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ReportageÉcologie et quartiers populaires

Dans les quartiers populaires, l’écoféminisme pour « reprendre du pouvoir »

Le festival écoféministe de Verdragon, en Seine-Saint-Denis, du 27 au 29 mai 2022.

Verdragon organisait son premier festival écoféministe, en Seine-Saint-Denis. De quoi rappeler l’importance de l’auto-organisation politique dans les quartiers populaires, et se donner de la force pour les combats à venir.

Bagnolet (Seine-Saint-Denis), reportage

Initiation à l’autodéfense, « banquet contre la haine », dîner de « braquage de la fête des mères », sensibilisation des enfants à l’écologie, pique-nique végétarien ou vegan... L’écoféminisme a rythmé le premier festival organisé par la maison de l’écologie populaire Verdragon, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), du 27 au 29 mai.

Assise sur l’herbe du parc Jean-Moulin — Les Guilands, Ella analyse des publicités pour de la viande présentées dans le cadre de l’atelier « genre et alimentation ». Si pour les hommes, les produits carnés semblent renvoyer à la virilité, « quand les pubs sont adressées aux femmes, on voit que la viande est associée à quelque chose de très “healthy” », dit celle que l’on croisait peu de temps avant, gants aux mains et détermination chevillée au corps, à une initiation théorique et pratique à l’autodéfense.

« L’objectif du festival est de montrer que c’est possible d’organiser un événement écoféministe du point de vue des quartiers populaires, a expliqué Syrine Benaceur, coordinatrice de cet espace. Mais aussi de montrer que l’écoféminisme fait partie intégrante de ce que nous faisons à Verdragon », ouvert depuis un peu moins d’un an par le syndicat de parents Front de mères et le mouvement citoyen Alternatiba. L’écoféminisme, né dans les années 1970, estime essentiel de penser ensemble la destruction de la nature, mais aussi les oppressions liées au genre, à la race et aux classes sociales, imposés par un système de domination qu’il s’agit de combattre.

« On continuera à se battre ces cinq prochaines années »

Avec ce festival, l’idée est ainsi de rappeler qu’au quotidien, et de façon concrète, Verdragon s’applique à construire ce que Fatima Ouassak nomme un « monde plus respirable pour nos enfants » — en témoigne le combat de Front de mères, dont elle est la cofondatrice, pour instaurer une alternative végétarienne dans les cantines des écoles de Bagnolet. « Le monde se divise entre les personnes qui veulent maintenir le système d’oppression, de domination et de haine actuel, et celles qui veulent autre chose pour leurs gosses que ce monde dégueulasse », a-t-elle lancé dimanche lors du « banquet contre la haine », expliquant que les personnes engagées chez Verdragon « sont là pour faire de la politique ».

Pour l’autrice de La puissance des mères (La Découverte), ce festival était l’occasion de montrer que La Maison de l’écologie populaire est un lieu « d’auto-organisation, où l’on reprend du pouvoir, de l’espace, de la décision politique ». Un point essentiel avec les élections législatives des 12 et 19 juin et au vu de la montée de l’extrême droite : « Il faut occuper l’espace public, ne pas accepter d’être assignés à résidence dans nos appartements exigus où il fait trop froid l’hiver et trop chaud l’été. [...] Ce banquet est une manière de dire que l’on croit à l’auto-organisation, que l’on est partout chez nous, et que l’on est debout. »

Autre enjeu de ces trois jours de festivités : renforcer les alliances, comme avec Extinction Rebellion, qui s’associait pour la première fois à Verdragon. Un bon signal pour Maïder, militante chez Alternatiba Paris et Verdragon, avec l’arrivée du prochain scrutin : « En face de nous, ils sont très organisés, mais ce festival montre que l’on est ensemble et surtout que l’on continuera à se battre ces cinq prochaines années. »

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