Fillon et Juppé, deux programmes contre l’écologie

Durée de lecture : 4 minutes
PolitiqueQue disent François Fillon et Alain Juppé sur l’environnement ? S’ils en ont peu parlé durant leur campagne, ils ont bien un programme sur le sujet. Terriblement régressif, même si Juppé... l’est un peu moins.
La primaire de la droite, à laquelle ont participé plus de 4 millions de personnes dimanche 20 novembre, et qui a vu François Fillon (44 %) se placer en tête au premier tour devant Alain Juppé (28,5 %) et Nicolas Sarkozy (20,6 %), éliminé, aura brillé par la quasi-absence de l’écologie comme thème de campagne. Ou alors sur un mode extrêmement rétrograde : le ton avait très vite été donné avec la saillie climatosceptique de Nicolas Sarkozy : « Cela fait 4,5 milliards d’années que le climat change » déclarait à la mi-septembre l’ex-président de la République. Seule à tenter de faire exister ces problématiques, Nathalie Kosciusko-Morizet termine à la quatrième place, avec seulement 2,6 % des voix.
Cela ne veut pas dire que les candidats n’ont pas de programme environnemental. Mais il est terriblement régressif.
Fillon : en arrière toute !

- Sur le nucléaire, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy propose de « consolider la filière nucléaire française qui représente 220.000 emplois directs et [de] prolonger l’exploitation des centrales de 40 à 60 ans sous réserve de l’accord explicite au cas par cas de l’Autorité de sûreté nucléaire » (voir chapitre Environnement de son programme). Il s’oppose ainsi à la fermeture de la centrale de Fessenheim.
- Sur les infrastructures, François Fillon a notamment réaffirmé son soutien au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, appelant, il y a deux semaines, à « évacuer de façon musclée […] les hors-la-loi qui occupent un territoire de la République et contrôlent les identités » (voir la vidéo de l’extrait de l’émission « Questions Politiques » de France Inter/Franceinfo/Le Monde)
- En ce qui concerne les organismes génétiquement modifiés (OGM), le député de Paris s’était montré clair, lors d’une tribune adressée aux agriculteurs et publiée sur le site professionnel Wikiagri : « Osons relancer les recherches qui ont été interrompues au nom du principe de précaution, notamment en génétique », avant de souhaiter faire de la France le « leader en Agriculture 3.0 ».
- Quant à l’agriculture, elle serait « au bord de ‘‘l’overdose normative’’ », pour laquelle François Fillon propose « d’abroger par ordonnances toutes les normes ajoutées aux textes européens ».
- M. Fillon veut aussi tout simplement supprimer de la Constitution le principe de précaution où il est inscrit depuis 2005, le jugeant « dévoyé et arbitraire ».
Juppé : moins pire, mais pas franchement différent

- Le principe de précaution constitue un point de désaccord majeur avec Alain Juppé, qui tient à maintenir ce principe de précaution tout en s’assurant qu’il « ne bride pas l’innovation ».
- Un désaccord symptomatique de deux approches différentes sur l’écologie : là où François Fillon peine à désavouer son ancien président sur ses relents climatosceptiques, jugeant comme « une évidence » que l’homme n’est pas le seul responsable du réchauffement climatique, Alain Juppé évoque sans barguigner « les conséquences (…) désastreuses » du réchauffement climatique : « Montée des eaux, disparition d’Etats entiers, déplacements massifs de populations, conflits pour l’accès aux ressources, pics de pollution atmosphérique ‘‘jamais atteints’’ » énumère-t-il dans Cinq ans pour l’emploi, l’un des seuls livres programmatiques de la droite à évoquer le sujet.
- Mais sur les OGM, Alain Juppé s’est également dit favorable à la recherche sur les OGM.
- Pour Notre-Dame-des-Landes, il est aussi partisan de l’évacuation de la Zad.
- Et se montre de même opposé à la fermeture de Fessenheim.
Une semaine avant le premier tour de la primaire, l’ancien ministre éphémère de l’Environnement en 2007 avait prophétisé une remontée d’intérêt pour l’écologie : « La question environnementale sera au rendez-vous de l’élection présidentielle de 2017 ». Il était fort du soutien de quelques écologistes qui ont publiquement appelé à voter Alain Juppé dans Le Journal du Dimanche.