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Quotidien

Même bio, nos huiles d’olive contiennent des plastifiants

Sur 24 huiles d'olive analysées par le magazine, 23 contiennent entre 1 et 3 trois plastifiants.

Conventionnelles comme bio, les huiles d’olive contiennent des plastifiants, révèle « 60 millions de consommateurs ». Des additifs par exemple utilisés dans la conception de rideaux de douche.

Des plastifiants dans les huiles d’olive. Voilà ce qu’a découvert le magazine 60 millions de consommateurs en menant une analyse de vingt-quatre références d’huiles d’olive vierge extra, vendues en France, conventionnelles comme bio. Dans une étude publiée le 25 mai, la revue révèle que sur cet échantillon, vingt-trois bouteilles contiennent entre un et trois plastifiants — des additifs utilisés pour rendre certaines matières plus souples, flexibles ou résistantes.

Tout d’abord, des résidus de di-isononyl-phtalate (DINP) ont été retrouvés dans cette analyse. D’après la Commission européenne, le DINP était principalement employé dans les années 1990 comme plastifiant dans les PVC. Aujourd’hui, « il est communément utilisé dans les produits de tous les jours, des revêtements de sol aux semelles de chaussures ».

Plus problématique, l’étude montre également la présence de diéthylhexyl phtalate (DEHP). Il s’agit d’une substance considérée comme cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction (substance dite CMR). Pire, des traces de dibutyl phtalate (DBP) ont également été révélées : en plus d’être classé CMR, ce plastifiant est « suspecté d’être persistant et bioaccumulatif », indique 60 millions de consommateurs.

Sur les 24 bouteilles étudiées, 23 sont donc concernées par des résidus de plastifiants. Quatre d’entre elles contiennent les deux phtalates les plus problématiques (DEHP et DBP) : les huiles d’olive de Naturalia, La Vie claire, Cauvin bio et Terra Delyssa. Alors que pour les pesticides, le label bio est une garantie, pour les plastifiants, « aucune huile n’est (...) à l’abri de ce type de contamination, bio ou conventionnelle », fait remarquer le magazine.

Des traces d’hydrocarbures d’huiles minérales

Comment ces phtalates, généralement utilisés dans la conception de rideaux de douche, de tuyaux d’arrosage ou de récipients, sont-ils arrivés dans ces bouteilles d’huiles d’olive ? Impossible de l’établir avec certitude, mais 60 millions de consommateurs évoque les cuves, bâches ou tuyaux utilisés lors du stockage ou du transport des huiles. Les matériaux contenant des phtalates sont pourtant interdits dans la chaîne de production et de stockage des corps gras — comme l’huile d’olive...

Certaines références d’huiles analysées contiennent également des traces d’hydrocarbures d’huiles minérales. Celles-ci sont réparties en deux catégories : les MOSH (hydrocarbures saturés d’huiles minérales) et les MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales). Ces dernières sont « les plus redoutables à cause de leurs propriétés carcinogènes et génotoxiques », indique le magazine. Or les deux catégories d’hydrocarbures sont présentes dans cinq références d’huiles — notamment Simplement bon et bio (Aldi), Bio village (E.Leclerc), Carapelli bio, où les quantités de MOAH approchent du seuil européen de limite considérée comme acceptable (2 mg/kg).

« Les olives peuvent être contaminées pendant la récolte via les moteurs diesel et les lubrifiants des machines agricoles, durant le stockage avec les bâches ou pendant la trituration des olives, sans compter la pollution environnementale », avance Franck Dejean, responsable du département Analyse & Expertise de l’lnstitut des corps gras et produits apparentés, auprès de 60 millions de consommateurs.

Le magazine estime que cette étude est la preuve qu’une partie des fabricants « ne peut pas assurer la qualité vierge extra de leurs huiles de bout en bout ». Et ce, alors que le consommateur paye de plus en plus cher sa bouteille.

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