Pêche : le gouvernement échoue à protéger les dauphins

Le projet d’arrêté du gouvernement prévoit une multitude de dérogations. - Pxhere/CC0
Le projet d’arrêté du gouvernement prévoit une multitude de dérogations. - Pxhere/CC0
Alerte enfumage ! Face aux hécatombes de dauphins, régulièrement pris et tués dans les filets de pêche, le gouvernement a mis en consultation un projet d’arrêté « établissant des mesures spatio-temporelles visant la réduction des captures accidentelles de petits cétacés ». Las, pour les associations écolos, il s’agit ni plus ni moins d’une « mascarade », selon les propos d’Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Petit retour en arrière. Le 20 mars dernier, le Conseil d’État a ordonné au gouvernement de prendre des mesures dans un délai de six mois pour protéger les petits cétacés — dauphins communs et marsouins — dans le golfe de Gascogne. Plusieurs scientifiques recommandaient notamment des fermetures temporaires de certaines zones de pêche, afin d’éviter une extinction possible des populations de dauphins.
Entre décembre et février 2022, 370 dauphins ont été retrouvés échoués sur les plages de la côte Atlantique. 80 % d’entre eux portaient des marques indiquant qu’ils avaient été pris dans des filets de pêche.
Le projet d’arrêté soumis à consultation du public prévoit une multitude de dérogations, ont dénoncé les ONG : « Dans les faits, la quasi-totalité des navires concernés pourra donc continuer à pêcher tout l’hiver », a constaté la LPO dans un communiqué.
En 2024, ne seront pas concernées par l’interdiction de pêche : la senne — une méthode de pêche consistant à encercler les poissons avec un filet —, les bateaux de moins de 8 mètres, qui représentent pourtant 3 900 navires sur la façade atlantique, les navires équipés de dispositifs de dissuasion acoustique ou de caméras embarquées… Cerise sur le gâteau, l’interdiction ne s’étendra que sur un mois, au lieu des six recommandés.
« Devant le risque d’extinction probable du dauphin commun et du marsouin, c’est une action choquante de la part du gouvernement et en particulier d’Emmanuel Macron, d’Hervé Berville, secrétaire d’État à la mer, qui se font les fossoyeurs actifs de la biodiversité marine en toute connaissance de cause », ont dénoncé les ONG France Nature Environnement (FNE), Sea Shepherd et Défense des milieux aquatiques (DMA).