Nuit debout bousculée par la violence

Durée de lecture : 6 minutes
Nuit deboutDe nouveaux affrontements se sont produits dans la nuit de vendredi à samedi entre « casseurs » et policiers. Une répétition des incidents de la veille, à la suite de l’intervention télévisée de François Hollande. Nuit debout rappelle sa volonté d’« occuper pacifiquement les places ».
- Actualisation - samedi 16 avril - De nouveaux affrontements se sont produits dans la nuit. Selon l’AFP relayée par Libération, et qui reprend le communiqué de la Préfecture de police, vingt-deux personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi en marge de la Nuit debout après des violences contre les forces de l’ordre et des dégradations commises dans le nord-est de Paris.
Ces incidents se sont produits tard, après que la soirée se soit déroulée dans une très bonne ambiance, comme a pu le constater Reporterre, qui était présent sur la place de la République jusque vers 1 heure du matin. Il y avait au moins trois mille personnes. La cantine était en place, Radio Debout et TV Debout ont fonctionné normalement jusqu’à minuit, l’AG s’est poursuivie de manière animée et calme jusque vers 22 h, moment auquel le film Nous sommes vivants a été projeté. Vers 1 heure du matin, il y avait encore plusieurs centaines de personnes sur la place.
Ensuite selon la Préfecture, « une centaine d’individus déterminés » ont rassemblé vers 1h30 poubelles et autres panneaux de chantiers, puis ont brûlé des palettes et des détritus, avant de jeter « à de nombreuses reprises » des projectiles sur les forces de l’ordre.
- Télécharger le communiqué :
Celles-ci ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène puis ont repoussé hors de la place de la République « le groupe de casseurs », qui s’est dispersé dans le secteur des Buttes-Chaumont, dans le nord-est de la capitale.
Le Préfet de police conclut son communiqué en appelant les organisateurs de la Nuit debout à « faire respecter les horaires et les modalités des déclarations de rassemblement déposées en préfecture ».
Cependant, interrogé par Reporterre, un membre du Pôle presse de Nuit debout indique samedi matin que les choses ne se sont pas exactement passées comme le raconte la préfecture. Un communique de presse devrait être publié samedi. Notre interlocuteur souligne aussi que l’appel à l’origine de la Nuit debout était explicitement pacifique : « Notre mobilisation vise d’abord à rassembler et à libérer une parole citoyenne inaudible dans les cadres étriqués de la représentation politique traditionnelle, écrit le texte. Pour passer du clavier au pavé, nous avons décidé d’occuper pacifiquement des places publiques. La #NuitDebout est née d’un pari fou auquel le nombre a donné raison. Nourris des expériences citoyennes des indignés, d’occupy et des printemps arabes, nous construisons une dynamique horizontale, non-violente et créative. »
Yanis Varoufakis à la Nuit debout
L’AG de Nuit debout démarrera samedi place de la République à 14 h.
Par ailleurs que Yanis Varoufakis, ex-ministre grec des finances opposé au plan de rigueur de l’Union européenne, devrait intervenir vers 19 h durant l’AG.
- Actualisation - Vendredi 15 avril - Vendredi à 18h, les participants à Nuit debout se sont à nouveau installés place de la République, sans incident. La cantine, la radio, la bibliothèque, ainsi que toutes les commissions se sont tenues. Une foule importante a assisté à l’Assemblée générale. Des concerts sont prévus plus tard dans la soirée. Les forces de l’ordre ont patrouillé toute la journée sur la place, mais elles restent peu nombreuses.
Au même moment, des Nuit debout se tiennent en banlieues, à Mante-la-Jolie, Créteil, Cergy, Evry, Les Lilas, Le Blanc-Mesnil. Il y a aussi des rassemblements dans de nombreuses villes, comme à Caen, à Bayonne ou à Lyon.
L’intervention télévisée de François Hollande jeudi soir 14 avril n’a pas plu à quelques centaines de personnes qui l’ont entendue place de la République.
Selon l’AFP reprise par BFM, qui présente une video sur ce qui s’est déroulé, ces personnes sont parties de la place en direction de l’Elysée. Mais un cordon de police a dévié de leur itinéraire les manifestants, qui se sont dirigés vers le nord de la capitale.Toujours selon l’AFP, des jeunes, cagoulés pour certains, ont brisé sur leur passage, dans les 10e et 19e arrondissements, des vitrines, des abribus ou encore des véhicules Autolib. "Tout le monde déteste la police !", "la rue elle est à nous !", criaient des manifestants, défiant les CRS. Certains ont jeté des pavés, d’autres récupéré dans les poubelles des bouteilles en verre et autres projectiles.
Peu avant 23 heures, ils étaient vers la mairie du 19e, où la police leur intimait l’ordre de se disperser. Les manifestants sont partis par petits groupes et le calme est revenu, tandis que des renforts policiers étaient déployés en nombre.
Ont notamment été dégradés, selon un communiqué de la préfecture de police, des "vitrines de commerce" et du "mobilier urbain". Mais aussi "une antenne de Pôle Emploi, un magasin Franprix et des Autolib", ciblés par "ces individus violents, déterminés à commettre des exactions".
"La préfecture de police constate une nouvelle fois que les rassemblements de Nuit Debout, sur la place de la République, offrent à des individus violents et déterminés l’occasion de commettre des délits envers les personnes et les biens, en s’introduisant au sein de cortèges importants et non déclarés de manifestants", poursuit la préfecture, qui tente d’instrumentaliser les violences contre le mouvement Nuit debout, essentiellement pacifique.
- Télécharger le commmuniqué de la préfecture :
- Voici par ailleurs le récit du 14 avril, écrit par des participants qui signent « Des amoureuses et amoureux du désordre » : « Récit du 14 avril : à trop contenir la rage, elle finit par éclater bien comme il faut »
Pendant que ces événements se déroulaient vendredi soir, a observé Reporterre sur le lieu peu avant minuit, l’ambiance restait calme sur la place de la République, où des participants à la Nuit debout continuaient à discuter. L’Assemblée générale se poursuivait avec une centaine de personnes. Fanfares et percussions emplissaient l’air nocturne. Ambiance festive, l’heure était à la merguez.

Vendredi matin, la place était paisible, sans important dispositif policier visible, et sans blocage. Des groupes de deux ou trois CRS ou gendarmes parcouraient l’espace public, dont l’accès restait libre.

Et vendredi soir, Nuit debout a continué sur la place, en pleine forme.
Pour suivre le mouvement Nuit debout :