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Climat

Europe, États-Unis, Chine… Pourquoi la chaleur s’intensifie partout

Une personne tente de se rafraîchir alors que la température a atteint les 40 °C à Rome, en Italie, le 16 juillet 2023.

Dans l’hémisphère nord, des records de température sont atteints. La faute à des dômes de chaleur, boostés par l’influence humaine et dont la fréquence risque de s’intensifier.

Le mercure ne cesse de grimper dans le sud de la France. Après un week-end déjà étouffant, dix départements ont été placés en vigilance orange canicule ce 18 juillet. Les températures ont dépassé les 40 °C en Ariège et dans les Pyrénées orientales. La faute à ce qu’on appelle un « dôme de chaleur », qui recouvre actuellement le bassin méditerranéen.

« Il s’agit d’un blocage anticyclonique, une zone fermée de hautes pressions qui emprisonne de l’air chaud à tous les étages de l’atmosphère », explique Météo-France dans un communiqué. Dit autrement, c’est une sorte de cloche statique qui enveloppe certaines régions, sans nuage ni vent, et empêche l’air chaud et sec de s’évacuer. S’ajoute à cela un phénomène de « compression » : l’air au sein de cette cloche va se comprimer vers le sol, et donc se réchauffer davantage. « Au fur et à mesure des jours, les températures augmentent, elles refroidissent de moins en moins la nuit. Tout ça conduit à des vagues de chaleur », développe le climatologue Christophe Cassou.

Ces dômes de chaleur sont associés aux grands courants d’air rapides — nommés « courants-jets » — dépendants de la variabilité naturelle du climat. Si ces dômes de chaleur peuvent arriver en toute saison, « c’est au printemps et surtout en été que le soleil est suffisamment puissant pour favoriser à la fois un ensoleillement puissant et des températures très élevées ou caniculaires », précise Météo-France.

« Les dômes de chaleur ont toujours existé et existeront toujours, rappelle Christophe Cassou. Mais ce qui est frappant, c’est qu’ils sont dopés par l’influence humaine. » Des records de température sont ainsi battus sur toute la région de la Méditerranée depuis plusieurs jours. En Espagne, l’agence météorologique nationale (Aemet) ne cesse de relever des valeurs « anormalement hautes » pour la saison. Le 16 juillet, le mercure a par exemple atteint 44,8 °C à Andújar (Andalousie).

En Italie, la température frôlait les 40 °C à Rome, le 18 juillet. Jusqu’à 44 °C étaient attendus le même jour en Sardaigne. Même situation en Grèce, où pendant le week-end, l’Acropole d’Athènes a été fermée aux touristes durant les heures les plus chaudes. Plusieurs incendies se sont déclarés le 17 juillet dans la région de la capitale, entraînant l’évacuation de zones balnéaires.

52 °C en Chine

Le bassin méditerranéen n’est pas le seul à suffoquer. En Chine, la station météorologique du village de Sanbao (ouest du pays) a relevé la température maximale de 52,2 °C le 16 juillet. Un record pour cette région. Aux États-Unis, l’ouest du pays étouffe. Dans la célèbre Vallée de la Mort — l’un des endroits les plus chauds de la planète, situé en Californie — le thermomètre a dépassé 53 °C le 16 juillet.

En Chine comme aux États-Unis, ces températures sont aussi expliquées par des dômes de chaleur, indique le climatologue Christophe Cassou. « Ce sont les mêmes phénomènes qu’en Europe, également associés à des fluctuations du courant-jet », affirme-t-il. Mais bien qu’ils apparaissent en même temps, et qu’ils soient eux aussi boostés par les activités anthropiques, ces dômes ne sont pas connectés entre eux, insiste-t-il.

Des vagues de chaleur qui vont se succéder

Ces vagues de chaleur surviennent après le mois de juin le plus chaud jamais enregistré sur Terre. La faute au phénomène climatique El Niño — qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie est de l’océan Pacifique ? Pour Christophe Cassou, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. « Aujourd’hui, pour l’Europe, on ne note pas de processus physique clair qui nous ferait penser qu’El Niño aurait une influence, indique-t-il. Tout ça reste à confirmer. »

En revanche, ce qui est certain, c’est qu’« on est vraiment entrés dans le dur, alerte le climatologue. Les effets de l’influence humaine deviennent de plus en plus prégnants et menaçants. Il faut aller au-delà du simple constat géophysique, il faut basculer immédiatement vers des actions pour s’adapter à ce climat qui change, et atténuer ses effets. »

Météo-France indique que la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur ont clairement augmenté dans le pays depuis 1947 (début de leur recensement). « Quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre envisagé, le réchauffement planétaire se poursuivra pendant au moins plusieurs décennies et il va s’accompagner de vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses », précise le service de météorologie. Selon lui, sans action politique pour lutter contre le changement climatique d’origine humaine, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente en France « de 5 à 25 jours » d’ici 2100, par rapport à la période 1976-2005.

John Nairn, expert auprès de l’Organisation météorologique mondiale, liée à l’Organisation des Nations unies (ONU), l’a également martelé le 18 juillet lors d’une conférence de presse : les températures extrêmes vont continuer de « s’intensifier » à l’avenir.

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