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Climat

Les cyclistes d’Alternatiba s’élancent pour un tour de France alternatif

Ce samedi 9 juin débute le tour Alternatiba. Pendant quatre mois, des cyclistes vont parcourir 5.800 km pour relier 200 étapes. Au programme : des conférences sur le dérèglement climatique, des villages des alternatives et des formations à l’action non violente.

Ce samedi 9 juin, les rues de Paris auront un air de déjà-vu. Des cyclistes en T-shirt vert, montés sur des vélos à trois ou quatre selles — des triplettes ou des quadruplettes — et un défilé festif au cri de « changeons le système, pas le climat ! ». Ça ne vous rappelle rien ? Trois ans après la COP21, la capitale revêt à nouveau les couleurs d’Alternatiba, pour le coup d’envoi d’un tour de France de quatre mois, à la force des mollets.

« 2018 est une année particulière, explique Jon Palais, membre d’Alternatiba. Début octobre, la remise du rapport du Groupe d’experts sur le climat (Giec) va mettre en lumière la part de méprise autour de l’accord de Paris. » Malgré l’objectif de 1,5 °C maintes fois martelé, la somme des engagements volontaires des États nous conduit actuellement à un réchauffement de 3,5 °C voire plus. « C’est l’année où il faut remettre en cause les engagements des États, qui à ce stade, vu leur faiblesse, sont criminels. » C’est pourquoi le mouvement climatique doit « passer à la vitesse supérieure », selon Pauline Boyer : « Nous devons être la contrainte pour les gouvernements que l’accord de Paris ne contient pas, souligne la militante, membre de l’équipe d’animation. Il nous reste une poignée d’années pour inverser la donne et couper les émissions de gaz à effet de serre : le sursaut citoyen est indispensable. »

Pendant le « tour de chauffe » de l’édition 2018.

C’est le sens de l’appel lancé par le mouvement climatique et signé par plus de 70 organisations :

Le dérèglement climatique, qui est déjà une tragédie pour des millions de personnes principalement dans les pays du Sud, est ainsi en passe de s’aggraver au point de menacer les conditions de vie civilisée à l’échelle planétaire, et même les conditions de survie de l’Humanité. L’aggravation est si rapide qu’elle concerne désormais non seulement les générations futures, mais aussi les enfants qui naissent aujourd’hui même. Que pouvons-nous faire ? […] [Nous voulons] diffuser partout un message porteur d’espoir : oui, les alternatives existent, nous pouvons vivre autrement, nous pouvons vivre mieux, et nous pouvons empêcher l’aggravation du dérèglement climatique !

Et ainsi naquit le Tour. Pour « relier des territoires regorgeant d’initiatives et d’acteurs qui font avancer concrètement la transition écologique et sociale », indique la plaquette de présentation. « Il s’agit de mailler le territoire plus finement, explique Jon Palais. C’est en allant à la rencontre des gens que l’on crée des groupes locaux, des dynamiques militantes. Le Tour est un outil de mobilisation à la base. » En 2015, quelques mois avant la COP21, la première édition du Tour Alternatiba avait permis d’essaimer les alternatives dans les villages et de mobiliser des centaines de personnes en vue du sommet de décembre.

« La désobéissance civile non violente n’a d’impact que si elle est massive » 

Cette année, les cyclistes parcourront 5.800 km pour relier 200 étapes prévues dans cinq pays européens. Des grandes agglomérations, comme Grenoble, Lyon, Marseille, Genève, mais aussi des plus petites villes, telles Rochefort, Redon, Cluny. « Nous voulons aller partout, même dans des territoires ruraux que l’on dit souvent peu militants, insiste Jon Palais. Il n’y a pas un territoire sans personne indignée, sans alternative. »

Pour impulser ce « changement d’échelle » dans les mobilisations, Alternatiba mise sur un triptyque : chaque jour, une conférence sera donnée sur le dérèglement climatique et les solutions qui existent pour y faire face. Les étapes seront également l’occasion d’organiser des formations à l’action non violente, et de porter les initiatives locales, à travers notamment une quinzaine de nouveaux villages des alternatives.

Le Tour 2018 se terminera à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques.

« Ce sera aussi l’occasion de populariser la campagne Alternatives territoriales, précise Rebecca Wangler, qui coordonne ce projet. L’idée, c’est que des groupes locaux se constituent pour définir un projet de territoire, puis le porter auprès des collectivités, notamment pour les Plans climat air énergie transport et les futures élections municipales. »

Côté non-violence, les organisateurs ont vu les choses en grand — 104 formations prévues —, car il s’agit de « systématiser » : « La désobéissance civile non violente n’a d’impact que si elle est massive, explique Jon Palais. Or, beaucoup de personnes hésitent à franchir le pas, souvent par méconnaissance de ce que cela signifie concrètement. » Les deux tiers des inscrits ont ainsi précisé qu’ils n’avaient aucune expérience dans ce type de mobilisation. À chaque étape, en plus des 3 h de formation, une action sera proposée aux participants et de futurs formateurs seront également entrainés. En s’arrêtant à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure, les militants marqueront aussi le soutien du mouvement climatique aux zads et aux luttes contre les projets climaticides.

Une action non violente lors du sommet des pétroliers à Pau, en avril 2016.

Le 6 octobre prochain, les cyclistes boucleront leur tour à Bayonne, berceau d’Alternatiba, où se tiendra un grand village. « Ce sera le point d’orgue, quelques jours avant la remise du rapport du Giec », prévoit Pauline Boyer. Et après ? Les objectifs du tour — impulser des dynamiques territoriales, former des militants à la non-violence et favoriser l’engagement de nouvelles personnes dans le mouvement climatique — s’inscrivent dans le long terme, promet l’animatrice, qui espère « une montée en compétence et une montée en puissance ». D’après elle, le tour de chauffe est d’ores et déjà réussi : « Depuis 9 mois que se prépare cet événement, plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées. Des acteurs locaux se sont rencontrés et ont constitué quelque 200 groupes pour accueillir les étapes. La magie du Tour opère déjà. »


LE PROGRAMME PARISIEN DU SAMEDIJUIN

  • 13h30 : marche pour le climat, de la place de la République à celle de Stalingrad. Arrivée en fanfare et lancement des festivités de la journée place Stalingrad. Prises de parole et intermèdes musicaux - concert de Kalune.
  • 16h30 : l’heure du Grand Départ du Tour Alternatiba ! Vélorution en musique pour le départ des cyclistes !
  • À partir de 17h : place à la fête
    • Concerts : NACH — Ours — WHY MUD
    • Carte blanche aux Youtubeur.euse.s engagé.e.s : Partagez c’est Sympa, Osons Causer, Et tout le monde s’en fout, Usul, Professeur Feuillage
    • DJ set : Anemophonics
  • Buvette & restauration sur la place Stalingrad à partir de 13h.

Et retrouvez l’ensemble des étapes ici.

Carte du tour Alternatiba 2018

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