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Politique

En Allemagne, l’écologiste Annalena Baerbock veut remplacer Angela Merkel

Lundi 19 avril, les Grünen ont désigné leur candidate pour les élections du 26 septembre. Reconnue pour ses qualités d’écoute et son sens du compromis, Annalena Baerbock va faire campagne en bénéficiant de l’engouement de l’opinion publique pour les écologistes.

Berlin (Allemagne), correspondance

Après Angela Merkel, Annalena Baerbock ? Son nom ne vous dit probablement rien. Pourtant, c’est grâce à elle que les Verts allemands espèrent conquérir la chancellerie fédérale à l’issue des élections du 26 septembre prochain.

Désignée lundi 19 avril comme leur candidate, Annalena Baerbock doit incarner le « renouveau » promis par les écologistes : à quarante ans, la simple députée au Bundestag n’a jamais été ministre. Elle incarne l’aile dite « réaliste » de son mouvement, prête à faire des compromis avec les partis concurrents — qualité indispensable dans une Allemagne où l’on ne gouverne que par le jeu des alliances.

Élue il y a trois ans à la tête des Grünen, Annalena Baerbock était alors un choix par défaut. Elle a pourtant réussi le tour de force d’unir son parti, en séduisant les « Fundis », l’aile radicale historique, par son sens de l’écoute et du dialogue. En binôme avec l’écrivain Robert Habeck, plus connu, elle a su se démarquer par ses capacités de travail et son goût du détail, loués même par ses adversaires.

« Nous voulons être un pôle d’apaisement dans un paysage politique agité » 

Devenant la personnalité politique la plus invitée des émissions de débat, elle a aussi contribué à donner une visibilité et une crédibilité inédite aux idées écologistes outre-Rhin. Diplômée de droit international, cette experte des questions climatiques et d’énergie est élue depuis 2013 dans la région charbonnière du Brandebourg.

« C’est une femme combative, concentrée, énergique, qui sait exactement ce qu’elle veut », a décrit lundi Robert Habeck, coprésident des Grünen. Avant de se casser le pied, Annalena Baerbock a été athlète de haut niveau, trois fois médaillée de bronze aux championnats d’Allemagne de trampoline. Aux journalistes allemands qui lui demandent régulièrement si son passé sportif l’aide en politique, elle répond : « Il faut du courage dans les deux cas pour sauter jusqu’au ciel. »

Pas de polémiques, des rangs soudés et de l’ambition : les Grünen d’Annalena Baerbock ont enchaîné les victoires électorales au niveau local et font un bond dans l’opinion. Ils sont crédités de 20 à 23 % des voix, loin des 8,9 % enregistrés aux dernières élections fédérales, en 2017. Ils dépassent largement les sociaux-démocrates, et la première place, occupée par les conservateurs, semble désormais accessible. Les déboires de la droite allemande, déchirée par les rivalités intestines après seize ans de merkelisme, pourraient bien faire les affaires des Verts. « Nous voulons être un pôle d’apaisement dans un paysage politique agité », a déclaré Robert Habeck.

Revendiquant « une économie sociale et écologique de marché », le programme des Grünen promet une « cure de vitamines » de 50 milliards d’euros par an d’investissements publics dans le climat, la transformation de l’industrie, de l’éducation et du numérique. Le système de minimas sociaux doit être entièrement refondu, un impôt sur la fortune mis en place.

« La protection du climat : la norme pour tous les domaines afin d’atteindre les objectifs de Paris » 

« La protection du climat est la tâche de notre époque, la tâche de ma génération, et par conséquent, je veux que la politique d’un nouveau gouvernement fédéral fasse de la protection du climat la norme pour tous les domaines afin d’atteindre les objectifs de Paris », a assuré lundi Annalena Baerbock, rappelant qu’elle avait participé aux négociations de l’Accord de Paris en 2015, « avec (sa) fille de six mois dans la poussette ».

Un positionnement qui semble en phase avec l’opinion publique : le dérèglement climatique est la première préoccupation des Allemands, derrière la pandémie de Covid-19, devant l’emploi et les retraites. Mais les Verts le savent : reste à convaincre les entreprises des bienfaits d’une plus grande régulation, mais aussi éviter les pièges de leurs adversaires politiques qui ont fait d’eux l’ennemi à abattre… Les cinq mois à venir seront « durs et brutaux », a prévenu Robert Habeck.

Avec de telles intentions de vote, les écologistes devraient être incontournables pour former la prochaine coalition à la tête de l’Allemagne. Trois scénarios sont possibles, en fonction des résultats le soir du 26 septembre : une alliance avec les conservateurs, une autre avec les sociaux-démocrates et la gauche radicale, ou encore avec les sociaux-démocrates et les libéraux. Mais les Verts ne cachent pas leur réel objectif : diriger la future alliance, le premier gouvernement de l’ère post-Merkel.

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