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En brefClimat

Les géants de la viande et des produits laitiers sont de très gros pollueurs

Élevage de porcs.

Les entreprises des secteurs de la viande et des produits laitiers contribuent fortement aux émissions de gaz à effet de serre en Europe. Les trente-cinq plus grosses entreprises agro-alimentaires européennes dans ces domaines sont responsables de l’équivalent de 7 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union.

Le calcul a été effectué par l’ONG Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP), et présenté dans un rapport intitulé « Comment les grandes entreprises européennes du secteur de la viande et des produits laitiers réchauffent la planète », publié lundi 13 décembre.

Les émissions des vingt plus grosses entreprises ont été examinées plus en détail. Elles représentent :

  • 131 % des émissions de gaz à effet de serre des Pays-Bas, sixième économie européenne ;
  • 492 % soit presque cinq fois les émissions du Danemark ;
  • 60 % des émissions de Total ;
  • presque autant que les émissions d’Eni, compagnie pétrolière italienne.

Par ailleurs, les émissions de la majorité de ces entreprises ont augmenté entre 2016 et 2018, la période étudiée. Depuis 2005, les exportations de porc, de volaille et de produits laitiers de l’Union européenne ont également fortement augmenté, relève le rapport.

L’ONG dénonce les aides allouées à l’agrobusiness via la PAC

Le manque de transparence sur le sujet est aussi patent. Seules quatre entreprises (Arla, Danone, FrieslandCampina et Nestlé) « déclarent les émissions totales de leur chaîne d’approvisionnement. Et seules trois d’entre elles (Nestlé, FrieslandCampina et ABP) ont annoncé leur intention de réduire les émissions totales, dites absolues, de leur chaîne d’approvisionnement ».

Par ailleurs, « aucune des entreprises analysées n’a exprimé son intention de réduire le nombre de têtes de bétail dans sa chaîne d’approvisionnement, d’où proviennent 90 % des émissions du secteur de la viande et des produits laitiers », regrette IATP.

Ainsi, le rapport épingle notamment :

  • Le transformateur de viande bovine irlandais ABP : malgré un engagement à réduire ses émissions, il les a augmentées de 45 % entre 2016 et 2018 ;
  • le géant allemand de la transformation de la viande Tönnies, qui a augmenté ses émissions de 30 % au cours de la même période ;
  • la société danoise Danish Crown, un des plus grands transformateurs de viande de porc au monde, a elle augmenté ses émissions de 2 % dans le même temps, malgré un engagement à atteindre zéro émissions en 2050.

D’autres, comme le groupe Bigard (français) et Coren (entreprise espagnole), ne donnent pas le nombre d’animaux abattus chaque année. Ils rendent ainsi quasi impossible le calcul de leurs conséquences sur le climat.

Lire aussi : Comment la PAC engraisse milliardaires et agroindustriels

IATP dénonce donc les aides attribuées par l’UE à ce secteur très polluant de l’agrobusiness, notamment via les subventions de la politique agricole commune (PAC), et demande une réglementation forte pour les pousser à diminuer leurs effets sur le climat.

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