Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Économie

Les « faucheurs de chaises » veulent aider l’Etat à lutter contre l’évasion fiscale

Les chaises volées à la HSBC et à la BNP Paribas afin de dénoncer l’évasion fiscale ont été déposées dans un centre des finances publiques à Paris mardi matin.


En plein rebondissement dans l’affaire Kerviel, les fameuses « chaises volées » aux banques continuent leur chemin. Après avoir été la possession de dangereux passeurs comme Edgar Morin ou Txetx Etcheverry, deux d’entre elles ont atterri mardi matin 19 mai dans un centre de finances publiques parisien.

En février, le collectif Bizi avait publiquement envahi l’agence de Bayonne de la banque HSBC afin de lui subtiliser huit chaises. Idée : "récupérer" une partie de l’argent volé par cette banque aux citoyens français par la fraude fiscale. Quelques jours plus tard, ATTAC menait une action similaire, dans une agence de la BNP Paribas (voir le reportage-vidéo réalisé par Altermondes).

« La BNP Paribas possède 171 filiales dans des paradis fiscaux, dont 6 aux îles Caïmans », dit Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac à Reporterre, dénonçant « l’organisation industrielle de l’évasion fiscale par les banques françaises ».

Il faisait partie de la trentaine de militants d’Attac et des collectifs Bizi et Sauvons les Riches qui ont symboliquement remis deux chaises, hier matin, aux services des finances publiques, devant le centre de la place Saint-Sulpice. « C’est une avance de ce que les banques doivent à l’Etat, expliquait Thomas Coutrot dans son discours de passation. Nous espérons qu’avec ces chaises, vous bénéficierez d’une meilleure assise pour lutter contre l’évasion et la fraude fiscale. ».

L’action manifestait le soutien de la société civile à l’administration fiscale « qui ne peut plus faire correctement son boulot », nous dit l’un de ceux qui se surnomment désormais « les faucheurs de chaises ». « De 60 à 80 milliards d’euros de manque-à-gagner, c’est ce que représente l’évasion fiscale en France. Soit l’équivalent du déficit public français », rappelle Frédéric Barrois, du syndicat Solidaires-Finances publiques.

Ce chiffre a été établi par un rapport parlementaire publié en 2013 et entériné par le ministre du budget de l’époque, Bernard Cazeneuve. Un chiffre à mettre en regard de la vague de suppression d’emplois que connaissent par ailleurs ces services de l’Etat : « 30 000 emplois ont disparu dans nos services depuis 2002. C’est plus de 20 % des emplois de l’administration fiscale », souligne Gérard Jouve, également membre de Solidaires-Finances publiques.

L’argent ainsi volé à l’Etat pourrait avoir d’autres fonctions : « Non seulement, il permettrait d’arrêter de justifier ces politiques d’austérité, mais il permettrait enfin de financer une véritable politique de transition énergétique », estime Gérard Jouve.

En attendant, une question reste en suspens : la police poursuivra-t-elle l’Etat pour la possession de ces chaises volées ? « L’une des chaises vient de la BNP Paribas et l’autre, de la HSBC, observe une organisatrice de l’action. Or si la première n’a pas engagé de poursuite, la dernière a porté plainte et certains ont été entendus pour ‘’vol aggravé’’. Officiellement, le centre de finances publiques est donc receleur de la HSBC. »

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende