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Moules trop petites : les jeter sur la plage devient interdit

Un éleveur de moules étalant les moules sous taille, dans la baie du Mont-Saint-Michel, en septembre 2022.

Dans la baie du Mont-Saint-Michel (Manche), les petites moules jetées sur les plages — un « fléau », comme l’a récemment raconté Reporterre — ne sont plus les bienvenues. L’arrêté préfectoral qui autorisait l’épandage des moules « non commercialisables », car trop petites, a été suspendu par le tribunal administratif de Rennes pour la saison 2022-2023. Autrement dit : les mytiliculteurs (éleveurs de moules) n’ont plus le droit d’épandre les moules de moins de 4 centimètres le long du littoral.

La raison ? Selon France 3 Bretagne, le tribunal administratif de Rennes juge qu’il s’agit d’un « détournement de procédure » dans la mesure où l’État avait en réalité « entendu favoriser les intérêts commerciaux des conchyliculteurs ». Pour ces derniers, l’épandage des moules sous taille constituait jusqu’à présent une solution à moindre coût. Mais cette pratique commençait à inquiéter les associations environnementales à l’initiative du recours contre l’arrêté préfectoral.

L’Association pays d’émeraude mer environnement (Apeme) et la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) ont effectivement alerté à plusieurs reprises sur le manque de données relatives à l’impact écologique de ces épandages. Dans un article du Pays malouin, une scientifique de l’institut Ifremer [1] suggérait même la présence de gaz toxique, comme l’hydrogène sulfuré, que l’on retrouve aussi lors de la décomposition des algues vertes. En outre, aucune enquête publique n’a été réalisée pour autoriser ces dépôts.

Pour toutes ces raisons, les mytiliculteurs devront désormais trouver d’autres solutions pour se débarrasser de ces moules trop petites pour être vendues. Pour le moment, les solutions envisagées sont l’enfouissement ou l’incinération des moules, ce qui pourrait représenter un coût de 600 000 euros et dégager 4 200 tonnes de CO2, selon les propos recueillis par nos confrères de France 3 Bretagne. Cependant, la juge a estimé que ce bilan économique et climatique n’était pas nécessairement plus élevé que la pratique actuelle d’épandage, qui suppose notamment l’utilisation de gros tracteurs.

Pour l’instant, l’épandage des moules sous taille est donc interdit, et le littoral pourra respirer, jusqu’au réexamen du dossier dans un an.

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