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Nuit debout toujours bien vivant... sur les réseaux sociaux

Pour Nuit debout, qui pratique le partage, l’horizontalité et la transparence, les réseaux sociaux sont un outil de premier ordre. Même si elle ne se substitue pas au mouvement citoyen, la plateforme sociale permet une participation de chacun au mouvement, y compris à l’étranger.

Les interrogations sur l’évolution du mouvement Nuit debout perdurent, mais ce qui est sûr, c’est que la mobilisation continue d’être active sur les réseaux sociaux, notamment au travers du hashtag Nuit debout (#Nuitdebout). Pour la manifestation contre la loi travail du 14 juin 2016, images, textes, vidéos ont afflué en direct sur le réseau. Les témoignages et publications y sont répertoriés et classés grâce aux mots-clé. On enregistre alors pour cette journée plus de 19.078 tweets mentionnant #NuitDebout.

Twitter est un outil de communication largement utilisé par le mouvement pour informer ses « followers » des actions et des réactions en lien avec la mobilisation. Selon Guillaume Sylvestre, consultant en veille informatique, 2 millions de hashtag Nuit debout ont été générés du 28 mars au 30 mai 2016. Un nombre plus important que celui concernant la loi travail (#loitravail, 1,5 million de tweets sur la même période). « Twitter permet de partager facilement un message, le hashtag devient une marque. Il améliore le référencement et l’accès à l’information. Les utilisateurs ont simplement à noter un mot-clé pour accéder à l’ensemble des tweets sur un sujet », admet Guillaume. Auparavant classé comme un « réseau social », Twitter appartient désormais à la catégorie des applications d’actualités, au même titre que les médias traditionnels. Les mouvements sociaux comme Nuit debout se saisissent du potentiel de ce réseau, devenu support d’expression ou source d’information pour les journalistes et les hommes politiques. Les fils d’actualité sont complétés en permanence, mettant à disposition des internautes une information en direct et sans intermédiaire.

« Pouvoir mobilisateur » 

Nuit debout est un mouvement horizontal par essence, l’utilisation de Twitter permet aux militants « d’écrire leur propre histoire ». « Au début, le hashtag a été créé pour s’assurer que la manifestation serait relayée proprement et pas seulement par BFM-TV. Il s’agissait surtout d’avoir notre propre narration », explique Baki Yousoufou, propriétaire du nom de domaine nuitdebout.fr : cette appropriation lui est d’ailleurs vivement reproché. Le 1 avril 2016, le premier article sur le rassemblement publié par le journal Le Monde est l’illustration de la source d’information que représente Twitter. Il est composé d’une juxtaposition de tweets, récupérés via le hashtag Nuit debout, qui aide à retracer le déroulement de la première journée de mobilisation et sa prolongation place de la République. Selon Baki Youssoufou, l’intérêt de cet outil est son « pouvoir mobilisateur ». « Nous avons pu toucher des personnes qui ne se seraient jamais engagées dans une mobilisation. Selon moi, les mouvements d’entre soi n’ont jamais fonctionné. Nuit debout se veut ouvert, l’on doit faire avec des personnes plus ou moins politisées, plus ou moins de gauche et plus ou moins écolos, mais chacun apporte à sa manière ses capacités pour enrichir le mouvement. » La plateforme devient l’outil symbolique d’un rassemblement qui souhaite diffuser son message au-delà de la place de la République.

Selyne, participante, contactée par Reporterre via un message sur la page facebook de Nuit debout Paris, explique que l’utilisation de Twitter correspond à un objectif de transparence adopté durant les assemblées générales des premiers jours. « On ne souhaite pas se déplacer sur les plateaux de télévision. Si les médias veulent de l’information, c’est à eux de se rendre directement sur les lieux. On ne veut pas être dépendant d’un manque d’intérêt médiatique, c’est pourquoi Twitter correspond aux valeurs du mouvement : horizontalité, transparence et partage. »

Contrairement à Notre-Dame-des-Landes, ou à la loi travail, l’analyse des tweets de Nuit debout démontre que son utilisation se fait majoritairement par des internautes qui soutiennent la mobilisation. Sur l’ensemble des données (du 28 mars au 31 mai), on estime à seulement 16 % les tweets publiés ou « retweetés » par des opposants au mouvement — des personnalités ouvertement de droite ou Front national.

Les données récoltées démontrent également l’utilisation du mot-clé par des « soutiens internationaux », à hauteur de 15,5 % selon cette même période. Une commission internationale a également été constituée à Paris, symbolisée par la création du #GlobalDebout (100.000 tweets du 28 mars au 30 mai 2016). « Des étrangers vivant à Paris ont également apporté leur expérience au développement du réseau, ce qui nous a permis d’être relayés à l’étranger, notamment en Espagne, où le réseau Twitter est plus utilisé qu’en France », admet Selyne.

Le hashtag est « une marque de fabrique » 

À Toulouse, les activistes occupent toujours la place du Capitole du centre-ville. Pierre, modérateur sur Twitter pour le mouvement toulousain, pense que le hashtag est « une marque de fabrique ». Entre cinq et six personnes « tweetent » régulièrement sur leur compte, selon un système d’organisation qui se veut lui aussi équitable. « Nous avons rapidement mis au point une organisation par le biais d’une plateforme, un tweet est soumis à une validation par trois personnes avant toute publication. Cela évite qu’une seule personne ne contrôle la page. Tout le monde est libre de proposer une information à relayer. Nous avons également décidé de diffuser seulement des éléments sur lesquels nous sommes actifs et de préférence à Toulouse et dans ses environs », explique Pierre. 
 

Les dix hashtag les plus cités avec celui de Nuit debout


Il serait inexact de prétendre que Nuit debout existe uniquement grâce à Twitter. Cet outil est complémentaire et non-exclusif, il ne remplace pas le contact direct entre les personnes présentes sur les différentes places. Des relations auxquelles les organisateurs accordent toujours une grande importance. « Le #NuitDebout permet des appropriations multiples. Des personnes engagées, présentes ou non sur la place, ne s’insurgent pas forcément pour une seule cause. Le hashtag symbolise la liberté de se réapproprier la lutte, c’est ce qui fait la richesse du mouvement », s’enthousiasme Selyne. 


Pour suivre le mouvement Nuit debout :

-  Nuit Debout sur Internet : les liens, les adresses

-  Le dossier de Reporterre sur Nuit debout

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