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Luttes

Le mouvement des « faucheurs de chaises » s’amplifie

Bayonne, Saint-Quentin-en-Yvelines, Toulouse, Nîmes, Chambéry, Marseille, Uzès, Charnay-les-Mâcons, etc. Les fauteuils des agences HSBC et BNP-Paribas de la France entière sont désormais sous la menace des militants pour le climat. Leur compteur est à 96 chaises réquisitionnées, sur un objectif de 196.

Mardi 3 novembre, des chaises ont de nouveau été récupérées à Paris par des « faucheurs de chaises ». C’est le plus récent épisode - mais sans doute pas le dernier - d’un mouvement qui prend comme une trainée de poudre, et qui devrait créer un des moments spectaculaires de la COP 21.

De quoi s’agit-il ? Le 30 septembre dernier, soixante-dix-sept personnalités et plusieurs associations telles qu’Attac, Bizi ! ou les Amis de la Terre ont lancé un appel à des réquisitions citoyennes de chaises.

Le but : rappeler que l’argent que les banques cachent dans les paradis fiscaux pourrait plutôt servir à la lutte contre le changement climatique. Depuis le 1er octobre, le même scénario se répète dans les agences bancaires HSBC et BNP-Paribas (la première est à l’origine du scandale « Swissleaks », la seconde est la banque française qui investit le plus dans les énergies fossiles) : un groupe de militants entre calmement, l’un d’eux explique l’action au directeur de l’agence, pendant que d’autres font les tours des bureaux pour ensuite ressortir avec les chaises ainsi récoltées.

Les sièges réquisitionnés sont entreposés chez diverses personnalités, tel Edgar Morin (assis sur un de ces sièges)

Les 196 chaises, soit autant que de pays qui participent à la Conférence climat de Paris début décembre, seront utilisées pour une action symbolique lors de l’événement. En attendant, les sièges capturés sont hébergés par les philosophes Edgar Morin et Patrick Viveret, le résistant et économiste Claude Alphandéry, le sociologue Alain Caillé, la militante emblématique Susan George ou encore Guillaume Duval d’Alternatives économiques.

Le mouvement est né en février, lorsqu’à Bayonne, les militants de Bizi ! avaient enlevé plusieurs chaises dans l’agence locale de HSBC. Quelques jours plus tard, la police se mobilisait pour retrouver les chaises, convoquant trois fois le porte-parole de Bizi ! – alors que l’évasion fiscale dont est coupable HSBC restait impunie. Ce déséquilibre de l’action répressive a entraîné la réaction citoyenne.

Les militants de Bizi ! convoqués par la police.

Parmi les actions qui ont eu lieu depuis un mois :

-  Le 3 novembre, 11 chaises sont réquisitionnées dans une agence BNP-Paribas de Paris.

-  Le 2 novembre, trois sièges sont saisis à l’agence HSBC de Bayonne.

-  Le 31 octobre, deux actions ont lieu simultanément dans des agences BNP Paribas : huit chaises sont fauchées à Saint-Quentin-en-Yvelines et six à Toulouse, où Geneviève Azam, d’Attac, participe.

-  Le 24 octobre, Attac « emprunte » trois chaises à la BNP-Paribas de Nîmes.

-  Le 20 octobre, deux chaises sont enlevées à Chambéry et huit dans une agence BNP-Paribas du 11e arrondissement parisien par les JEDI for Climate.

-  Le 19 octobre, 14 chaises sont réquisitionnées à la BNP-Paribas de Saint-Paul, à Paris.

-  Le 13 octobre, trois fauteuils quittent une agence BNP Paribas de Marseille, emportés par les militants locaux d’Attac.

-  Le 12 octobre, les Amis de la Terre visent une agence HSBC pour dénoncer le scandale « Swissleaks » à l’occasion du procès du lanceur d’alerte Hervé Falciani. Bilan : neuf chaises.

-  Le 10 octobre, c’est Attac qui frappe la BNP de l’avenue Victor Hugo dans le 16e arrondissement de Paris et embarque une seule chaise.

-  Le 1er octobre, 12 chaises sont réquisitionnées dans une agence BNP de Paris. Reporterre y était.

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