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Pollutions

Black Friday : les chiffres d’un désastre écologique

La période entourant Black Friday entraîne un pic de consommation au coût écologique colossal. État des lieux chiffré d’un vendredi noir pour la planète.

Black Friday, Cyber Monday, ou encore leurs déclinaisons Black Friday week-end et Cyber week… Ces évènements promotionnels devenus incontournables avant Noël sont sources de pollutions multiples : les livraisons de colis s’emballent, les emballages s’amoncellent et la surconsommation exige une surproduction néfaste de biens...

255 euros de dépenses en moyenne par personne

Rien qu’aux États-Unis, le chiffre d’affaires du commerce de détail durant la période des fêtes devrait être compris entre 1 450 et 1 457 milliards de dollars (entre 1 397 et 1 416 milliards d’euros), selon les estimations du cabinet Deloitte [1] pour 2022, en hausse par rapport à 2021. En France, le panier moyen pour les deux journées promotionnelles (Black Friday et Cyber Monday) est estimé à 255 euros, 15 % de moins qu’en 2021.

Lire aussi : Black Friday : « Nos vêtements sont toxiques »

66 % des Français se tourneront vers l’électroménager ou l’électronique

Désireux de saisir « l’occasion à ne pas manquer », les Français sont bons clients : selon un sondage mené cette année par Harris Interactive, la quasi-totalité des Français connaissent le Black Friday et plus de la moitié d’entre eux (55 %) ont l’intention de faire des achats en ligne ou en boutique à cette occasion. 71 % d’entre eux déclarent porter un regard positif sur l’événement, alors que les biens achetés en ligne sont majoritairement issus des secteurs de la mode ou du high-tech, qui comptent parmi les productions les plus polluantes.

© Anna Sardin / Reporterre

76 % des Français achètent en ligne

Le e-commerce, dont la montée en puissance a encore été renforcée par la période de restrictions due au Covid-19, a vu son chiffre d’affaires annuel multiplié par dix entre 2006 et 2020. Il représente aujourd’hui 14 % du commerce de détail en France. S’il n’est pas facile d’évaluer les effets écologiques précis des achats du Black Friday, Vincent Drezet, porte-parole d’Attac, constate que « les particularités du commerce en ligne le rendent particulièrement nocif pour la planète : les commandes numériques requièrent par exemple des data centers, qui représentent aujourd’hui 3 à 4 % de l’empreinte carbone mondiale, et devraient être responsables de 7 % de l’empreinte carbone française d’ici 2040. » Aujourd’hui, 76 % des Français achètent en ligne.

© Anna Sardin / Reporterre

2,5 millions de colis livrés chaque jour dans Paris

En période de Black Friday, le nombre de colis livré chaque jour dans la capitale est quasiment multiplié par dix (et atteindrait 2,5 millions de livraisons) par rapport à la moyenne du reste de l’année — autour de 200 000. Un des nombreux effets secondaires du e-commerce, comme le constate Vincent Drezet : « Le transport jusqu’au dernier kilomètre, c’est-à-dire la livraison à domicile, génère d’importantes rejets de CO2 : l’Ademe montre que 25 % des émissions en ville sont dues au transport de marchandises. » Les colis, suremballés et renvoyés à l’expéditeur en très grand nombre pour des retours, génèrent un trafic et des déchets superflus. Autant de sources de gaspillage auxquelles se surajoutent les conséquences environnementales liées à la fabrication des biens vendus.

« La surconsommation trouve son paroxysme au moment du Black Friday, mais c’est l’ensemble de la chaîne de production et de consommation de biens et de services qui est à remettre en cause », appuie Vincent Drezet. De nombreuses associations environnementales appellent au boycott du Black Friday depuis plusieurs années en raison de ses effets écologiques et sociaux désastreux. L’ONG Oxfam lui préfère le Green Friday, un « événement citoyen anti-Black Friday » qui regroupe 560 enseignes « réunies par l’envie de sensibiliser à la nécessité de “consommer mieux, consommer moins” » qui ne proposerons pas de réductions le vendredi 25 novembre. Plusieurs évènements alternatifs sont ainsi organisés en France et en Belgique pour proposer réutilisation, réparation et recyclage pour promouvoir la consommation responsable face aux abus consuméristes.


NAISSANCE DU BLACK FRIDAY : LES ANNÉES 1960

Si la tradition remonte bien plus loin, c’est dans les années 1960 que le terme Black Friday apparaît aux Etats-Unis pour désigner la journée qui suit Thanksgiving, une institution pour de nombreux États-uniens qui en profitent pour faire des achats en prévision de Noël. L’expression fait référence aux embouteillages causés par l’affluence et aux foules qui noircissent les rues commerçantes.

Le concept est importé en France et en Europe au début des années 2010, notamment via le développement du e-commerce et de la plateforme de ventes en ligne Amazon. Le Cyber Monday, ou « lundi numérique », n’a pas tardé à traverser l’Atlantique à sa suite.

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