L’économie mondiale de plus en plus gourmande de matières, mais de moins en moins recycleuse

L’économie mondiale est de plus en plus gourmande en ressources, mais de moins en moins circulaire. Le 21 janvier 2020, l’ONG Circle Economy a lancé le cri d’alarme. En 2017, 100,6 milliards de tonnes de minéraux, combustibles fossiles, métaux et biomasse ont été utilisés. Mais seulement 8,6 % ont été réutilisés, estime la troisième édition du rapport annuel de l’organisation, le « Circular Gap report ». En 2015, cette proportion s’élevait à 9,1 %.
L’extraction de matières a plus que triplé depuis 1970
Ce recul est surtout dû à l’extraction de matières premières, qui ne cesse de croître. Entre 1970 et 2017, elle a plus que triplé, progressant de 26,7 à 92 milliards de tonnes. Depuis 2015, elle a augmenté de 9 %. Or, la réutilisation de ces ressources n’augmente pas aussi vite : entre 2015 et 2017, elle n’a crû que de 3 %, en passant de 8,4 à 8,65 milliards de tonnes.
La majorité (52,6 milliards de tonnes) des matériaux consommés annuellement au monde sont en effet utilisés pour des produits (énergie ou biens de consommation) qui atteignent leur fin de vie en une année, note le rapport. 42 % sont ensuite dispersées dans la nature, 28 % sont rejetées sous forme de gaz à effet de serre et 30% deviennent des déchets. 48 milliards de tonnes de matériaux sont en outre stockées sous la forme de bâtiments, infrastructures et biens d’équipement : de plus en plus chaque année, en raison de l’augmentation de la population mondiale.
Certes, le rapport souligne aussi quelques progrès à travers le monde. Treize pays européens (l’Allemagne, le Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, la Slovénie et les Pays-Bas) ont déjà élaboré au niveau national des feuilles de route visant à rendre leurs économies plus circulaires. En Amérique latine, la Colombie a fait de même. La Chine a restreint ses importations de déchets, afin d’encourager le recyclage domestique : une décision qui a aussi poussé des pays auparavant exportateurs à revoir leurs propres stratégies.
Mais globalement, « aucun pays ne répond aux besoins fondamentaux de ses citoyens tout en opérant dans les limites physiques de notre planète », dit l’auteur principal du rapport, Marc de Wit.
- Source : Euractiv
- Photo : « Circular Gap report »