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ÉditoAutoroutes

Péages au paradis


Des vacances ? Elles comporteront probablement un passage sur autoroute. L’occasion de se remémorer la privatisation de 2005, quand le gouvernement Villepin a vendu pour un prix minime des autoroutes qui rapportaient 1 milliard d’euros par an à l’Etat. Cette dilapidation est d’autant plus critiquable que l’on promeut depuis une relance autoroutière qui n’a pas d’intérêt public évident.

Un exemple en est l’A 65, entre Pau (Pyrénées-Atlantiques) et Langon (Landes), qui a déchiré le milieu naturel et entraîné un nouvel appauvrissement de la biodiversité. Pour rien : en mai, la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso) a mesuré le trafic journalier : 4 000 véhicules par jour, deux fois moins que ce qui était prévu. L’entreprise concédante, Alienor (du groupe Eiffage), n’en souffrira pas : par contrat, les collectivités locales prendront en charge les déficits futurs.

Mais rien n’y fait, la privatisation continue : le 24 juin, la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a décidé de mettre en concession autoroutière un projet d’élargissement à deux fois deux voies de la route nationale entre Mâcon (Saône-et-Loire) et Montmarault (Allier). De quoi s’agit-il ? Cette route à deux voies supporte un très fort trafic, et il s’y produit de nombreux accidents mortels. L’élargissement est nécessaire. Mais il coûte cher et l’Etat ne peut payer. Un débat public s’est déroulé à ce propos entre novembre 2010 et février. Très suivi localement, il a permis de faire émerger une solution, portée par le député Gérard Voisin (UMP) et le député (PS) et président du conseil général de Sâone-et-Loire Arnaud Montebourg : financer les travaux par l’écotaxe sur les poids lourds, qui va être mise en place d’ici à 2013.

Mais elle a été écartée par la ministre, ce qui suscite la colère des habitants : concession autoroutière signifie péage, alors qu’il n’y a pas d’itinéraire alternatif. Ce serait la première fois qu’une route nationale est, en France, confiée au secteur privé.

Il y a de quoi s’indigner. Car les profits des péages peuvent s’échapper vers les paradis fiscaux : la Société d’autoroutes de Paris-Rhin-Rhône (APRR), qui pourrait recevoir la concession de la nationale, est contrôlée par la société Eiffarie, elle-même possédée à 50 % par Eiffage et à 50 % par quatre fonds australiens appelés Macquarie, dont trois sont localisés aux Bermudes et à Guernesey (p. 7 du document).

Que faire ? Renationaliser ce patrimoine public, comme le propose M. Montebourg, afin que l’argent des péages finance l’entretien des routes et les moyens de transport alternatifs à la voiture.


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