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Pollutions

Polluants éternels : « Des données potentiellement explosives » bloquées par Matignon

Pour le député écologiste Nicolas Thierry, « si ce rapport est remonté dans les plus hautes sphères de l’État, c’est qu’il contient des données potentiellement explosives ».

Une étude sur les PFAS, des polluants persistants dans les sols et l’eau, est retenue à Matignon depuis octobre 2022, dénonce le député écologiste Nicolas Thierry.

Quelle est l’ampleur de la présence des PFAS, ces polluants persistants, dans l’environnement, les sols et les eaux souterraines ? La réponse est dans l’étude commandée en février 2022 par Barbara Pompili sur ces substances per- et polyfluoroalkylées, et qui devait être rendue en octobre 2022. Mais alors que le document est finalisé, il est retenu à Matignon, dénonce Nicolas Thierry, député écologiste.

Le 5 avril, ce dernier auditionnait à l’Assemblée nationale plusieurs acteurs sur les PFAS au cours d’une table ronde. À la question de savoir quand ce rapport serait accessible, Philippe Bodénez, chef du service des risques sanitaires du ministère de la Transition écologique, a répondu : « De ce que je sais, il doit y avoir “un clic” qui soit fait au niveau de Matignon pour valider la transmission du rapport en question. »

« Si ce rapport est remonté dans les plus hautes sphères de l’État, c’est qu’il contient des données potentiellement explosives », présume Nicolas Thierry. Lors de cette réunion, Pierre Labadie, directeur de recherche au CNRS et à l’université de Bordeaux, également auditionné, a précisé que des données relatives à la contamination par les PFAS étaient disponibles depuis plus de dix ans. « Il est vrai que ce décalage [entre l’acquisition des connaissances scientifiques et la prise de décisions] questionne beaucoup les scientifiques », a-t-il précisé.

Nicolas Thierry — qui avait déjà interpellé, le 21 mars dernier, par courrier Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique — n’est pas le seul à réclamer la publication de cette étude. En février, l’association Robin des bois faisait déjà une demande au ministère, en vain. « Nous regrettons que ce rapport d’intérêt général soit pour l’instant resté confidentiel et n’ait pas été publié avant le plan d’actions ministériel sur les PFAS », notait l’association.

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