Chronologie de la catastrophe
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Catastrophes nucléairesDu vendredi 11 mars au mardi 22 mars. Fukushima, de « l’incident » à la catastrophe.
Le séisme d’une intensité de 8,9 qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 et ses multiples répliques ont provoqué l’arrêt d’urgence de 11 réacteurs situés entre 50 et 350 km au nord de Tokyo. En l’absence de courant électrique et de pannes des groupes électrogènes (certains n’ont pu être alimentés en carburant), les pertes de contrôle de ces réacteurs ont entraîné une surchauffe progressive de leurs cœurs. Malgré les tentatives désespérés des ingénieurs qui ont essayé de faire baisser la pression en ouvrant des soupapes, ou en noyant les bâtiments sous l’eau de mer, la catastrophe n’a pas pu être évitée. Les informations diffusées ont été extrêmement confuses… Le Réseau Sortir du nucléaire a rappelé que TEPCO, l’EDF local, a été condamné 27 fois par la justice japonaise pour avoir diffusé de fausses informations lors d’accidents précédents.
Les heures sont données à l’heure française, en décalage de six heures sur l’heure japonaise : quand il est 12 h 00 à Paris, il est 18 h 00 à Tokyo.
Vendredi 11 mars
* 22h47, l’alerte est atteinte au réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi (6 réacteurs, 3 à l’arrêt au moment du tremblement de terre). Ce réacteur de 439 MWe, mis en route en 1970, présente alors une radioactivité à l’extérieur de l’enceinte mille fois supérieure à la normale.
Samedi 12 mars
* 7h36, l’enceinte du bâtiment réacteur n°1 explose. La télévision japonaise filme en direct : on voit des flammes gigantesques sortir du bâtiment et un immense nuage de poussières s’élever à plusieurs centaines de mètres. Les autorités ont déjà évacué la population à 10km à la ronde et étendent la mesure à 20 km (50 000 personnes). Elles demandent aux personnes habitant dans un rayon de 50 km de s’enfermer chez elles. Le vent souffle de sud-est emmenant le nuage radioactif au large… et vers l’Alaska et le Canada. A noter que les réacteurs japonais sont plus résistants aux séismes que les réacteurs français (5 enceintes au lieu de 3). Officiellement, c’est une bulle d’hydrogène qui a fait sauter le bâtiment. Le cœur est alor s en fusion… à l’air libre ! (détection de césium dans le nuage). De l’eau de mer enrichie en bore est injectée pour essayer de noyer le cœur. La radioactivité sur le site est alors mesurée à 10 000 fois la normale. L’utilisation de l’eau de mer provoque une corrosion qui condamne définitivement le réacteur.
* 13h30, l’alerte est donné sur le site de Fukushima-Daini (4 réacteurs), 12 km plus au sud et une évacuation des populations commence dans un rayon de 20 km (50 000 personnes de plus). A la même heure, en France, l’Autorité de Sûreté nucléaire promet la transparence.
* 16h, début de la distribution de pastille d’iode dans un rayon de 50 km autour des deux sites nucléaires. L’iode protège du cancer de la thyroïde mais pas des autres cancers : le césium et le strontium attaquent la moelle osseuse, le plutonium les poumons, le carbone va partout. L’accident est d’abord estimé de niveau 4 (par comparaison : Three Mile Island a été classé au niveau 5, Tchernobyl au niveau 7, le plus haut niveau). Il passera à 6 le 14 mars.
* 16h10 : le gouvernement allemand invite ses ressortissants habitants Tokyo ou plus au nord à partir vers le sud du pays.
* 21h50, l’AIEA annonce que 140 000 personnes au total ont déjà été évacuées.
Dimanche 13 mars
* 0h, le gouvernement japonais annonce que sur onze réacteurs arrêtés en urgence un seul s’est arrêté selon une procédure correcte. Il annonce également que des délestages électrique (3h par jour à tour de rôle au moins jusqu’à fin avril, sauf dans le centre de Tokyo) vont être effectués sur l’ensemble du pays. Il lance un appel à la Russie pour que celle-ci fournisse plus de gaz.
* 7h47, la radioactivité dans la ville de Miyagi, à 80 km du site de Fukushima-Daiichi, est annoncée par TEPCO comme étant 400 fois supérieure à la normale.
* 9h, l’ambassade de France à Tokyo incite les résidents français (environ 9000) à quitter la capitale pour aller plus au sud.
* 10h, Greenpeace s’interroge sur l’usage de l’eau de mer, une solution « catastrophe » car le sel va non seulement corroder les métaux, mais en se déposant risque de bloquer des conduites assez rapidement.
* 15h, l’état d’urgence est déclaré à la centrale d’Onagawa, plus au nord que l’autre, suite à une hausse de la radioactivité (700 fois la normale). Il pourrait s’agir du nuage radioactif du réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi
* 15h50, six journalistes japonais ont réussi à rejoindre une commune à 2km de Fukushima-Daiichi. Ils se sont arrêtés quand les compteurs de mesure se sont bloqués à plus de 1000 mSV/heure (cela veut dire qu’en une heure on reçoit 1000 fois la limite annuelle autorisée pour le public). Ils dénoncent le fait qu’ils n’ont vu aucun panneau sur la route, ni aucun barrage policier pour les empêcher de passer.
* 18h, manifestation de 3 à 500 personnes à Paris, place du Trocadéro, à l’appel du Réseau Sortir du nucléaire. Présence de Dominique Voynet, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon.
* 20h, au JT de France 2, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie dénonce l’opportunisme des antinucléaires français et se félicite du « retour d’expériences qui va permettre d’améliorer la sûreté des centrales en France ». Henri Guaino, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, déclare lui : « L’accident nucléaire au Japon pourrait favoriser l’industrie française dont la sécurité est une marque de fabrique ». Jean-François Coppé : « En aucun cas, ces accidents ne doivent remettre en cause les choix stratégiques du pays en matière d’énergie ». Eric Besson : « Cet accident n’a rien à voir avec Tchernobyl ».
* 21h, l’autorité de sûreté nucléaire du Japon annonce que 6 réacteurs au moins sont en difficulté : les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daiichi, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daini (à 12 km du premier site) où des soupapes ont été ouvertes pour éviter l’explosion des bâtiments, libérant autant de nuages radioactifs.
* 21h, Nicolas Hulot et Daniel Cohn-Bendit demandent un référendum sur la question du nucléaire.
* 23h30, explosion du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi (760 MW). Celui-ci fonctionne depuis le 22 septembre 2010, avec un combustible mixte uranium-plutonium (MOX) fourni par Areva, beaucoup plus toxique que le premier réacteur. 7 personnes travaillant sur la centrale sont portées disparues. Le système de refroidissement est détruit. Au moins 90 personnes intervenant dans la zone évacuée ont été irradiées.
Lundi 14 mars
* 4h, la radioactivité monte au nord de Tokyo : le nuage parti de Fukushima 1 revient du large à la suite du changement de sens du vent. Il semble aussi que le nuage qui sort de Fukushima 3, plus radioactif que l’autre, soit plus conséquent.
* 5h, le gouvernement des Etats-Unis annonce que son porte-avion Ronald Reagan placé en secours au large du Japon pour l’alimentation des hélicoptères, a traversé un nuage radioactif important et que son équipage a reçu une dose équivalente au maximum autorisé en un mois.
* 14h, le gouvernement japonais annonce que 180 000 personnes sont déplacées autour des différents sites nucléaires et au moins 187 personnes contaminées.
* 16h, le réacteur n°2 de Fukushima semble maintenant en péril. L’exploitant annonce son intention de relâcher des gaz pour éviter une explosion plus grave.
* 18h, Angela Merckel annonce la suspension des autorisations de prolongement des réacteurs nucléaires allemands… pour trois mois. Concrètement, deux centrales devraient donc être arrêtées. Des manifestations pour l’arrêt du nucléaire se déroulent spontanément dans 450 villes réunissant plus de 100 000 personnes.
* 20h, les associations qui ont participé au Grenelle de l’Environnement ont rencontré Nicolas Sarkozy lors d’une réunion prévue de longue date. Elles ont demandé l’ouverture d’un débat sur la question du nucléaire et de l’énergie en général (pétrole, gaz de schistes, renouvelables, économies d’énergie…). En réponse, Sarkozy a répondu « Pas question de sortir du nucléaire ». Sarkozy s’est même vanté devant des parlementaires UMP : « Si on a perdu des marchés et des appels d’offres, c’est parce qu’on est les plus chers. Et si on est les plus chers, c’est parce qu’on est les plus sûrs ! » Et le plus gros mensonge : « L’EPR, je connais bien le chantier, j’y suis allé plusieurs fois. Je suis désolé de dire ça, mais on a la double coque ! Le principe de la double coque, c’est que si un Boeing 747 s’écrase sur une centrale, le réacteur n’est pas touché ». Rappelons que le Réseau Sortir du nucléaire a été poursuivi en justice (mais a bénéficié d’un non-lieu) pour avoir rendu public en 2003 un document « confidentiel défense » qui dit exactement le contraire.
* 20h, le gouvernement Suisse annonce la suspension des projets de nouveaux réacteurs dans le pays et une étude sur la poursuite des cinq réacteurs actuellement en fonctionnement. Le gouvernement indien annonce une inspection générale de ses installations (20 petits réacteurs pour 4780 MW au total)
* 20h, la plupart des grandes entreprises françaises, Areva en tête, ont fait évacuer leurs salariés vers la Corée du Sud, Hong-Kong ou la France. Air-France annonce que ses vols sont saturés.
* 21h45, la fusion des cœurs des réacteurs 1 et 3 de Fukushima-Daiichi est officielle. Comme ces réacteurs sont à l’air libre, cela signifie que le nuage qui en sort est de plus en plus radioactif.
Mardi 15 mars
* 0h03, explosion du réacteur n°2 de Fukushima-Daiichi. Le personnel avait été en partie évacué. Selon Tepco, il reste 50 personnes sur le site de Fukushima-Daiichi. 800 ont quitté leur poste. C’est la confusion totale, plus rien n’est sous contrôle. L’armée américaine est appelée en renfort. La radioactivité au niveau de la centrale est 10 000 fois supérieure à la limite autorisée.
* 0h30 : le vent tourne et le nuage radioactif se dirige vers Tokyo. Le gouvernement lance un appel : les femmes et les enfants sont encouragés à partir vers le sud de l’archipel ou à l’étranger.
* 1h30 : les journalistes sont interdits à moins de 30 km de la centrale. 200 000 personnes vivant entre 20 et 30 km du site sont en cours d’évacuation. Le survol des lieux est interdit dans un rayon de 30 km.
* 2h : nouvelle explosion sur le réacteur n°2 avec brutale hausse de la radioactivité. La radioactivité au niveau de la centrale est 70 000 fois supérieure à la limite autorisée. Une telle exposition pendant douze heures est considérée comme mortelle. Le cœur du réacteur n°2 pourrait être à l’air libre.
* 7h : le site du Spiegel en Allemagne publie une première carte de la dispersion du nuage radioactif et des entretiens avec des spécialistes allemands : ceux-ci pensent qu’il ne peut s’agir d’une explosion d’hydrogène, mais bien d’une explosion nucléaire, et ceci pour les trois réacteurs.
* 8h50, le Monde annonce que les habitants de la côte ouest des Etats-Unis se jettent sur les pastilles d’iode.
* 9h44, alors que les réacteurs 4 à 6 de Fukushima-Daiichi sont à l’arrêt, des déchets du réacteur n°4 stockés dans une piscine proche du n°3 se retrouvent à l’air libre, l’eau s’évaporant, l’agence de presse Kyodo annonce que des déchets se sont enflammés. Or ces déchets sont très radioactifs. Les réacteurs 5 et 6 présentent aussi une chaleur anormale.
* 10h15, Le niveau de radioactivité relevé dans la préfecture de Chiba, située juste à l’est de Tokyo, est plus de dix fois supérieur à la normale, rapporte l’agence de presse Kyodo. A Kanagawa, 10 fois plus que la normale. A Ibaragi, 100 fois la normale. La pluie commence à tomber précipitant les particules radioactives au sol.
* 10h25, Deux brèches de huit mètres de large sont apparues dans l’enceinte extérieure du réacteur n°4 de la centrale Fukushima-Daiichi, réacteur à l’arrêt mais soumis à une chaleur extrême.
* 10h49, selon l’AFP, Dominique de Villepin a interpellé le gouvernement en l’accusant d’être dans le déni.
* 12h, Le gouvernement allemand a décidé d’arrêter provisoirement sept réacteurs nucléaires construits avant 1980 (il en resterait donc 10 en activité).
* 12h, « On s’achemine vers une catastrophe nucléaire » déclare à la presse Nathalie Kosciusko-Morizet.
* 13h, des rassemblements silencieux se tiennent dans une trentaine de villes en France (200 personnes à Marseille, Lyon, Bordeaux, Mulhouse, 100 à Paris, Grenoble…)
* 17h, Le titre Areva a perdu 18 % à la bourse en deux jours. C’est Areva qui avait fournit le MOX pour le réacteur n°3 de Fukushima-Daiichi. Celui de TEPCO a perdu 42 %.
* 17h15, Radio-France donne l’ordre à ses sept journalistes présents au Japon de quitter le pays. France-Télévision fait de même à 22h30. RTL, Europe 1, i-télé annonce le repli de leurs équipes à Osaka. Alors que France 24 donne l’ordre à ses journalistes d’essayer d’aller plus au nord !
* 22h45, début d’incendie visible sur le toit du réacteur n°4 de Fukushima-Daiichi. Des techniciens collectent des données à partir d’un abri situé à l’extérieur des réacteurs et en allant sur place quelques minutes seulement.
mercredi 16 mars
0h20, l’incendie sur le réacteur n°4 semble éteint.
2h, le vent tourne et le nuage épargne maintenant Tokyo. La radioactivité y est toutefois encore de 300 fois plus haute que la normale. Dans les gares, les trains partent bondés vers le sud.
3h30, après une baisse de la radioactivité locale, 700 personnes sont mobilisées et se relaient par groupe de 70 pour injecter de l’eau sur les réacteurs 1 et 3. Ces « liquidateurs » sont médicalement condamnés.
4h56, nouveau séisme de niveau 6 dont l’épicentre est au sud-ouest de Tokyo.
7h45, la Chine bloque les mots « fuite » et « nucléaire » sur son réseau internet.
8h45, TEPCO annonce que la température des piscines de stockage des déchets des réacteurs 5 et 6 est en hausse.
9h45, La direction d’urgence du département Fukushima annonce que dans l’eau potable à la ville de Fukushima (environs 60 km du site), on mesure déjà de l’Iode (177 Becquerel/kg) et du césium (58 Becquerel/kg).
12h, déclaration de Nicolas Sarkozy : « La France a fait le choix de l’énergie nucléaire, qui constitue un élément essentiel de son indépendance énergétique et de la lutte contre les gaz à effet de serre ». Cocorico ! Le Réseau Sortir du nucléaire réagit imméditement : « le Président Sarkozy privilégie la santé de l’industrie nucléaire à celle des Français ». Réaction de Jean-Luc Mélanchon : « Une autruche dirige notre pays ».
13h15, Tepco annonce que les ouvriers se relaient à l’intiérieur des réacteurs, mais que la radioactivité est telle qu’ils ne restent chacun qu’une minute à l’intérieur !
13h02, la députée de Moselle et secrétaire nationale du PS à l’Energie, Aurélie Filippetti, déplore une « vision dépassée » de son parti sur « le risque nucléaire », appelant les socialistes à « une prise de conscience » et à « enfin changer de doctrine ». « Montrons aux Français que la gauche socialiste et écologiste sait travailler main dans la main sur des sujets aussi majeurs à l’heure d’une crise inédite ». Le Bureau national du PS, le 15 mars, a refusé l’idée d’un moratoire sur l’EPR et de fixer une limite d’âge pour les réacteurs, proposition faite par Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et amateur d’aéroport. Martine Aubry l’engueule publiquement dans les heures qui suivent et affirment que le nucléaire mérite un débat ou une commission… il est surtout urgent de ne se pas se mouiller !
15h30,Public Sénat, télévision officielle du Sénat retransmet une réunion d’urgence entre parlementaires, gouvernement et représentant du nucléaire en France. En parallèle, il demande pendant l’émission aux auditeurs de répondre à un sondage sur internet : faut-il fermer les vieux réacteurs nucléaires ? Résultat : oui à 84 %.
16h, la radioactivité dans la ville de Namie, à 8km au nord des réacteurs, ville totalement évacuée, est de 6600 fois la normale. A Ibaraki, à 130 km au sud, alors que la population n’y est même pas confinée, elle est de 300 fois la normale.
19h10, la CRII-Rad publie un communiqué indiquant que les travailleurs sur le site sont soumis à des radiations 4 millions de fois supérieur au niveau naturel… et qu’ils sont donc sacrifiés.
19h54, niveau de radiations extrêmement élevé au niveau du réacteur n°4, du fait de l’absence d’eau dans les piscines de stockage.
21h, aux Etats-Unis, un responsable du MIT, Massachusset institut of technology, dit à la télévision : « c’est un cauchemar au ralenti ».
21h16, l’armée française envoie des comprimés d’iode à Saint-Pierre-et-Miquelon, donc à l’Est du Canada, ce qui signifie que le nuage pourrait être encore dangereux malgré déjà une distance de l’ordre de 10 000 km.
23h, commentaire sur le site du Réseau Sortir du nucléaire, en-dessous d’une liste d’incidents du même genre que ceux qui ont entraîné la catastrophe japonaise : quand un dinosaure n’évolue pas assez vite, il doit disparaître.
Jeudi 17 mars
12h, Enercoop, coopérative qui, en France, ne vend que de l’électricité provenant d’énergies renouvelables annonce une multiplication par trois du nombre de nouveaux souscripteurs chaque jour.
16h, l’AFP, sans doute bien informée, déménage ses bureaux de Tokyo à Osaka. L’Ambassade des Etats-Unis, sans doute bien informée, invite ses ressortissants à quitter l’île principale de l’archipel. L’Ambassade de France distribue des pastilles d’iode aux 3000 Français (sur 7000) qui résident encore à Tokyo. Beaucoup de Français ne partent pas parce que leur belle-famille japonaise ne peut ou ne veut pas partir. L’ambassade d’Allemagne déménage à Osaka.
16h30, la préfecture de Fukushima met en place des bus pour toutes les personnes qui veulent quitter les lieux, au-delà des 20 km déjà évacués.
17h30, à la demande de Tepco, Areva envoie cinq tonnes de matériels (gants, combinaisons, masque à gaz, sel de bore…
20h, France 2, François Fillion : « S’il apparaissait qu’une centrale française présente le moindre risque à l’issue des tests, elle serait fermée ». Réponse du Réseau : si vous dites vrai, alors vous pouvez fermer toutes les centrales, elles présentent toutes des risques !
22h44, sur France-Info, Martine Aubry déclare « nous avons demandé dès le départ un moratoire, qu’il n’y ait plus de capacité nucléaire qui soit développée et même de réduire la part du nucléaire dans notre production énergétique ».
vendredi 18 mars
0h30, CNN annonce que plusieurs avions atterrissant aux Etats-Unis et ayant survolé le Pacifique présente un taux de radioactivité extérieur important, mais qu’aucune passager n’a été contaminé.
11h25, des ingénieurs du nucléaire évoquent sur France-Info que la seule solution est peut-être d’enterrer le site sous du sable et du béton. A 14h, l’AFP reprend l’information en faisant une faute d’ortographe incroyable : ils parlent de « sarkophage » !
12h, point presse de l’ASN, autorité française de Sûreté nucléaire, Philippe Jamet : « La plupart des réacteurs nucléaires au monde seraient en grande difficulté s’ils avaient été confrontés aux mêmes catastrophes naturelles qu’a subies la centrale japonaise de Fukushima la semaine dernière ». « Très franchement, beaucoup de spécialistes, sinon tous, ont été très surpris de voir qu’on pouvait perdre en même temps l’électricité et la source froide [système de refroidissement], c’est cataclysmique » Selon Jean-Marie Brom, physicien nucléaire, proche du Réseau, de multiples scénarios peuvent conduire à une perte de refroidissement tels que ce qui se passe au Japon. Il n’y a besoin pour cela ni de séisme, ni de tsunami.
13h, Nicolas Sarkozy a téléphoné au premier ministre japonais pour lui présenter ses condoléances, lui assurer le soutien de la France… et lui proposer de l’aide pour la reconstruction du pays (avec quelques réacteurs EPR au passage ?)
18h, le nuage radioactif est détecté pour la première fois en Californie (7500 km de Tokyo) et dans la région centrale de Russie, à Kamchatka (1600 km de Tokyo)
samedi 19 mars
10h, interview de Svetlana Alexievitch, auteure de La supplication, par l’agence Reuters : « Les gens que j’ai rencontrés au Japon m’ont dit que chez eux un Tchernobyl bis serait impossible. En France, en Allemagne et aux Etats-Unis, j’ai entendu la même chose : leurs centrales sont les plus sûres au monde. Mais l’académicien soviétique Anatoli Alexandrov me disait la même chose il y a 25 ans : les centrales soviétiques sont tellement sûres qu’on peut en construire une sur la place Rouge ».
dimanche 20 mars
7h, des parlementaires allemands rendent public un rapport secret portant sur des tests de résistance menés dans l’ensemble des 17 réacteurs du pays : le rapport conclut qu’aucun réacteur n’est à la hauteur des normes exigées.
8h, le CNIC, Centre citoyen d’information du nucléaire, sorte de CRII-Rad japonais, demande l’évacuation des personnes confinées entre 20 et 30 km de la centrale mais également l’évacuation au-delà des 30 km en commençant par les femmes enceintes.
8h07, relachement volontaire de gaz radioactif au réacteur n°3 pour faire baisser la pression : les apports d’eau de mer ne suffisent pas à faire baisser la température. Le personnel est évacué le temps que la radioactivité s’éloigne.
9h, Taïwan cesse ses importations de nourriture depuis le Japon après la découverte de fèves contaminées.
15h, Des rassemblements se tiennent dans 130 villes de France. A Paris, un millier de personnes se retrouvent devant l’Assemblée nationale. Près de 10 000 ont manifesté près de Fessenheim… avec une majorité d’Allemands. Il y avait 300 personnes à Nantes, 200 à Caen, à Bayonne, à Lille… Au total, environ 20 000 manifestants.
19h, Les Echos publient un bilan des cotations en bourse depuis une semaine : les compagnies minières d’uranium reculent de 26 à 41 %. Toutes les compagnies électriques qui ont des réacteurs nucléaires sont en baisse. Tepco est évidemment en tête avec 57 %.
Lundi 21 mars
5h, vent du nord et pluie : le taux de radioactivité sur Tokyo est en forte hausse. Le gouvernement japonais est dans le déni complet et continue à dire que tout va bien !
5h, TEPCO annonce que les six réacteurs ne pourront plus jamais refonctionné et qu’il faudra une dizaine d’années pour démantelier la centrale en raison de la radioactivité. C’est n’importe quoi : même un réacteur arrêté sans accident nécessite plus de temps que cela !
10h, la CRII-Rad publie les premières analyses sur des aliments provenant de la région agricole au nord de Tokyo, à 100 km de la centrale : alors que la limite pour la consommation est de 600 bq/kg, des épinards, ceuillis le dimanche, ont été mesurés avec des taux de 6000 à 15 000 bq/kg pour le seul iode131.
14h30 : un journaliste japonais transmet au Réseau Sortir du nucléaire des photos du centre de mesure de la radioactivité de la région nord du Japon. Les bâtiments, construits à côté du site d’Onagowa, plus au nord que Fukushima Daiichi, ont été totalement détruits par le tsunami, ce qui explique en partie les difficultés des Japonais à faire un suivi de l’évolution du nuage radioactif. Intelligemment, le centre a été construit à 2 m au-dessus du niveau de la mer.
15h30, les dernières mesures communiquées par Tepco montre une augmentation de la radioactivité en Césium 134 et 137, deux éléments qui ne peuvent provenir que du cœur des réacteurs.
17h30, Michèle Rivasi, députée EELV, fondatrice de la CRII-Rad, dénonce l’annonce faites par les ministres européens de l’énergie d’un test de résistance dans l’ensemble des réacteurs européens. Pour elle, il ne s’agit que d’une opération de communication. Pour le groupe des Verts au Parlement, la priorité est de fermer les réacteurs les plus dangereux.
19h : Europe-Ecologie Les Verts rendent public un sondage commandé à l’IFOP et réalisé entre le 15 et le 18 mars auprès de 1008 personnes : 30 % sont pour continuer le programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs ; 51 % sont pour un arrêt du programme progressif sur 25 à 30 ans, 19 % sont pour un arrêt rapide. Dans le détail, on constate qu’il y a quand même 10 % des l’électorat écolo pour la poursuite du nucléaire (26 % chez celui du PS, 27 % chez celui du FN, 55 % pour l’UMP), 32 % de l’électorat écolo est pour sortir rapidement (20 % pour le Fn, 18 % pour le PS, 6 % à l’UMP). Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes : 43 % des hommes veulent encore du nucléaire… contre seulement 18 % des femmes ! Il y aussi une différence avec les âges, les plus pro-nucléaires sont les plus de 65 ans (47 %). Différence selon la région : ce sont les Parisiens les plus pro-nucléaires (35 %). Donc, le plus souvent, le pro-nucléaire est aujourd’hui un Parisien à la retraite.
19h30, dans le « Grand journal » de Canal+, Martine Aubry annonce « Dans un premier temps, il faut faire un audit des 58 réacteurs, regarder Fessenheim, qui s’en occupe, (...) regarder celles qui sont sur les zones innondables (...) Il faut un moratoire (...). Il faut baisser le nucléaire. Je crois qu’il faut sortir du nucléaire, soyons sérieux, il faut aller vers une sortie en 20 ou 30 ans. La France est tributaire à plus de 75% du nucléaire. (...) Pendant ce temps, il faut accroitre la part des énergies renouvelables (...) Je vais même plus loin, il y a en France une filière nucléaire avec des compétences, il faut faire un transfert de ces compétences vers la gestion des déchets, les énergies renouvelables (…). Nous devons immédiatement rentrer dans une transition énergétique. Ce sera dans le programme électoral du PS en 2012 ».
20h, le nuage a atteint les Antilles françaises, mais le niveau de radioactivité y est tout juste mesurable. Aucune mesure n’a été mise en place. Selon les autorités, on est en-dessous du millième du nuage au-dessus de la France en 1986.
22h : plusieurs collectivités allemandes comme le district de Fribourg ont engagé une démarche pour demander au gouvernement français de fermer les réacteurs de Fessenheim (Alsace).
23h20, des médias révèlent que TEPCO avait arrêté d’assurer le site de Fukushima en aiût 2010, le prix étant jugé trop élevé. D’après la loi, TEPCO est responsable des dommages jusqu’à hauteur de 120 milliards de yens (environ 1 milliard d’euros). Après c’est l’Etat qui prend le relais. Areva devrait également être inquiété puisqu’ayant fournit le Mox pour le réacteur n°3.
mardi 22 mars
8h, dans 20 Minutes, un article « Peut-on évacuer 35 millions de Tokyoites ? ». Bonne question.
10h, Sud-Energie demande dans un communiqué un débat sur l’énergie et l’engagement de l’Etat en cas de réorientation, de donner les moyens aux salariés actuels du nucléaire de se reconvertir dans les autres filières.
12h, la radioactivité dans les rues de Tokyo est en hausse : alors qu’à l’intérieur du CNIC, un organisme d’Etat, on mesure 0,07-0,08 mircosivert, à l’extérieur, entre 11h et 18h, le taux est passé de 0,21 à 0,29 (+38 %).
En résumé, trois fusions partielles de cœurs, deux incendies de combustible usé et cinq explosions d’hydrogène sont survenues dans la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, qui depuis le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.