Le ministère de la Transition écologique abuse des cabinets de conseil

Le ministère de la Transition écologique est situé dans l'hôtel de Roquelaure, à Paris. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Pline
Le ministère de la Transition écologique est situé dans l'hôtel de Roquelaure, à Paris. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Pline
Le ministère de la Transition écologique, accro aux cabinets de conseil. Dans son rapport publié le 10 juillet, la Cour des comptes a épinglé le recours du ministère à ces bureaux privés. Entre 2018 et 2021, l’hôtel de Roquelaure a ainsi augmenté l’appel à ces marchés de 1 000 % — de 2 à 22 millions d’euros. Comme l’avait révélé Contexte, en 2022, 60 millions de dépenses ont été fléchées vers des cabinets de conseil.
Plus grave, selon la Cour, ce recours accru s’est fait en contournant l’administration gouvernementale. Autrement dit : rien ne justifiait de payer des conseillers privés, les fonctionnaires du ministère auraient très bien pu faire le job. Par exemple, le ministère a fait appel en 2019 à McKinsey en vue de la création de l’Office français de la biodiversité (OFB) alors qu’il disposait d’un rapport « très complet » de ses propres services sur le sujet. Mais l’expertise privée aurait été jugée « plus légitime que celle de l’administration ou des établissements publics compétents », ont indiqué les magistrats financiers.
Comme Reporterre l’avait révélé en 2021, le gouvernement a aussi sollicité Boston Consulting Group, un cabinet de conseil en affaires avec le CAC 40, afin d’évaluer les conséquences du projet de loi Climat sur les émissions de gaz à effet de serre. Un travail que le Haut Conseil pour le climat aurait pu effectuer.
Pointée également, la propension de l’Agence de la transition écologie (Ademe) à faire appel à Deloitte et I Care pour le plan de relance France 2030 : des « actions lourdes qui exigeraient de pouvoir disposer de spécialistes permanents », a estimé la Cour.
Dernier point — et non des moindres — le ministère de la Transition écologique a justifié ce recours aux cabinets de conseil par les baisses d’effectif survenues dans ses services. Un argument balayé par la Cour, qui n’a pas pu établir de lien certain sur la question.