secrétaires adjoints. »
ça s'agite au conseil fédéral d'EELV. Pour ne pas cumuler (les zécolos aiment pas), les députés Jérémie Iordanoff et Eva Sas ont annoncé quitter la direction
C'est aussi une façon très amicale de mettre la pression sur Bayou qui lui cumule présidence du groupe et du parti...
— Arthur Nazaret (@ArthurNazaret) July 2, 2022
En effet, le règlement intérieur d’EELV est clair : le nombre de parlementaires est limité à 25 % au sein du bureau exécutif et les membres ne peuvent être en même temps secrétaire national, porte-parole ou délégué aux élections et siéger à l’Assemblée nationale. Pour le porte-parole d’EELV, cela pose de vraies difficultés de fonctionnement : « Pour le moment nous avons du mal à travailler, car Julien Bayou est très occupé. Il n’a pas n’importe quel poste : il est coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Rien que pour l’organisation des réunions, cela pose problème. Nous nous réunissons chaque semaine depuis deux ans et demi le mardi après-midi, et aujourd’hui, c’est à nous de nous adapter à son agenda. »
Des désaccords au sein du parti
Malgré des grilles de cumul assez strictes dans le règlement intérieur, les membres ne sont pas tous du même avis. Au devoir d’exemplarité sur le non-cumul des mandats, certains préfèrent assurer la continuité. C’est le cas de Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV, élue députée de la 1re circonscription du Bas-Rhin : « Nous avons besoin de stabilité : si Julien Bayou reste, c’est aussi pour montrer aux militants qu’il continue à soutenir l’action du parti. » Si la secrétaire nationale adjointe affirme « alléger petit à petit » sa fonction jusqu’au prochain congrès, elle soutient en même temps n’avoir aucun souci à se représenter : « Nous sommes les deux personnes un peu visibles au sein du parti. Notre mandat est important. »
Contacté à plusieurs reprises par Reporterre, Julien Bayou a simplement notifié par SMS [1] qu’un « groupe de travail avait été mis en place » sur le sujet et qu’il communiquerait une fois que celui-ci « aurait remis ses conclusions ».
Quant à Jérémie Iordanoff, qui a décidé — au même titre qu’Éva Sas — de quitter ses fonctions « faute de temps », il ne se positionne pas concernant les choix des élus également membres de la direction des Verts. Une partie des membres d’EELV prêche donc la tolérance, mais jusqu’à quand ?
Si le congrès élit les futurs membres du bureau exécutif pour les trois ans à venir au mois de décembre, « rien ne dit qu’il aura effectivement lieu ce mois-ci, prévient Alain Coulombel. Le risque, c’est de voir cette situation s’éterniser. À la rentrée, le gouvernement sera sous le feu de la pression politique, et si nous n’avons pas une direction solide et opérationnelle, la période transitoire pourrait s’allonger au détriment du mouvement ».