Les SUV électriques menacent la transition énergétique

Un SUV électrique nécessite cinq fois plus de métaux rares qu'une citadine. - Flickr / CC BY 2.0 Deed / Rutger van der Maar
Un SUV électrique nécessite cinq fois plus de métaux rares qu'une citadine. - Flickr / CC BY 2.0 Deed / Rutger van der Maar
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Construire des voitures trop grosses et trop lourdes, comme les SUV, entraîne une surconsommation de métaux critiques et fait planer à court terme la menace de pénuries. C’est le message d’alerte lancé par un rapport du WWF France, publié jeudi 9 novembre.
La construction de voitures électriques consomme 2,2 fois plus de métaux critiques qu’une voiture thermique. Principalement utilisés pour les batteries, ces matériaux (nickel, cuivre, cobalt, lithium, entre autres) ne sont pas rares dans l’absolu dans la croûte terrestre. Ce sont les difficultés liées à leur extraction ou leur transport qui les rendent « critiques », au sens où une demande trop forte pourrait créer une situation de pénurie, délétère pour la fabrication de batteries comme pour d’autres éléments de la transition énergétique (panneaux solaires, éoliennes, électrolyseurs, réseau électrique, stockage stationnaire, etc.).

Or, un gros SUV doté d’une batterie de 100 kilowattheures (kWh), comme la Tesla X, l’Audi Q8 e-tron ou la future Peugeot e-3008, illustre le rapport, consomme « trois fois plus de cuivre et d’aluminium et cinq fois plus de lithium, de nickel, de cobalt, de manganèse et de graphite qu’une petite citadine avec une batterie de 20 kWh, de type Renault Twingo ZE ». Avec les métaux critiques d’un gros SUV, on pourrait fabriquer les batteries pour « cinq petites citadines électriques, seize mini-voitures ou 250 vélos à assistance électrique ».
« Dé-SUViser » la voiture électrique
Comme ailleurs dans le monde, les ventes de SUV électriques explosent en France : de 6 % des voitures électriques neuves en 2017, leur proportion est passée à 30 % en 2022. Dans un scénario de « laisser-faire », il faudra en 2035 huit fois plus de batteries qu’aujourd’hui pour répondre à la demande française. « Si le monde entier achetait autant de SUV électriques que les Français, l’industrie minière et métallurgique ne produirait pas assez de métaux critiques à la fin de la décennie », estime le WWF.
L’ONG appelle donc à développer les moyens de déplacement alternatifs, le covoiturage et la sobriété dans les déplacements, mais aussi à « dé-SUViser » la voiture électrique. Pour cela, le rapport recommande d’instaurer un « malus poids » visant spécifiquement ces véhicules, d’exclure du bonus électrique les véhicules de plus de 1,6 tonne (sauf pour les familles nombreuses), et d’exiger des constructeurs automobiles la publication annuelle du poids moyen des véhicules fabriqués, assortie d’une pénalité de cinq euros par kilogramme excédant 1,6 tonne pour chaque voiture vendue.
Dans un tel « scénario sobriété », la demande en batteries pourrait être diminuée jusqu’à 40 % par rapport au pire scénario, celui du « laisser-faire », estime le rapport.