Imprévisibles, les « sécheresses éclair » vont se multiplier

Plus nos émissions de gaz à effet de serre augmenteront, plus les sécheresses éclair seront nombreuses. - Unsplash/Matt Palmer
Plus nos émissions de gaz à effet de serre augmenteront, plus les sécheresses éclair seront nombreuses. - Unsplash/Matt Palmer
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Plus rapides et plus difficiles à prévoir, les « sécheresses éclair » deviennent de plus en plus fréquentes. Avec de terribles conséquences pour les animaux et la végétation à travers le monde.
Le changement climatique ne se contente pas d’intensifier les sécheresses, il les fait également advenir plus soudainement. Une étude publiée le 13 avril dans la revue Science en fait la démonstration. Ses auteurs, une équipe de chercheurs des universités de Nanjing (Chine) et de Southampton (Royaume-Uni), montrent que les « sécheresses éclair » — qui apparaissent plus subitement que les sécheresses classiques — deviennent de plus en plus fréquentes. Ce phénomène, qui peut avoir des effets dramatiques sur les écosystèmes, devrait s’amplifier pour chaque incrément de réchauffement supplémentaire.
Les sécheresses éclair, explique l’équipe de chercheurs, sont provoquées par un déficit de précipitations, couplé à une évaporation anormalement élevée de l’eau contenue dans le sol à cause de la chaleur. Contrairement aux sécheresses classiques, qui évoluent relativement lentement, les sécheresses « éclair » peuvent se déclencher en l’espace de seulement quelques semaines. Elles durent, en général, environ un mois, contre 40 à 60 jours pour les sécheresses dites classiques.
Afin de savoir si le changement climatique avait eu un effet sur ce phénomène, l’équipe de chercheurs a analysé l’évolution de l’humidité des sols entre 1951 et 2014. Leurs travaux montrent que les sécheresses éclair sont en augmentation sur les trois quarts (74 % pour être exact) de la surface du globe. Leur fréquence s’est particulièrement accrue en Europe et en Australie. Le Sahara, la côte ouest de l’Amérique du Sud et le nord de l’Asie sont également durement touchés.

Imprévisibles et dangereuses
Plus nos émissions de gaz à effet de serre augmenteront, plus les sécheresses éclair seront nombreuses, évaluent leurs modèles. Elles pourraient devenir « la nouvelle norme », a déclaré l’hydrologue Justin Sheffield dans un communiqué. Si l’étude ne fournit pas de chiffre précis sur cette tendance, l’un de ses auteurs, Xing Yuan, a déclaré au média britannique New Scientist que la proportion de sécheresses éclair pourrait augmenter de 15 à 20 % entre 2050 et 2100 (par rapport à la période 1950-2000). Le pourcentage exact dépendra de la rapidité du changement climatique.
Bien qu’un peu plus courtes, ces sécheresses n’en sont pas moins dangereuses. En raison de la rapidité avec laquelle elles s’installent, elles sont plus difficiles à prévoir par les météorologues. Mettre en place des mesures adéquates, par exemple des restrictions d’eau, est donc plus ardu.
Les sécheresses éclair sont également douloureuses pour les animaux et les plantes, qui peuvent ne pas avoir le temps de s’adapter au manque brutal d’eau. Elles peuvent provoquer « une réduction rapide de la productivité des écosystèmes », notent les chercheurs, et contribuer au déclenchement d’autres phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des feux de forêt.

Feux et assèchement des cours d’eau
Les exemples récents ont de quoi inquiéter. À l’été 2012, plusieurs régions verdoyantes des États-Unis sont devenues arides en l’espace de quatre semaines, rapportent les scientifiques. Le coût des dégâts occasionnés a été estimé à plus de 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros). En 2016, un épisode similaire a occasionné des feux de forêts dévastateurs dans le sud-est du pays.
L’été dernier, une grande partie des massifs du bassin du fleuve Yangtsé, en Chine, sont également partis en fumée à cause d’une sécheresse éclair. L’assèchement de certaines parties du cours d’eau a nécessité la mise à l’arrêt de centrales hydrauliques, provoquant une pénurie électrique.
Afin de minimiser les risques, l’équipe de chercheurs recommande d’affiner les méthodes de détection des sécheresses éclair. La seule solution pour réduire au maximum leur fréquence est connue, mais hélas toujours pas à l’ordre du jour : réduire, enfin, nos émissions de gaz à effet de serre.