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En brefClimat

La hausse spectaculaire de méthane enfin élucidée

Les émissions de méthane par les zones humides (marécages, tourbières…) ont augmenté à cause du réchauffement du climat.

En 2020, les concentrations de méthane, un puissant gaz à effet de serre, ont augmenté de manière spectaculaire (+50 % par rapport à 2019). Il s’agit de la hausse la plus importante depuis le début des mesures atmosphériques, dans les années 1980. Les causes de cette envolée mystérieuse viennent d’être élucidées dans une étude publiée le 14 décembre dans la revue Nature. Deux facteurs expliquent cette augmentation soudaine :
-  le premier est l’augmentation des émissions de méthane à cause du réchauffement du climat ;
-  le second est contre-intuitif : il s’agit de la diminution de la pollution de l’air, induite par la réduction temporaire des activités durant le confinement.

Selon les chercheurs, la moitié de la hausse du méthane en 2020 s’explique par l’augmentation des émissions de méthane par les zones humides (marécages, tourbières…). Les micro-organismes à l’origine des émissions naturelles de méthane en produisent en effet davantage lorsque le climat est plus chaud et humide, explique la chercheuse Marielle Saunois dans le Monde. Ces conditions météorologiques ont été observées en 2020, notamment dans les hautes latitudes nord et dans les Tropiques de l’hémisphère Nord.

« Il va falloir agir encore plus fort et vite »

Deuxième raison de cette explosion des émissions de méthane : la diminution des radicaux hydroxyles (OH) pendant le confinement. Ces molécules, qui apparaissent sous l’effet du rayonnement solaire en présence de certains polluants atmosphériques, comme les oxydes d’azote (NOx), contribuent en effet à dégrader le méthane dans l’atmosphère. La réduction du trafic routier et aérien a entraîné une baisse des émissions de Nox, et donc des radicaux OH. Par ricochet, cela a permis à davantage de méthane — non dégradé — de rester dans l’atmosphère.

Ces découvertes sont « potentiellement deux mauvaises nouvelles pour le changement climatique », déclare dans un communiqué Marielle Saunois. Elles montrent, d’une part, que le changement climatique a déjà des conséquences sur les zones humides — ce qui pourrait l’amplifier en retour. Les efforts de réduction de la pollution de l’air pourraient par ailleurs, paradoxalement, mener à une augmentation des concentrations de méthane dans l’atmosphère. « Nos résultats montrent qu’il va falloir agir encore plus fort et vite pour réduire les émissions anthropiques de méthane », prévient dans le Monde Philippe Ciais, l’un des auteurs de cette étude.

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