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Quotidien

Le papier toilette contient des polluants éternels toxiques

Réduire l'utilisation des PFAS dans le papier toilette est un enjeu sanitaire.

On trouve des PFAS dans les poêles antiadhésives, dans les emballages alimentaires et dans... le papier toilette. L’Europe veut interdire ces « polluants éternels » ultratoxiques pour notre santé.

Il y a des « polluants éternels » dans notre papier-toilette. Selon une étude de la société américaine de chimie publiée dans le journal Environmental Science & Technology Letters, nous nous essuyons les fesses avec des feuilles remplies de substances per et polyfluoroalkylées, autrement appelées les PFAS. Leur présence dans le revêtement antiadhésif de nos poêles a été popularisée par le film à succès Dark Waters. Résistant à l’eau, aux graisses, les PFAS permettent d’imperméabiliser des vêtements, type Gore-Tex, et sont présents dans les emballages alimentaires ou dans les retardateurs de flammes ajoutés aux canapés ou fauteuils.

Les chercheurs américains ont analysé des rouleaux de papier toilette vendus en Amérique du Nord, du Sud et centrale, en Afrique et en Europe de l’Ouest. Ils ont également collecté des échantillons de boues d’épuration dans des usines de traitement en Floride, aux États-Unis, et analysé la littérature concernant les boues des autres pays. Les eaux usées sont en effet une sentinelle de la santé des populations. Elles sont notamment utilisées pour surveiller la propagation du Covid.

Les chercheurs ont analysé 34 PFAS — les PFAS sont une large famille de plus de 4 000 composés chimiques : 6 ont été détectés dans les échantillons. Le plus important est le 6:2 diPAP. En France, on en trouve 1,7 nanogramme par gramme de boue d’épuration. Sachant qu’on utilise environ 10 kilogrammes de papier toilette par personne et par an, les chercheurs ont constaté que 89 % du 6:2 diPAP présent dans les boues d’épuration provenaient du papier toilette. C’est le chiffre le plus élevé de l’étude. Aux États-Unis par exemple, seulement 3,7 % du 6:2 diPAP trouvé dans les boues d’épuration provient du papier toilette. Le reste vient des cosmétiques, des textiles et des emballages alimentaires.

Les PFAS se retrouvent dans le papier toilette car ces derniers sont parfois ajoutés par les fabricants lors de la conversion du bois en pâte ou sont déjà présents dans le papier recyclé et transformé en rouleaux. Opter pour du papier-toilette recyclé n’est donc pas une solution.

Pour les chercheurs, réduire l’utilisation des PFAS dans le papier toilette est un enjeu crucial car les boues d’épuration, une fois traitées, sont régulièrement utilisées pour l’irrigation. C’est également une question de santé publique : les PFAS seraient responsables de problèmes cardiovasculaires, d’une augmentation du taux de cholestérol, de la perturbation de la fertilité et d’une diminution de la réponse immunitaire aux vaccins.

Près de 17 000 sites sont contaminés

Du papier toilette à notre nourriture ou à notre eau potable, les PFAS sont aujourd’hui absolument partout. Selon Générations futures, les eaux de surface françaises sont contaminées dans des proportions largement sous-estimées. Le journal Le Monde, avec dix-sept autres médias européens, a cartographié pour la première fois la dissémination massive des polluants PFAS en Europe. Près de 17 000 sites sont contaminés « à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics ».

Début février, l’Agence européenne des produits chimiques a publié une proposition visant à interdire ces composés chimiques ultratoxiques. La France soutient ce projet d’interdiction, qui pourrait être effectif en 2025.

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