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ReportageClimat

Le procès BlackRock reporté, mais la police verbalise les soutiens des militants

Le procès des deux activistes ayant occupé le siège de BlackRock en février devait se tenir mercredi 4 novembre. Il a été renvoyé au mois de juillet 2021 en raison du contexte sanitaire. Les forces de l’ordre étaient présentes en nombre important : les prévenus ont dénoncé la surveillance et la criminalisation du mouvement écologique et social.

  • Paris, reportage

« Nous ne sommes pas face à la justice, nous sommes face à l’injustice ! » Sur le parvis du tribunal de Paris, Amil, 33 ans, a laissé éclater sa colère. L’activiste était convoqué par la justice, ce mercredi 4 novembre, pour assister à son procès. Il est poursuivi — tout comme Michael, 43 ans — pour avoir participé le 10 février dernier à une action de Youth for Climate dans les locaux de BlackRock, à Paris.

Une centaine de militants environnementaux avait occupé et tagué les bureaux de cette multinationale, la plus importante gestionnaire d’actifs au monde. Leur but était de « mettre en lumière » ses investissements dirigés vers des entreprises capitalistes et très polluantes. « L’idée était de réveiller les gens par rapport à cette cible qui n’est quasiment pas connue, expliquait Amil à Reporterre au mois de juin. Plein de gens, après cette action, ont commencé à se renseigner sur les activités de BlackRock. »

Michael est accusé d’avoir filmé des dégradations au sein du siège de BlackRock, tandis qu’Amil est poursuivi pour complicité de dégradation et refus de prélèvement d’empreintes génétiques. Ils encourent respectivement deux ans de prison ferme et 20.000 euros d’amende, et cinq ans de prison ferme et 75.000 euros d’amende [1].

Une centaine de militants environnementaux avait occupé et tagué les bureaux de cette multinationale.

Refus de faire venir un témoin expert des investissements de BlackRock

En raison du contexte sanitaire et de l’absence d’une pièce dans le dossier, le procès d’Amil et Michael a été renvoyé au 7 juillet 2021. Les deux prévenus sont en colère car le président du tribunal a précisé qu’il refusait la venue d’un témoin expert lors de cette audience.

Amil et Michael souhaitaient inviter Kenneth Haar, un chercheur néerlandais de l’ONG Corporate Europe Observatory, qui suit et analyse la gestion des audits européens, afin de mieux expliquer au tribunal pourquoi ils avaient ciblé le siège de BlackRock. Le président du tribunal a estimé que sa présence n’était pas nécessaire pour prendre une décision, et qu’une déclaration écrite suffirait. « Nous allons contester ce rejet », a d’ores et déjà prévenu l’un des avocats d’Amil, Me Alexis Baudelin.

Les militants entourés par les policiers à la sortie du tribunal, puis verbalisés

Ce qui a surtout révolté les prévenus, c’est le comportement des forces de l’ordre. Les policiers étaient présents en nombre, à l’intérieur du Palais de justice comme à l’extérieur, pour surveiller les prévenus et leurs amis venus les soutenir. Les forces de l’ordre ont même attendu le petit groupe de militants à la sortie du tribunal... pour soudainement les entourer, contrôler leur identité et les verbaliser.

Mercredi 4 novembre, Amil, Michael et leurs amis ont été attendus à la sortie du tribunal de Paris par les forces de l’ordre, qui les ont entourés, contrôlés et verbalisés.

« Ils m’ont dit que je n’avais pas à être là, que ce n’était pas une nécessité, s’est indignée une amie de Michael. C’est [pourtant] une nécessité de venir soutenir mon ami, il a besoin de soutien psychologique. » « Si la justice fonctionne normalement, les gens ont le droit d’assister à des audiences, c’est le principe de la justice publique, a rappelé Me Alexis Baudelin. Les forces de l’ordre n’ont pas à exercer une telle pression à l’extérieur, c’est inacceptable. »

« Pour moi, ça va dans le sens de la criminalisation de tout le monde social et écologique », a estimé Eric Coquerel, député La France insoumise de la Seine-Saint-Denis, qui s’était déplacé pour assister au procès. Il a appelé à venir soutenir Amil et Michael lors de leur audience, le 7 juillet 2021.

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