Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

ReportageLuttes

En Ariège, une marche contre la « destruction » de la nappe phréatique

Jean Suau, agriculteur de la région devant l’une des nombreuses gravières, le 6 novembre 2022.

Une centaine de personnes ont marché le 6 novembre à Vernet, en Ariège, pour dénoncer la prolifération de carrières de granulats dans la région. Une situation alarmante selon eux, qui menace grandement la nappe phréatique.

Le Vernet (Ariège), reportage

À une cinquantaine de kilomètres de Toulouse, en basse Ariège, les exploitations agricoles ont laissé place à des collines de sable, de gravats et surtout à de vastes étendues d’eau. Les gravières, ces carrières exploitées pour extraire des granulats, pullulent à perte de vue dans la région.

Dimanche 6 novembre dans la matinée, sous le soleil ariégeois, des habitants de la région, des élus locaux, associations et exploitants agricoles ont marché ensemble depuis Vernet pour dénoncer cette situation.

« C’est une destruction irréversible de la nappe phréatique, déclare l’agriculteur Jean Suau, vice-président de l’Association pour la protection de la vallée de l’Ariège et de sa nappe phréatique (Aprova), originaire du village voisin. Les carriers creusent directement dans la nappe phréatique pour extraire du sable et du gravier, alors qu’on sait que la nappe est un filtre naturel pour l’eau. C’est un non-sens écologique de la détruire. » Les granulats, ces amas de sable et de graviers, sont ensuite principalement utilisés dans le secteur du bâtiment.

Une centaine de personnes étaient présentes durant le rassemblement. © Justin Carrette / Reporterre

Une « mise à nue » de la nappe phréatique

Après des prises de parole et un pique-nique collectif, la centaine de personnes mobilisées a entamé une marche jusqu’à la grille de l’une des nombreuses gravières de la région. « On demande un moratoire sur l’exploitation des gravières, déclare au micro Agnès Leclerc, une militante écologiste. Les carriers ont l’autorisation d’exploiter les gravières jusqu’en 2039 sur 1 000 hectares de terres agricoles riches et productives, cela doit cesser. » Les contrats signés autorisent en effet les carriers à exploiter ces gravières pour trente ans, « une durée beaucoup trop longue », insistent les militants écologistes.

Le rassemblement dans le village de Vernet sous le soleil ariégeois. © Justin Carrette / Reporterre

Jérôme Brosseron, président d’Apra le Chabot, une association qui défend les milieux aquatiques de la région, déplore « une mise à nue » de la nappe phréatique ariégeoise. « Une fois que la nappe est exploitée dans ces gravières, on estime qu’on perd 20 à 60 % de l’eau à cause de l’évaporation, c’est une catastrophe, estime l’activiste, d’autant plus que cela n’apporte strictement rien au territoire, on crée seulement 3 à 4 emplois par gravière. »

En fin d’après-midi, la foule s’est séparée, mais tous ont déjà prévu une prochaine mobilisation. « On ne lâchera pas, assure Jean Suau, qui cultive du maïs et de la luzerne dans la région. On ne peut plus produire comme avant, et l’irrigation ne remplacera jamais l’humidité naturelle de nos sols qui vient de sous-terre, la seule solution c’est de sanctuariser les nappes phréatiques et d’arrêter l’exploitation des gravières. »

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende